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Seydou Keïta : Un Rêve Industriel Brisé par l’Économie Malienne ?

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Seydou Keïta : Un Rêve Industriel Brisé par l’Économie Malienne ?
Seydou Keïta, ancien capitaine de l’équipe nationale de football du Mali, est un exemple frappant de la manière dont les sportifs, une fois leur carrière terminée, cherchent à s’investir dans le développement économique de leur pays. Après une carrière remarquable en Europe, Keïta a choisi de concrétiser son rêve en tant qu'entrepreneur en lançant un ambitieux projet agro-industriel à Sanankoroba, dans la périphérie de Bamako. Cet investissement de 14 milliards de FCFA, destiné à créer un complexe industriel, visait à dynamiser l’économie malienne, offrir des emplois locaux, et contribuer à l’autosuffisance alimentaire du pays. Pourtant, malgré l’envergure de son projet et les promesses qu’il portait, Keïta s’est retrouvé confronté à une série de défis économiques et réglementaires qui ont mis en péril la pérennité de son entreprise.

Un Projet de Grande Envergure

Le complexe industriel à Sanankoroba, conçu pour être un pôle agro-industriel de premier plan, comprend six unités industrielles ; une usine de beurre de karité, une raffinerie, une huilerie, une production d’aliments pour bétail, ainsi qu’une savonnerie et une ligne d’emballage de bidons. Avec une capacité de production impressionnante, ce projet avait pour objectif de répondre aux besoins locaux tout en créant plus de 160 emplois directs et 100 indirects.

Dans une intervention devant les autorités maliennes, Seydou Keïta a souligné l’importance de son projet non seulement pour l'économie malienne, mais aussi pour la communauté locale de Sanankoroba, dont il entendait améliorer les conditions de vie par la création d’emplois et la stimulation de l’industrie locale. Son discours, empreint de patriotisme économique, résonne comme un appel à la solidarité et à l'engagement des Maliens à investir pour le développement de leur pays, particulièrement dans un contexte national difficile.

L’Obstacle des Contraintes Structurelles

Cependant, comme le révèlent les difficultés rencontrées par Keïta, investir dans l'industrie au Mali est loin d'être une tâche simple. Parmi les obstacles majeurs, la réglementation imposée par l’État sur les prix des matières premières et la vente de produits finis apparaît comme un frein considérable à la rentabilité des entreprises. L’État, dans une tentative de contenir l’inflation, fixe des prix qui ne permettent pas aux producteurs de couvrir leurs coûts de production, créant ainsi une situation où les entreprises se retrouvent dans l’incapacité de dégager des profits.

Derrière ces problématiques réglementaires se trouvent également des réseaux informels et des pratiques commerciales douteuses qui dominent le marché. Des réseaux, souvent inaccessibles aux entreprises formelles, génèrent une concurrence déloyale et rendent difficile la compétitivité des projets d’envergure comme celui de Keïta. Dans un tel environnement, il devient quasiment impossible de percer, et tout projet ambitieux risque de s'effondrer sous le poids de ces pratiques.

Les Défis Structurels du Secteur Agricole

Le principal problème auquel Seydou Keïta a dû faire face reste la rareté des matières premières nécessaires à la production d’huile. Une pénurie qui est le fruit de plusieurs décennies de sous-investissement dans le secteur agricole et de l’absence de politiques agricoles cohérentes. L’agriculture malienne souffre d'un manque d’intrants modernes (engrais, semences de qualité, équipements mécanisés) et de techniques agricoles efficaces. Dans un tel contexte, les producteurs peinent à satisfaire la demande, ce qui fait grimper les prix des matières premières. Cette situation conduit à des tensions dans la chaîne de valeur, car les producteurs locaux ne peuvent pas vendre leurs produits à perte, et les entreprises industrielles, confrontées à des coûts d’approvisionnement trop élevés, sont obligées de répercuter ces hausses sur les prix finaux.

