Candidat à la présidentielle le 27 décembre au Niger, Seini Oumarou espère créer la surprise avec le MNSD. Mais son positionnement, entre opposition et majorité, interroge. L’ancien Premier ministre a reçu Jeune Afrique à Niamey.
Seini Oumarou l’assume : il n’est pas un homme de médias et n’a pas l’intention de « parler pour ne rien dire ». Lorsqu’il reçoit Jeune Afrique en ce dernier jour du mois d’octobre, l’ancien Premier ministre du président Mamadou Tandja sait donc que l’entretien sera long et les questions nombreuses.
Haut représentant du chef de l’État depuis 2016, poste qu’il s’apprête à quitter, Seini Oumarou a été désigné candidat à l’élection présidentielle par son parti, le Mouvement national pour la société du développement (MNSD). Le voilà donc, à 70 ans, prêt à entrer en campagne pour la troisième fois – après 2011 et 2016 – au début du mois de décembre.
Confiant, il estime que le MNSD a encore une carte à jouer face à Mohamed Bazoum, candidat du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS, au pouvoir) et la coalition de l’opposition, où sont réunis Hama Amadou, Mahamane Ousmane ou encore Ibrahim Yacouba. Bien qu’alliés, ces derniers présenteront chacun leur candidature au premier tour. « Il y aura des surprises », assure Seini Oumarou.
Quelle est sa stratégie ? Le MNSD a-t-il encore un avenir ? Quel bilan dresse-t-il de la présidence de Mahamadou Issoufou ? L’ancien Premier ministre répond aux questions de Jeune Afrique.
Jeune Afrique : Vous êtes Haut représentant du chef de l’État mais vous vous présenterez à l’élection présidentielle contre le parti au pouvoir. Entre la majorité et l’opposition, où vous situez-vous ?
Seini Oumarou : Pendant le premier mandat de Mahamadou Issoufou, nous avons fait partie de l’opposition. Mais, dans le courant de l’année 2016, il y a eu une augmentation des problèmes sécuritaires. Le président Issoufou m’a alors contacté pour participer à une sorte d’union nationale. Il souhaitait que nous regardions dans la même direction, au nom de la stabilité du pays. J’ai soumis sa demande au bureau politique du MNSD, qui s’y est déclaré favorable, et nous avons rejoint la majorité. Mais sans intégrer la Mouvance pour la renaissance du Niger [MRN], la coalition du PNDS, et en créant un autre pôle, l’Alliance pour la République. C’est donc pour répondre à une situation exceptionnelle que le MNSD a quitté l’opposition et est devenu un allié de la majorité, mais sans perdre son indépendance.
Vous avez tout de même été nommé Haut représentant du chef de l’État…
En tant qu’ancien Premier ministre, je ne pouvais pas entrer au gouvernement. En accord avec le président, nous avons donc créé ce poste, non-constitutionnel, qui me permettait d’apporter ma contribution et de recevoir des interlocuteurs au nom du chef de l’État. Je l’ai occupé durant quatre ans et cette mission est aujourd’hui terminée. Je vais démissionner pour me consacrer à la campagne pour la prochaine présidentielle.
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