L'armée congolaise préparait mercredi une importante offensive dans la province du Nord-Kivu de la République démocratique du Congo (RDCongo) contre les rebelles du M23 retranchés sur les hauteurs près de la frontière ougandaise, alors qu'à Kampala les deux camps travaillent toujours à un accord de paix.En déroute depuis samedi, au lendemain de la reprise des affrontements après presque deux mois de trêve, la rébellion a affirmé par la voix d'un de ses représentants à Kampala qu'elle espérait obtenir un accord de paix avec le gouvernement de Kinshasa dans les quarante-huit heures.
"Pour l'instant, il y a des chars de combat qui font mouvement vers Rutshuru" à partir de la base de Rumangabo, reprise lundi à la rébellion, a déclaré le porte-parole des Forces armées de la RDC (FARDC) pour le Nord-Kivu, Olivier Hamuli. Libérée dimanche, avec le soutien de l'ONU, Rutshuru se trouve à 80 km au nord de Goma, la capitale de cette province de l'Est de la RDC riche en ressources minières et naturelles. Rumangabo est à mi-chemin entre ces deux villes. C'est de Rutshuru "que nous allons établir l'attaque sur Chanzu", à une vingtaine de kilomètres au sud-est, a ajouté le porte-parole militaire.
Les rebelles du Mouvement du 23 Mars (M23) avaient été vus mardi en train de se déployer à environ 2.000 mètres d'altitude sur les collines verdoyantes de Chanzu, Mbuzi et Runyoni, d'où avait commencé leur aventure en mai 2012. En attendant l'assaut, "les FARDC affinent toujours leur dispositif", a déclaré un officier de la Mission de l'ONU pour la stabilisation de la RDC (Monusco), qui fournit aux troupes gouvernementales un soutien en matière de renseignement, d'observation et de planification. Selon un commandant des FARDC, "beaucoup" de chars de combat venus du nord étaient déjà rassemblés mardi soir aux abords de Rutshuru.
Le M23 est né en avril 2012 d'une mutinerie d'anciens rebelles, essentiellement tutsi, intégrés dans l'armée en 2009 après un accord de paix. L'ONU et Kinshasa accusent régulièrement l'Ouganda et le Rwanda de le soutenir, ce que réfutent Kigali et Kampala. Les combats avaient repris quatre jours après la suspension des pourparlers entre Kinshasa et les rebelles dans la capitale ougandaise, mais les deux parties y maintiennent chacune un petite délégation. "Nous sommes au niveau de Kampala pour mettre la dernière touche au projet de l'accord qui est proposé par la [médiation ougandaise]. Je crois que [...] demain ou après-demain, il y aura la signature de cet accord", a déclaré Roger Lumbala, chef adjoint de la délégation du M23.
"Ce n'est pas parce qu'il y a des affrontements que les gens ne peuvent pas continuer à discuter", a-t-il ajouté, soulignant que "l'objectif majeur est de pouvoir signer l'accord [...] pour mettre fin aux hostilités". Côté gouvernemental, on s'est montré bien plus réservé. "Si [...] ce que nous avons mis sur la table est accepté par le M23, avec ou sans pression, je pense que les choses vont aller de l'avant", a dit François Muamba, l'un des négociateurs de Kinshasa. "Mais on ne peut pas s'attendre à ce que la République démocratique du Congo soit restée à Kampala pour faire des concessions", a-t-il insisté. Dans un communiqué publié mardi, le mouvement de jeunes Lutte pour le Changement (Lucha), qui revendique 800 membres, a notamment souligné que "les groupes armés ne sont pas et ne peuvent pas être des +centres de recrutement+ pour des forces de sécurité".
Une façon de dire son opposition à l'intégration de rebelles du M23 dans l'armée comme le prévoient les discussions de Kampala. Mercredi matin, Lucha a organisé à Goma une petite manifestation "pour féliciter les FARDC et la FIB (brigade d'intervention de la Monusco) et les encourager à neutraliser tous les groupes armés". Parmi les slogans: "Allez-y les FARDC", "On veut la paix" ou "Mettez fin à Kampala maintenant".
1 Commentaires
Verite001
En Octobre, 2013 (17:01 PM)Participer à la Discussion