L’appel de l’opposition à observer une « journée ville morte » mardi sur le territoire de la République démocratique du Congo a été partiellement suivi à Kinshasa et ignoré dans d’autres grandes villes du pays, selon des journalistes de l’AFP.
A Kinshasa, à la mi-journée, sur le Boulevard du 30 juin, le centre des affaires de la capitale congolaise, la circulation était fluide, loin des habituels bouchons de l’heure de pointe.
« J’ai relié Kitambo magasin à la gare centrale en sept minutes, alors que d’habitude je mets au moins 30 minutes », a expliqué Firmin Luzitu, un chauffeur de taxi.
Au grand marché de Kinshasa, deux magasins sur cinq ont ouvert et les vendeurs se plaignaient de la rareté des clients. « Nous ne vendons pas. Il n’y a pas d’acheteurs », a protesté une vendeuse des poissons, Marguerite Makengo.
Selon des journalistes de l’AFP, à Lubumbashi, deuxième ville du pays dans le sud-est, les activités se sont en revanche déroulées normalement, tout comme à Beni, Goma, et Bukavu, trois villes de l’est, ainsi qu’à Kisangani dans le nord-est.
L’appel à une journée ville morte avait été lancé par le Rassemblement, coalition politique réunie autour de l’opposant historique Étienne Tshisekedi qui demande de récuser le facilitateur désigné par l’Union africaine (UA) pour le dialogue politique national en RDC, l’ancien Premier ministre togolais Edem Kodjo.
Les travaux préparatoires de ces pourparlers ont été lancés mardi par M. Kodjo qui s’est dit « réconforté » par la présence des délégués de la majorité au pouvoir, d’une frange de l’opposition et de la société civile au démarrage de ces assises ouvertes devant des diplomates étrangers.
Ce dialogue voulu « inclusif » avait été convoqué fin novembre par le président congolais Joseph Kabila en vue d' »élections apaisées » en RDC où la présidentielle censée se tenir cette année est hautement improbable.
L’opposition dans son ensemble avait d’abord boudé ce dialogue avant de donner son accord moyennant des préalables, notamment la libération de prisonniers politiques et d’opinion. Le président Kabila a accordé la grâce présidentielle à plusieurs centaines de prisonniers.
Le ministre de la justice a décidé vendredi dernier de la libération d’autres prisonniers politique et d’opinion mais également de la réouverture de deux médias appartenant à des opposants. Mais pour l’opposition, ces « mesures de décrispation » ne sont pas suffisantes.
M. Kodjo a encouragé le gouvernement « à faire plusieurs autres pas toujours vers l’avant ». Pour lui, « personne ne sortira vainqueur d’une crise politique à laquelle l’absence du dialogue pourrait conduire ».
– ‘Organiser des élections pacifiques’ –
La Mission de l’ONU en RDC (Monusco) a rappelé de son côté que « le dialogue reste la seule issue pour sortir de l’impasse politique actuelle ». Elle a appelé « ceux qui hésitent encore à rejoindre le processus de s’engager dans la voie du dialogue », a déclaré son chef adjoint Mamadou Diallo.
« Nous allons apporter les exigences et les préalables de l’opposition dans ces discussions », a promis le député Samy Badibanga, représentant des groupes de l’opposition parlementaire.
« Il y a des lignes rouges qu’on ne peut pas dépasser notamment le respect de la Constitution et la Constitution ne se fait pas à la carte, quand on parle de la Constitution c’est toute la Constitution », a-t-il dit à l’AFP.
De son côté, le sénateur de la majorité Léonard She Okitundu a soutenu que les conditions posées par l’opposition radicale pour sa participation étaient « remplies ». « Son absence ne porte pas atteinte à l’inclusivité du dialogue parce qu’une large partie de l’opposition est présente », a-t-il dit à l’AFP.
Ces travaux préparatoires doivent « définir les bases d’un processus du dialogue inclusif autour du thème central: l’organisation d’élections pacifiques, crédibles, transparentes conformément à la Constitution congolaise et aux instruments normatifs régionaux et internationaux », a déclaré M. Kodjo.
Le climat politique est tendu en RDC à mesure qu’approche la fin du mandat de M. Kabila, le 20 décembre.
Le chef de l’État est au pouvoir depuis 2001 et la Constitution lui interdit de se représenter, mais l’opposition le soupçonne de chercher à s’accrocher à son poste, quitte à reporter la présidentielle censée avoir lieu avant la fin de l’année.
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