Le ministre belge des Affaires étrangères, Didier Reynders, a évoqué mercredi la possibilité que l'armée congolaise, appuyée par les Casques bleus de la Mission de l'ONU en République démocratique du Congo (Monusco), mène dans les prochaines semaines des actions contre les groupes armés présents dans l'est, dont, en premier lieu, la rébellion du M23, présumée soutenue par le Rwanda et l'Ouganda voisins."Les responsables de la Monusco sont décidés à montrer la capacité d'action de la brigade d'intervention" - une unité de plus de 3.000 soldats sud-africains, tanzaniens et malawites au mandat offensif, en cours de déploiement au Nord-Kivu -, a-t-il affirmé lors d'une rencontre avec quelques journalistes à Kinshasa peu avant un entretien avec le président Josph Kabila et le Premier ministre Augustin Matata Ponyo Mapon. Le chef de la diplomatie belge a rencontré mardi soir les nouveaux responsables de la Monusco, son chef politique, le diplomate allemand Martin Kobler, et le commandant militaire des Casques bleus, le général brésilien Carlo Alberto dos Santos Cruz. Selon M. Reynders, les chefs militaires de la Monusco n'ont "aucun doute" sur la réalité du soutien accordé par le Rwanda et l'Ouganda au mouvement du 23 mars (M23), une rébellion qui occupe depuis plus d'un an une partie de la province du Nord-Kivu (est de la RDC) et essentiellement composée de Tutsi congolais intégrés dans les forces armées gouvernementales, les FARDC, à la faveur d'un accord de paix signé en 2009. Ils se sont mutinés en avril 2012, estimant que cet accord n'avait jamais été pleinement respecté. Kigali et Kampala - qui agit comme médiateur dans des pourparlers entre Kinshasa et le M23 - nient farouchement soutenir ce mouvement. M. Reynders a également indiqué avoir perçu une "fatigue" des autorités congolaises à l'égard du M23 alors que les pourparlers de Kampala en cours depuis décembre s'éternisent. "J'ai l'impression que le maximum a été fait (dans les propositions formulées par le gouvernement congolais) et qu'il faudra faire respecter l'intégrité du territoire avec l'aide de la Monsuco", a-t-il souligné. "L'autre voie (à côte de la négociation), si des rebelles ne veulent pas cesser de se rebeller, c'est d'intervenir militairement. On éradique une rébellion", a-t-il lancé en notant que l'armée congolaise avait fait des progrès en matière d'organisation et que les deux bataillons formés par la Belgique s'étaient "très bien comportés" face au M23. La nouvelle brigade d'intervention, déployée en application de l'"accord-cadre" signé le 24 février dernier à Addis Abeba par onze pays de la région, dont le Rwanda et l'Ouganda, pour tenter de pacifier l'est congolais, doit combattre les groupes armés de l'est, M23 en tête. Sa première mission officielle est d'assurer la protection, conjointement avec le reste de la Monusco, d'une "zone de sécurité" comprenant la ville de Goma et sa région proche. Sans vouloir fixer de date pour une éventuelle intervention contre le M23 et d'autres groupes armés présents dans la région, comme les rebelles hutus rwandais des Forces démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR) que Kigali accuse de participation au génocide de 1994 au Rwanda, M. Reynders a fait allusion à la prochaine réunion du comité de suivi des accords d'Addis Abeba, le 23 septembre prochain à New York, en marge de l'assemblée générale des Nations unies. Il a enfin plaidé pour que la communauté internationale maintienne la pression sur "tous les partenaires" - dont la RDC. A Addis Abeba, le président congolais Joseph Kabila s'était ainsi engagé à "consolider" l'autorité de l'Etat à l'est, à réformer le "secteur de la sécurité" (armée et police) et à promouvoir la réconciliation nationale, la tolérance et la démocratisation. L'une de ces promesses semble en passe de se concrétiser, avec l'ouverture annoncée comme prochaine à Kinshasa de "concertations nationales" convoquées par M. Kabila - mais auxquelles l'opposition congolaise ne semble pas prête à participer.
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