Au lendemain de la présentation à Tunis d'un gouvernement de transition, trois jours après la fuite de l'ancien président Zine El-Abidine Ben Ali, Mohamed Ghannouchi doit faire face à plusieurs coups durs : la démission de plusieurs de ses ministres, mais aussi des critiques d'opposants et de manifestants estimant que le nouveau cabinet accorde trop de place aux cadres de l'ancien régime.
Trois personnalités de l'opposition font partie du gouvernement d'union, mais les portefeuilles clés de l'intérieur, de la défense, des finances et des affaires étrangères n'ont pas changé de mains.
Démission d'au moins trois ministres
Moins de 24 heures après la formation du gouvernement, plusieurs ministres ont déjà démissionné. Dans un premier temps, les trois représentants de l'Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT) se sont retirés du gouvernement de transition. "Nous nous retirons du gouvernement à l'appel de notre syndicat", a déclaré M. Dimassi qui avait été nommé la veille ministre de la formation et de l'emploi. Abdeljelil Bédoui, ministre auprès du premier ministre, et Anouar Ben Gueddour, secrétaire d'Etat auprès du ministre du transport et de l'équipement ont également démissionné.
La puissante centrale syndicale, qui a joué un grand rôle dans les manifestations ayant provoqué la chute de Ben Ali, avait demandé dans la matinée à ses trois représentants de se retirer, affirmant qu'elle "ne [reconnaissait] pas le nouveau gouvernement".
Peu après, selon l'agence AP, un quatrième membre du gouvernement a également démissionné, le ministre de la santé Mustapha Ben Jaafar du parti d'opposition FDLT. Le ministre de la culture, toujours selon AP, serait également sur le point de quitter le gouvernement. Par ailleurs, les syndicalistes siégeant au Parlement et à la Chambre des conseillers (équivalent du Sénat), "ont démissionné", a ajouté un porte-parole. La centrale syndicale s'est également retirée du Conseil économique et social.
Le premier ministre défend le maintien de ministres de Ben Ali
Les ministres issus du RCD qui ont été maintenus à leur poste ont toujours agi pour "préserver l'intérêt national", s'est justifié le premier ministre, Mohamed Ghannouchi sur la radio française Europe 1. "Ils ont gardé leur portefeuille parce que nous avons besoin d'eux dans cette phase" de construction démocratique, a affirmé le chef du gouvernement, soulignant le "grand enjeu de la sécurité" dans cette période de transition. "Tous ont les mains propres, (...) une grande compétence. Ils ont du mérite. Grâce à leur dévouement, ils ont réussi à réduire la capacité de nuisance de certains. Ils ont manœuvré, tergiversé, gagné du temps pour préserver l'intérêt national", a-t-il insisté.
Le gouvernement de transition n'est que provisoire et a pour mission de s'attaquer aux problèmes économiques à l'origine des émeutes et de préparer des élections pluralistes, a renchéri Kamel Morjane, ministre des affaires étrangères, lors d'une conférence de presse. "Nous ne devons pas oublier que son objectif est clair et que sa durée a été clairement précisée, légalement et par l'accord de toutes les parties", a ajouté l'ancien ministre de Ben Ali maintenu dans ses fonctions.
3 Commentaires
Cool
En Janvier, 2011 (15:16 PM)Kedovin
En Janvier, 2011 (15:18 PM)Imperatrice
En Janvier, 2011 (15:22 PM)Participer à la Discussion