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Maroc : le coronavirus accélère la digitalisation de la com’ politique

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Maroc : le coronavirus accélère la digitalisation de la com’ politique
 La pandémie de Covid-19 a été l’occasion pour la classe politique marocaine d’utiliser à fond les réseaux sociaux dans sa communication. Facebook, Instagram, Twitter… sont désormais la nouvelle arène des zaïms des partis.

Les trois chefs de parti Saâdeddine El Othmani, Nabil Benabdellah et Nizar Baraka (PJD, PPS et Istiqlal) discutent à l’écran ce 21 mai des retombées de la pandémie, alors que le Maroc est en confinement. Les internautes suivent et commentent sur Facebook Live. C’est la jeunesse islamiste qui a pensé à organiser un tel débat public, à distance et online.

Avec la pandémie, l’accélération de la digitalisation de la communication politique s’est imposée de fait. Les partis étaient à la fois coupés de leurs adhérents et de l’opinion publique, et attendus pour donner leur lecture des événements, communiquer sur leurs prises de position, débattre, encadrer la population. Et les Marocains semblent avoir joué le jeu, voire même apprécié de pouvoir peser dans les débats et leur orientation…

Course à l’influence


« L’observation de l’activité des Marocains sur les réseaux sociaux durant cette période fait ressortir clairement ces trois phases : insouciance, prise de conscience et mobilisation », souligne une étude du cabinet Equity. Une autre, signée par l’agence CBS dirigée par Anouar Zyne, qui évoluait auprès du Chef de gouvernement il y a peu de temps encore, relève que la pandémie a été l’occasion d’un « retour en force de vrais influenceurs : Ghassan Benchiheb avec Tahaqaq, Mohamed Rahmo avec les visières, Salahddine Nabirha avec 9raya fedar, Mehdi Ezzouate avec Morocccan-Challenge, Mohamed Ouassil avec l’entraide sociale, Swinga… ».

    "Nabil Benabdellah a tenu mi-mai une réunion de son Comité central sur l’application XSplit, très appréciée des gamers du monde entier"

Aucun parti ne voulait rater une telle opportunité d’engagement sur les réseaux sociaux et de quête de discours intelligibles sur la crise. Nabil Benabdellah a ainsi décidé mi-mai de tenir une réunion extraordinaire de son Comité central sur l’application XSplit, très appréciée notamment des gamers du monde entier. L’idée lui a été soufflée par Omar Alaoui, jeune associé du groupe ESL & Network, qui s’est fait connaître par une intense activité digitale dans les années 2010, quand Facebook et Twitter s’imposaient comme espaces de débats politiques. Derrière, les équipes du parti ont pris le relais et assuré la réussite de l’événement. Le zaïm de l’ex-parti communiste voyait les concepts online fleurir pour meubler les soirées de confinement, et ne voulait pas rater l’occasion.

Les chiffres témoignent de la force de l’outil numérique : selon une étude de février 2020 de We are Social, les Marocains passent jusqu’à deux heures et demie par jour connectés. Le taux de pénétration d’Internet est passé au-dessus de 60% et, en 2018, selon l’ANRT, 98% des jeunes marocains, ceux-là même que les partis essaient d’attirer aux urnes depuis des années, utilisaient les réseaux sociaux.

Avantage aux islamistes

Le parti islamiste PJD est sans doute le plus à l’aise en ligne. Et le plus puissant. La discrétion est maintenue sur les coûts mis à disposition pour le digital, mais ils sont réputés modestes : le bénévolat compte encore pour beaucoup. L’ancien ministre et cadre du parti Mustapha El Khalfi, bercé par une culture anglo-saxonne de la politique, a favorisé l’émergence de jeunes professionnels des réseaux sociaux. Parmi eux, Ghassan Benchiheb et Jawad Ech-Chafadi, des noms connus aussi bien dans la jeunesse islamiste que chez les geeks et utilisateurs de Linkedin.
  
       "Abdelillah Benkirane, adepte d’une stratégie numérique offensive, témoigne de la prise de conscience de la classe politique de l’importance des réseaux sociaux"

Le premier a accompagné la stratégie de plusieurs ministères entre deux stages et missions en agence digitale, au Maroc ou à l’étranger. Sa proximité avec le leader islamiste Abdelillah Benkirane, adepte d’une stratégie numérique offensive, témoigne de la prise de conscience de la classe politique de l’importance de ce type de profils.

Le second, qui a coupé il y a quelques années ses liens organiques avec le parti, dirige une entreprise de consulting après avoir officié au journal islamiste Attajdid doublant sa connaissance technique des réseaux par une approche politique des contenus.

Mais tous les partis n’ont pas su s’emparer aussi efficacement des outils 2.0. Le RNI a ainsi tâché de conserver le lien avec les citoyens via l’outil numérique, mais l’expérience a rapidement pris des allures de flop. Quelques mois après l’arrestation du « digital strategist » du parti en février, accusé d’agression sexuelle, la plateforme participative maba3d-corona (l’après coronavirus) lancée début mai n’a pas reçu plus d’un gros millier de contributions. le virage digital est parfois difficile à négocier, même pour Aziz Akhannouch, le président du parti. Ce dernier est pourtant prêt à dépenser pour travailler son image et il est entouré via ses activités de dirigeants d’entreprises et de consultants de divers univers. Les meetings à la forme classique qu’il a tenuS en 2019 avant la pandémie semblaient mieux  lui réussir.

El Othmani, monsieur Twitter

« Avec deux comptes, un au titre de Chef de Gouvernement et un autre au titre de Secrétaire Général du PJD, Saâdeddine El Othmani est la personnalité la plus influente sur Twitter durant la période du 13 mars au 12 avril 2020 », relève l’étude d’Equity. Le nombre de followers du Chef du gouvernement a explosé avec la pandémie de Covid-19 : il reste la source la plus sûre pour suivre l’évolution de la situation. À la Primature, trois personnes accompagnent la communication digitale finalement sobre d’un homme réputé amateur de Twitter, qui pianote souvent lui-même ses messages sur son téléphone.

Le Chef du gouvernement n’est pas le seul à opter pour une communication dépouillée. Le nouveau ministre de la Culture et de la Jeunesse, Othman El Ferdaous, est connu pour son intérêt pour les réseaux sociaux et a longtemps animé une newsletter de qualité. Mais depuis qu’il a été appelé à des responsabilités politiques, il cultive la discrétion online et s’en tient à une communication mesurée.

Des responsables ont déjà connu les écueils d’une activité numérique mal maîtrisée, à l’instar de l’ancien ministre de l’Emploi Mohammed Yatim : il jonglait de manière confuse entre son compte Facebook personnel et celui de son ministère, et multipliait les boulettes virales.


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