Les producteurs agricoles maliens sont également confrontés à des moyens de production obsolètes. Le recours à des outils traditionnels comme la charrue et la daba (bêche manuelle) constitue un frein majeur à l’efficacité de l’agriculture, malgré des efforts sporadiques pour moderniser le secteur. Dans ce contexte, la rareté de la matière première ne fait qu’aggraver la situation des usines comme celle de Keïta, qui dépendent fortement d’un approvisionnement stable pour assurer leur rentabilité.

La Crise Multi-Dimensionnelle du Mali

Outre les obstacles économiques internes, le Mali traverse également une crise sécuritaire et politique qui impacte de manière directe ses secteurs économiques. Les conflits internes et les tensions politiques ont conduit à une dégradation de l’environnement des affaires. Les coupures d’électricité et l’insécurité dans certaines régions compliquent davantage les opérations industrielles, rendant difficile la gestion quotidienne des usines. L’instabilité macroéconomique rend également les prévisions à moyen terme très incertaines, ce qui fait hésiter de nombreux investisseurs à engager des fonds dans des projets à long terme. La situation économique, marquée par la faiblesse des finances publiques et des ressources limitées, ne permet pas de mettre en œuvre les réformes nécessaires pour soutenir les secteurs productifs du pays.

Une Combinaison de Facteurs

Les difficultés rencontrées par Seydou Keïta ne peuvent être attribuées à une seule cause. Plusieurs facteurs sont venus s’additionner pour créer une situation de blocage. En premier lieu, la rareté de la matière première et l’absence d’une politique agricole adéquate ont freiné la production locale. Ensuite, les problèmes réglementaires, notamment les prix fixés par l’État et la domination des réseaux informels, ont rendu la rentabilité du projet difficile. Enfin, la crise générale du pays, sur le plan sécuritaire, économique et politique, a aggravé la situation, rendant l’investissement risqué et incertain.

L’internaute qui analyse cette situation souligne que la clé du problème réside dans la nécessité de réformes profondes, notamment dans le secteur agricole, pour réduire les coûts de production et encourager les investissements dans l’industrie. En attendant des jours meilleurs, il conseille à Seydou Keïta de chercher des alternatives d’approvisionnement en dehors du Mali et de réduire ses charges fixes pour survivre à cette période difficile.

Conclusion : L’avenir du projet et des investissements au Mali

Le projet de Seydou Keïta à Sanankoroba reste une belle initiative, mais l’environnement économique et politique du Mali n’a pas permis à ce rêve industriel de se concrétiser comme il l’espérait. Cependant, cet échec ne signifie pas que tout est perdu pour lui ou pour les investisseurs maliens. En adoptant une approche plus intégrée, allant de la production de matières premières à leur transformation, Seydou Keïta pourrait renforcer la résilience de son entreprise face aux défis du marché. Le secteur agro-industriel malien, notamment celui de l’huile alimentaire, est en pleine mutation et offre encore des opportunités pour les acteurs visionnaires.

L’expérience de Keïta met en lumière la nécessité de créer un environnement plus propice aux investissements productifs, en réformant les structures économiques et en encourageant un développement agricole plus durable. Les autorités maliennes doivent être plus proactives pour soutenir les initiatives locales, réduire les obstacles administratifs et créer des réseaux de soutien pour les entrepreneurs. Ce n’est qu’en surmontant les défis structurels et en améliorant l’environnement des affaires que le pays pourra espérer voir émerger une véritable industrialisation.




2 Commentaires

  1. Auteur

    il y a 7 heures (11:08 AM)
    c 'est vraiment pas facile :



    Seydou Keïta a investi 14 milliards de FCFA dans un projet agro-industriel à Sanankoroba pour dynamiser l'économie et créer des emplois. Malgré son ambition, il a fait face à des défis économiques et réglementaires, ainsi qu'à la rareté des matières premières et aux crises sécuritaires au Mali.
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  2. Auteur

    Citoyen

    il y a 5 heures (12:32 PM)
    L'Etat doit le protéger et l'accompagner
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