Jean-Paul Bacquet, président d’Ubifrance, l’Agence française pour le développement international des entreprises à l’extérieur, répond à nos questions sur la croissance et les opportunités du marché africain, ainsi que la présence des entreprises françaises en Afrique.
Les Afriques : Comment voyez-vous le potentiel de croissance du marché africain ces dernières années ?
Jean-Paul Bacquet : Je vois le marché africain d’une façon très positive. L’Afrique est le continent émergent de demain. Il y a un grand nombre de pays dont le taux de croissance est supérieur à 4%, parfois jusqu’à 8%. Il y a donc des opportunités absolument exceptionnelles.
LA : Qu’est-ce qui a changé en termes d’opportunités en Afrique ?
J.P.B. : L’Afrique a pris confiance en elle. Elle a une évolution qui va de plus en plus vers la démocratie. Il y a aujourd’hui des initiatives entrepreneuriales extrêmement intéressantes par des jeunes cadres africains qui souvent ont été formés en France ou en Angleterre et parfois aux États-Unis et qui reviennent au pays pour développer des initiatives extrêmes porteuses. Un exemple simple. L’évolution du réseau de téléphonie mobile en Afrique est exponentielle, extraordinaire. Et à l’origine, elle a été lancée par des Africains extrêmement dynamiques.
LA : Que font les entreprises et les patrons français pour surfer sur cette vague de croissance que connaît l’Afrique ?
J.P.B. : Les patrons français prennent conscience de ce qu’est l’Afrique. Pendant trop longtemps, la France est restée repliée sur elle-même et sur l’Europe. Plus de 60% de l’export français se fait en Europe. Il y a eu ensuite ce qu’on appelle les Brics. Certains sont allés, d’autres sont revenus. D’autres se sont cassé les dents, etc. Et puis on s’est rendu compte qu’on a un marché de proximité qui est l’Afrique, et sur lequel il faut aller. La France s’était retirée un peu trop de l’Afrique. Mais aujourd’hui, chacun a conscience qu’il faut reprendre des places fortes en Afrique. L’Afrique est le continent émergent de demain.
LA : La France est très présente sur le plan militaire et dans les actions humanitaires, mais un peu moins dans l’économie africaine. N’y a-t-il pas lieu de rééquilibrer ses positions en Afrique par une présence économique plus forte ?
J.P.B. :Vous l’avez bien dit, la France est présente militairement dans des pays comme la Centrafrique ou le Mali, où elle a eu un soutien unanime de la communauté internationale. La France a agi seule sans ce pays sans le soutien financier ou militaire des autres grandes puissances. Mais la France ne doit pas être seulement un partenaire militaire. Elle se doit aussi d’être un partenaire culturel et économique fort. Car nous voyons ces dernières années l’Asie «pointer son nez» en Afrique et quelquefois avec des méthodes qui ne sont pas tolérables.
LA : Justement, la présence asiatique et notamment chinoise, estelle une menace sérieuse pour les entreprises françaises sur le marché africain ?
J.P.B. : Il y a deux types de concurrence. La concurrence qui se fait sur des marchés, des appels d’offres, dans quel cas il faut se poser des questions lorsqu’on perd sur des appels d’offres. S’interroger sur la compétitivité et la compétence. Et puis, il y a ce qu’on pourrait qualifier de pillage. C’est-à-dire négocier un marché dont les contreparties étant les pillages des ressources naturelles de l’Afrique. Ce sont des méthodes qui doivent disparaitre.
LA : Comment équilibrer les échanges et favoriser le partenariat gagnant-gagnant ?
J.P.B. : Je pense que ça ne se fera pas d’un coup de baguette magique. Je crois aujourd’hui qu’il y a en Afrique l’émergence d’une société civile, d’une classe moyenne et puis d’une prise de conscience africaine de la richesse que représente ce continent et de la nécessité qu’il puisse jouer un rôle important sur la scène internationale, qu’il soit respecté et donc qu’il ne soit plus pillé.
LA : Pouvez-vous nous dire quelques mots sur le risque du marché africain. Comment l’Afrique est-elle perçue par les investisseurs ?
J.P.B. : Il y a des outils de garantie pour éviter le risque, comme Coface. Ce qui compte avant tout, c’est la stabilité. Au Maroc par exemple, il y a une stabilité économique et politique. À partir de ce moment-là, vous avez immédiatement une garantie financière derrière, une structuration financière crédible. Et dans ces conditions, il n’y a plus de risque.
11 Commentaires
Air France
En Août, 2014 (19:19 PM)Bof
En Août, 2014 (19:26 PM)Diaw
En Août, 2014 (19:27 PM)Inquiétant
En Août, 2014 (19:30 PM)Quel Bande De Complexé
En Août, 2014 (20:49 PM)censuré mon postit ne pourra pas sortir ces pays africains vivant en l an 1600 du retard et impasse qu ils traverse
Gauloist
En Août, 2014 (20:53 PM)Mossanne
En Août, 2014 (21:23 PM)Sssrsrree
En Août, 2014 (03:08 AM)C'est Moi
En Août, 2014 (11:44 AM)Croiyez moi les Français qui vous dites que l'Afrique n'avance pas sont les premiers à s'instaler en Afrique dans des villas avec piscine ect... et nous les Africains vivants en Europe resterons comme des ignares dans nos HLM ou nos pavillons qu'on achete à crédit sans fin (taxe d'habitation, impôt locaux,) tous ça après avoir payer la totalité du bien. A la fin, seuls les maisons de retraites et la solitude nous attendent, sans compter le suicide...
Aujourd'hui il est grand temps pour tous les Africains de comprendre que nous vivons entre l'Europe et l'Afrique une GUERRE D'INVESTISSEMENT ECONOMIQUE...qui passe aussi par la communication et l'image...
Le Futur N'arrivera Jamais
En Août, 2014 (12:44 PM)Atypico
En Août, 2014 (14:18 PM)Participer à la Discussion