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Afrique

Retour au calme en Côte d’Ivoire après le coup de colère des militaires

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Soldats dans les rues de Bouaké, le 6 janvier 2017. Ils revendiquent de meilleurs salaires.

Le président Alassane Ouattara a appelé dimanche ses compatriotes à "vaquer à leurs occupations" en Côte d'Ivoire où des militaires ont mis fin à deux jours de mutineries. Dimanche, le calme est revenu progressivement dans l'ensemble du pays.

« Après les événements regrettables de ces derniers jours, la situation est rentrée dans l’ordre et chacun peut vaquer à ses occupations », a déclaré Alassane Ouattara sur le compte Twitter de la présidence ivoirienne, dimanche 8 janvier.

De fait, dimanche, le calme était revenu à Bouaké, après  l’annonce samedi d’un accord avec les soldats mutins. Vendredi, des soldats avaient entièrement bloqué la deuxième ville du pays, dans le nord de la Côte d’Ivoire, ainsi que dans d’autres agglomérations, pour réclamer le paiement de primes, des augmentations de salaire, une promotion plus rapide entre les grades et plus de logements.

Mécontentement populaire

À Bouaké, cependant, des militaires continuaient de patrouiller dimanche à bord de pick-up sous les regards parfois hostiles d’habitants, a constaté un journaliste de l’AFP. « Nous souhaitons que la situation reste en l’état. On ne veut plus de tirs ici à Bouaké. Si les tirs continuent, je crois que la population va se révolter », a déclaré à l’AFP Adama Cissé, commerçant à Bouaké, devant sa boutique.

On ne veut plus de bruits de bottes

Parmi les habitants de cette ancienne capitale de l’ex-rébellion armée, le ressentiment de la population est fort contre des militaires qui ont semé la panique. « On ne veut plus de cette situation à Bouaké. On est fatigués des agissements des militaires. Vivement que le président Ouattara trouve une solution définitive à leurs problèmes », a ainsi lancé Adama Coulibaly, un enseignant.

« On ne veut plus de bruits de bottes à Bouaké », a réagi Séraphin Kouadio, un informaticien.

Dimanche, la situation était normalisée dans l’ensemble du pays. Le calme est ainsi revenu à Abidjan, où des tirs ont été entendus samedi dans une caserne et où un important carrefour a été bloqué par des militaires, ainsi que dans les autres villes gagnée par la révolte, à Korhogo, Daloa et Daoukro.

Le ministre de la Défense et sa délégation retenus deux heures par les militaires

Dans une allocution télévisée samedi soir, le président ivoirien avait demandé à tous les soldats de « regagner leurs casernes pour permettre l’exécution de ces décisions dans le calme », se prononçant en faveur d’un « accord pour la prise en compte des revendications relatives aux primes et à l’amélioration des conditions de vie des soldats ».

L’accord avait été scellé le jour-même à Bouaké à l’issue d’une rencontre entre le ministre de la Défense Alain Richard Donwahi et les soldats mutins.

Énieme rebondissement, juste après l’annonce de cet accord, des militaires en colère avaient retenu le ministre de la Défense et sa délégation à la résidence du sous-préfet en tirant des rafales de kalachnikov et à l’arme lourde. Après avoir été retenus plus de deux heures, Richard Donwahi et sa délégation avaient pu partir, et des militaires avaient ensuite levé les barrages interdisant l’entrée dans Bouaké.

« En ce qui concerne les primes, tous les arriérés seront payés. Il y a beaucoup de problèmes à régler, nous en sommes tout à fait conscients, nos hommes aussi. Je peux vous assurer que nous allons tenir nos engagements, mais eux aussi vont tenir leurs engagements », a affirmé samedi le milistre de la Défense.

« On est content du dénouement heureux avec cet accord. Ce qu’on demande au président, c’est d’être attentif aux conditions de vie des militaires », a déclaré de son côté l’un des meneurs de la révolte.

Récupération politique ?

Les troubles de cette semaine interviennent alors que le président doit annoncer ce début janvier la nomination d’un vice-président et d’un Premier ministre. L’élection du président de l’Assemblée nationale doit également avoir lieu prochainement. »Une des questions est de savoir s’il y a une manipulation politique. Est-ce que d’anciens chefs de guerre sont derrière ça ? « , s’est interrogé un observateur politique.

De leur côté, les soldats mutins rejettent toute récupération politique. Le président Ouattara « est notre père spirituel, c’est une affaire de famille. On peut équiper l’armée mais si les hommes qui sont à la tâche ne sont pas motivés, ça ne servira à rien », a estimé l’un des mutins.

Les revendications des militaires en colère étaient matérielles mais elles marquent le retour d’un problème récurrent dans un pays sorti en 2011 de dix années de rébellion dont Bouaké fut la capitale. En novembre 2014 déjà, une vague de protestation de soldats était partie de la deuxième ville du pays pour des questions de soldes et s’était étendue à Abidjan, entre autres.



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