Tout s’accélère dans le Nord du Mali. Samedi matin, la ville de Gao(1 200 km de Bamako) est tombée dans les mains des rebelles touaregs appuyés par AQMI . Mais plus à l’ouest, la grande ville de Tombouctou (900 km de la capitale) est aussi sur le point de tomber.
Vendredi, les forces régulières de Nyafunke ont abandonné leur
camp pour se replier vers Tombouctou, située à une centaine de
kilomètres. Ce mouvement précipité a comme un avant-goût de défaite, car
Nyafunke est un camp important. Dans la foulée, de nouvelles négociations (celles des semaines passées avaient échoué) ont eu lieu entre des dignitaires de cette ville et des responsables du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA).
Les grands commerçants des groupes dits “arabes”, très influents dans Tombouctou, veulent obtenir des garanties pour leurs propriétés si la ville venait à être prise par les rebelles. En substance : pas de pillages. En échange, Tombouctou serait “ville ouverte”. Ces négociations, qui ont duré jusqu’à quatre du matin, ont à nouveau échoué. La ville va donc être attaquée. Quel sera le niveau de résistance ? Les rebelles ont-ils les moyens de l’emporter ?
Un habitant de la ville, joint au téléphone dans son jardin tout proche du camp militaire donne la réponse : “tout ce qui porte uniforme est en train de quitter la ville, de même que les familles. Tout le monde essaye de fuir en direction de Douentza”. Cette dernière localité se trouve sur la route qui mène vers Mopti, puis Ségou, et enfin Bamako. “D’un moment à l’autre les rebelles vont entrer dans la ville”, conclut l’habitant interrogé.
L’offensive rebelle est foudroyante. Hier, les forces combinées d’Ansar Dine, le mouvement d’Iyad Ag Ghali alliées au MNLA prenaient Kidal, ce qui représente une grosse prise et un choc psychologique important pour la junte au pouvoir à Bamako comme pour le pays tout entier.
A présent, les rebelles semblent progresser en profitant de l’état de désorganisation de l’armée encore accentuée par le coup d’état. Des officiers supérieurs ont été mis à l’écart lors du putsch, parfois arrêtés. D’autres, à qui il arrivait d’avoir trempé dans des projets concurrents de renversement du régime, hésitent à associer leur nom au groupe de jeunes officiers subalternes qui a réussi à s’emparer du pouvoir le 22 mars.
Dans ce contexte, la rébellion bénéficie d’un terrain favorable. La classe politique, à Bamako, tente à présent de réaliser une “union sacrée”, pro et anti-putsch de toutes tendances confondues, pour essayer de prendre part à un sursaut national. Mais personne n’est en mesure de dire à présent jusqu’où iront les rebelles, même s’ils n’avaient jusqu’ici jamais parlé d’opérer au-delà de leur “région”, l’Azawad, au Nord du Mali.
Est-ce qu’à la faveur du désordre, leurs plans auraient changé ? A Bamako, les
putschistes espèrent tirer parti de cette situation pour convaincre
l’organisation des Etats de la région, la Cédéao, de suspendre leur ultimatum exigeant de rétablir la constitution et un pouvoir civil d’ici lundi, faute de quoi le pays serait victime de sévères sanctions de ses voisins qui l’enfermeraient pratiquement dans ses frontières.
La junte du capitaine Sanogo peut espérer gagner du temps sur le terrain diplomatique, trois de ses envoyés se trouvent du reste à Ouagadougou (au Burkina Faso, dont le président est désigné comme médiateur par la Cédéao) pour tenter de négocier un répit sur le terrain des éventuelles sanctions. Mais ce n’est pas ce qui, à ce stade, sauvera une armée en plein naufrage sur le terrain du nord, même si à Bamako, des responsables politiques feignent de croire qu’il suffirait que la Cédéao oublie ses sanctions, laisse les capitaines au pouvoir, et donne du matériel aux forces régulières pour permettre de renverser la vapeur militaire face aux rebelles. En réalité, la situation est bel et bien d’une extrême gravité, l’armée donne l’impression de s’effondrer, et seules des pressions internationales sur certains acteurs peuvent éventuellement bloquer l’effet boule de neige de l’avance rebelle.
