L’ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz, ainsi qu’une dizaine d’autres personnes, sont inculpés pour corruption ce jeudi 11 mars. C’est ce qu’a confié à RFI un avocat de l’ancien président mauritanien. Les inculpés sont sortis libres du bureau du juge, mais sont placés sous contrôle judiciaire. Outre l’ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz, l’un de ses gendres, deux anciens Premiers ministres, et plusieurs anciens ministres et hommes d’affaires sont concernés par cette procédure.
Le procureur de la République Ahmed Abdallah Moustapha accuse l’ancien président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz et certains de ses anciens collaborateurs de blanchiment d’argent, de malversations financières et de dilapidation de biens publics, ainsi que de « participation à une série de crimes économiques au préjudice de l’État mauritanien, détournements des biens de la collectivité nationale, corruption, perception d'avantages indus et entraves au fonctionnement de la justice. »
Malgré cette inculpation, les avocats de l’ancien président espèrent voir leur client blanchi par le juge d’instruction faute de preuve. Une hypothèse soutenue par Me Taleb Khiyar membre du collectif de la défense interrogé par notre correspondant à Nouakchott, Salem Mejbour Salem.« Nous considérons que la suite de la procédure sera à notre avantage parce que nous estimons que tous les chefs d’accusation sont nullement fondés et l’instruction va prouver que notre client est tout à fait innocent. Que les griefs et les reproches qui lui sont faits ne sont pas fondés. »
Commission d'enquête
Il y a un peu plus d’un an, une commission d’enquête parlementaire s’est constituée autour de soupçons de corruption et de détournements de fonds publics pendant les années de pouvoir de l’ancien président : gestion des revenus pétroliers, vente de domaines de l’État, ou encore activités d’une entreprise chinoise de pêche. Le rapport de cette commission a été transmis à la justice en août dernier. Mohamed Ould Abdel Aziz, interrogé pendant une semaine par la police, avait alors décidé de garder le silence, mais il était ressorti sans son passeport et avec l’interdiction de quitter Nouakchott.
Depuis, des sociétés, des immeubles, des sommes d’argent ont été gelés ou saisis, pour près d’un milliard d’euros, « rien qu’en Mauritanie », selon le parquet.
« Règlement de comptes… »
Au début du mois de mars, l’ancien président et de nombreuses personnalités ont à nouveau été convoqués par la police. Mohamed Ould Abdel Aziz, qui brandit son immunité d’ancien président, a encore une fois choisit de rester muet. Lui et ses avocats crient au « règlement de comptes » et dénoncent une tentative de souiller son honneur.
L’ancien président Mohamed Ould Abdel Aziz a dirigé la Mauritanie de 2008 à 2019. Mais depuis l’élection de son successeur, Mohamed Ould Cheickh el Ghazouani, un ami de 40 ans, le ciel n’a cessé de s’obscurcir au-dessus de sa tête et de celle de ses proches, famille ou anciens collaborateurs.
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