La libération de cette vingtaine de pro-Gbagbo intervient dans un contexte pré-électoral, les populations se préparant à prendre part à l’élection législative programmée pour le 11 décembre.Le Front populaire ivoirien (FPI, parti politique de Laurent Gbagbo) a officiellement suspendu sa participation au scrutin, pour poser des conditions préalables s’articulant autour de la libération des cadres du parti détenus.Pour plusieurs militants de cette formation politique, ce parti ne saurait se présenter au scrutin législatif sans ses leaders et sans ses cadres.
Quoiqu’une vingtaine de cadres du Congrès national de la résistance et de la démocratie (CNRD, coalition pro-Gbagbo) aient ignoré cette décision en déposant leur candidature aux législatives, les proches de l’ancien président ont maintenu la pression.
BATAILLE POLITICO JURIDIQUE ?
Des observateurs de la vie politique ont ainsi lié la libération des détenus pro-Gbagbo à cette pression, faisant état d’un compromis politique pour instaurer l’apaisement.
De l’avis de ceux-ci, la bataille juridique engagée par les avocats des pro-Gbagbo est soutenue par un combat politique mené par les actuels leaders proches du président déchu. « Plusieurs personnalités ont répété ici que pour un Parlement représentatif, il faut la présence de l’opposition, à savoir notamment le FPI. Les deux parties ont compris cela et ont donc trouvé un compromis pour garantir un paysage politique diversifié », a soutenu Alban Roger Kossa, leader d’une organisation de jeunesse sous-régionale.
Pour le président intérimaire du Mouvement ivoirien des droits humains (MIDH) Yacouba Doumbia, tout porte aussi à croire qu’il s’agit d’une décision judiciaire à relents politiques.
« Le contexte laisse croire qu’il s’agit de marchandages politiques qui ont abouti à la libération de ces détenus », a énoncé M. Doumbia dans un entretien avec des journalistes, recommandant que la justice demeure indépendante.
« La coïncidence est trop juste. Je pense que le Pouvoir a fait cela pour jouer la carte de l’apaisement prisonnier en accédant à une des exigences du FPI », a également renchéri la présidente du mouvement femme, action, solidarité (FAS), Joséphine Sigui.
De l’avis du président de la Ligue ivoirienne des droits de l’homme (LIDHO), Henri Okou Legré, l’acte posé n’a aucun rapport avec des considérations politiques.
« La procédure judiciaire est en train de suive son cours normal. Ces personnes étaient sous le coup de la présomption d’innocence. Si elles ont été libérées, c’est qu’aucune charge ne pesait sur elles », a relevé M. Legré.
« On ne peut pas faire de lien avec les législatives parce que les listes de candidature sont déjà closes. A moins qu’on proroge le délai », a-t-il ajouté.
Le porte-parole du FPI, Laurent Akoun, s’est dit également convaincu qu’il s’agit d’une décision judiciaire, et non politique.
« Les avocats nous ont dit qu’ils ont obtenu pour leurs clients une liberté provisoire. Il n’y a aucun rapport avec les négociations », a-t-il estimé.
Pour certains observateurs, le champ politique et le champ judiciaire doivent être séparés, les dirigeants actuels du pays voulant donner à la justice toute sa dimension.
« Le président Ouattara a promis de ne pas interférer dans les décisions de justice. Il tient à l’indépendance de l’appareil judiciaire et travaille dans ce sens », avait déclaré à la presse le ministre ivoirien de la Justice à l’occasion d’un séminaire qui a réuni à Yamoussoukro les opérateurs économiques et les magistrats ivoiriens.
UNE COINCIDENCE QUI SUSCITE DES DEBATS
Pendant que la « coïncidence » relative à la libération des 20 détenus continue d’alimenter les débats et les interprétations, les avocats des cadres pro-Gbagbo poursuivent la bataille juridique dans l’espoir d’obtenir d’autres libérations.
« Nous avions déposé 67 requêtes. Nous attendons que la Chambre d’accusation qui se réunit une fois par semaine nous convoque la semaine prochaine pour statuer sur les autres dossiers qui restent « , avait énoncé mercredi le porte-parole du collectif des avocats des détenus, Hervé Gouaméné.
Laurent Gbagbo, son épouse et plusieurs dizaines de personnalités proches de l’ancien régime sont détenus dans diverses prisons du pays pour des crimes économiques, des crimes de sang et atteinte à la sûreté de l’Etat après la violente crise post-électorale déclenchée en novembre.
3 Commentaires
Realisme!
En Novembre, 2011 (12:07 PM)On voit maintenant que les bombes de Licorne ne peuvent rien y changer!
Deug
En Novembre, 2011 (12:36 PM)la vérité demeure que Gbagbo est l'homme politique le plus populaire en CI , quelque soit les chiffres (même falsifiés). il est plus populaire que Ouattra , Ne parlons même pas de bédié ni soro.
Une Ivoirienne
En Novembre, 2011 (10:20 AM)Participer à la Discussion