11 Commentaires
Tef
En Avril, 2012 (10:25 AM)Kaddu Magg
En Avril, 2012 (10:36 AM).saer
En Avril, 2012 (10:39 AM)Shame On Us
En Avril, 2012 (11:32 AM)Pendant ce temps, c' est sabar et compagnie. Honte d'être africain
F22-raptor
En Avril, 2012 (12:58 PM)Nos Chefs d'Etat sont trop laxistes et plus ils attendent, plus la situation va se détériorer.
A ce rythme où vont les choses, Tombouctou risque de tomber d'ici mercredi et les rebelles du MNLA ne s'arrêteront pas dans zone de l'Azawad, puisque leur alliés salafistes veulent faire du Mali un Etat "islamiste" et appliquer la Charia.
Le Banlieusard
En Avril, 2012 (12:59 PM)Tt
En Avril, 2012 (16:04 PM)Fitaw_makonen
En Avril, 2012 (18:01 PM)- Une rébellion Targui qui semble bénie. Carrément soutenue par l’Aqmi et les salafistes du coin après avoir bénéficié de l’armement le plus sophistiqué du défunt régime libyen et du savoir-faire de ses officiers.
- La France de Sarko (et sa coalition) dont la désinvolture dans la gestion du conflit Libyen a permis à ses ennemis dans cette région de s’armer aussi lourdement pour déstabiliser une zone traditionnellement amie.
- Une coalition occidentale en Libye qui ne peut pas ne pas avoir prévu ces conséquences désastreuses de la chute brutale de Kadhafi sur cette zone composée de foyers de tension tels que le Tchad, le Soudan, le Niger, le Nigeria, l'Algérie, la Mauritanie et même le Sénégal avec la rébellion casamançaise. Il est évident qu’une bombe est en passe d’y éclater qui va mettre le feu à toute l’Afrique occidentale.
- Des militaires qui prennent le pouvoir parce qu’ils veulent en découdre avec un ennemi que rien ne semble pouvoir arrêter et qui sont là à parlementer avec la CDEAO et les politiques.
- Une CDEAO qui au lieu de leur prêter main forte aux forces armées du Mali menace purement et simplement d’affamer le peuple malien ! Ubuesque ! Qui veut la partition du Mali? En tout cas tout le monde semble se résigner à l’existence d’une « touaregistan » ! Tous sauf les gens comme Fitaw Makonen!
Lalo
En Avril, 2012 (18:45 PM)on ne peut pas demander à la France d'intervenir et à la fois critiquer ses actions en Afrique et rabâcher sans cesse et certainement pour des décennies encore la même musique sur le colonialisme de soixante ans du passé avec des relents racistes de surcroit.
Avec une vraie armée le problème peut être réglé au Mali en une semaine, mais il faut choisir: ingérence , pas ingérence, souveraineté ou pas, liberté un peu, beaucoup, peut être ? en attendant: les islamistes vont prendre le Mali, en suivant, le Sénégal, quand au Burkina ce sera dans quelques mois. Quand à la Cote d'Ivoire, là ce sera un autre problème, car les liens forts avec l'occident de ce pays risque de compromettre l'avancée islamique et rapidement.
En attendant la colonisation arabo-islamique continuez vos discussions de salon stériles, pseudo nationalistes et dont on connait à l'avance l'aboutissement non décisionnel et autodestructeur.
Tous les peuples ont besoin les uns des autres (sauf apparemment certains pays d'Afrique)
Patu
En Avril, 2012 (18:56 PM)Par contre les autres eux savent qu'ils ont besoin de vous!
Jérome
En Avril, 2012 (20:03 PM)Participer à la Discussion