La candidature de l’ancien capitaine des Eléphants, très populaire dans le pays, a été rejetée par la Fédération de Côte d’Ivoire.
Luttes intestines, coups de théâtre et retournements de situation : le processus de nomination du prochain président de la Fédération ivoirienne de football (FIF) semble presque aussi mouvementé que la campagne qui s’ouvre pour l’élection, le 31 octobre, du président de la République de Côte d’Ivoire. Au cœur de cet imbroglio : Didier Drogba, ancien capitaine des Eléphants et l’une des personnalités les plus populaires du pays.
Au mois de mai, l’ex-attaquant avait annoncé son intention de succéder à Augustin Sidy Diallo, l’actuel président de la FIF. Sa candidature avait été validée une première fois le 9 août. Mais tout s’est grippé. Constatant un vice de procédure, la FIF a suspendu fin août la commission électorale puis rejeté la candidature de Didier Drogba dont les parrainages, a-t-elle estimé, n’étaient pas recevables.
Depuis, la Fédération internationale de football (FIFA), saisie par l’ancien buteur de Marseille et Chelsea, a décidé de nommer une commission conjointe avec la Confédération africaine de football (CAF) et l’Union des fédérations ouest-africaines (UFOA), qui sera chargée de procéder à plusieurs auditions.
Une candidature qui ne laisse personne indifférent
Comment en est-on arrivé à cette situation ? Selon les statuts de la fédération ivoirienne, chaque candidat doit être parrainé par les représentants de groupements d’intérêt. Outre Didier Drogba, trois autres candidats étaient en lice : Sory Diabaté, vice-président de la FIF et président de la Ligue, soutenu par les anciens joueurs, les médecins et les arbitres ; Idriss Diallo, un homme d’affaires, ancien vice-président de la fédération et parrainé par l’Association des footballeurs ivoiriens (AFI) et les entraîneurs ; et Paul Koffi Kouadio, président du centre de formation Aeternum Football Académie.
Une attitude jugée distante, voire hautaine
Didier Drogba, lâché par l’Association des footballeurs ivoiriens, dont il est pourtant l’un des vice-présidents, attend désormais les conclusions de la mission FIFA-CAF. Selon Paul Koffi Kouadio, dont la candidature a également été rejetée, « il semble évident que le système des parrainages, tel qu’il existe, est fait pour favoriser certaines candidatures. Didier Drogba est très populaire, il est le favori d’une grande majorité des Ivoiriens qui veut le voir présider la fédération. Ce qui explique pourquoi cette élection déchaîne autant de passions ».
Ce dernier regrette une situation susceptible de renforcer la crise que traverse déjà le football ivoirien, avec un championnat local ayant perdu de son attractivité et des clubs qui souffrent financièrement.
Dans le camp de l’ancien capitaine des Eléphants, on affirme que tous les moyens sont mis en œuvre pour barrer la route de l’un des meilleurs joueurs africains de l’histoire. « La popularité de Drogba, son aura, sa volonté de moderniser le football ne plaît pas à tout le monde. Et beaucoup estiment qu’il y a des manœuvres pour l’empêcher d’être élu. Tout le monde sait ici que Diabaté est soutenu par Augustin Diallo. Et que si Diabaté est élu, il mènera la même politique », résume un dirigeant de club.
L’attitude parfois distante, voire hautaine, de Didier Drogba a visiblement joué, au moins partiellement, en sa défaveur, au moment de la chasse aux parrainages. L’ancien Marseillais, dont les apparitions médiatiques ont toujours été très rares, même quand il était joueur, a braqué certains acteurs du football ivoirien. « Il a commis des erreurs dans sa façon de fonctionner, c’est vrai. Mais ce qui est regrettable, c’est que le foot ivoirien soit à l’arrêt et donne une mauvaise image », précise le dirigeant.
Didier Drogba pourra-t-il, en fonction des auditions menées par la FIFA et la CAF, défendre sa candidature ? Ou sera-t-il courtisé par les candidats en lice au cas où il ne puisse pas se présenter ? C’est la question qui agite désormais le Tout-Abidjan.
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