Poursuivi pour violence et blessures contre les forces de l'ordre, Mohamed El Ayoubi, a écopé de 20 ans de prison. Vingt trois autres Sahraouis avaient été jugés en juillet dernier.
La justice marocaine a condamné à 20 ans de prison ferme l’un des Sahraouis poursuivis pour des violences contre les forces de l’ordre en 2010 dans l’affaire dite de Gdeim Izik, a indiqué jeudi l’agence marocaine MAP. Ce procès tient son nom du camp où ont été tués onze policiers et gendarmes marocains près de Laâyoune.
Jugé par contumace
Mohamed El Ayoubi a été jugé par contumace pour « violence et blessures contre les éléments des forces de l’ordre », son état de santé ne lui permettant pas de se présenter aux audiences, a précisé la MAP. Âgé de 62 ans, il avait été arrêté et incarcéré en novembre 2010, avant d’être remis en liberté provisoire un an plus tard pour raisons de santé.
Durant sa détention, il aurait subi des « des traitements inhumains », selon des médias pro-sahraouis. Certains médias assurent qu’il souffre de troubles mentaux.
Le 8 novembre 2010, les forces marocaines avaient démantelé ce camp où jusqu’à 15 000 Sahraouis s’étaient installés pour protester contre leurs conditions de vie. Des affrontements meurtriers avaient alors éclaté. Désarmés, des membres des forces de l’ordre avaient été égorgés, selon des vidéos enregistrées par les autorités marocaines.
Un procès au civil après un procès devant la justice militaire
Poursuivis pour « constitution de bandes criminelles et violences sur les forces de l’ordre ayant entraîné leur mort avec préméditation, mutilation de cadavres et complicité », 25 Sahraouis avaient déjà été condamnés une première fois par le tribunal militaire pour des peines allant de 20 ans de réclusion à la perpétuité.
Suite à une réforme de la justice militaire introduite par le Maroc en juillet 2015 – sur fond de protestations des ONG de droits de l’homme sur ce jugement d’exception -, Rabat a décidé de faire à nouveau comparaître ces Sahraouis devant une juridiction civile. Le parquet avait alors requis la peine maximale à l’encontre des 25 accusés.
En juillet dernier, la justice marocaine a prononcé des peines allant de deux ans de prison à la perpétuité. Le Polisario avait alors fustigé des « peines iniques », tandis que les autorités marocaines mettaient en avant la « transparence » et « l’équité » des débats, ouverts à la presse, en présence d’observateurs internationaux. Le Conseil national des droits de l’Homme (CNDH), un organisme marocain, avait conclu dans un rapport publié début novembre, que le procès avait été mené de manière « équitable ».
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