Après la condamnation à la perpétuité pour crimes contre l'humanité, torture mais aussi viols de l'ancien président tchadien Hissène Habré à Dakar, une première dans l'histoire de la justice internationale, les victimes de violences sexuelles à Goma dans l'Est de la RDC, reprennent espoir. Les viols et abus sexuels sont souvent utilisés comme arme de guerre dans cette région en proie depuis deux décennies à l'instabilité et aux groupes armés.
« Il a osé briser ta vie ? Tu peux le dénoncer ». Ce slogan s'affiche à l'entrée de l'hôpitalHeal Africa de Goma, qui vient en aide depuis des années aux victimes de violences sexuelles. Pour Jeanne Rehema, conseillère psycho-sociale, violée par un milicien à l'âge de 14 ans, cette condamnation inédite d'un dirigeant a une portée hautement symbolique. « Lorsque l'on a dit que l'on vient de condamner [Hissène Habré] à vie, moi j'ai dit 'gloire à Dieu', car quand ça commence par les supérieurs ceux qui sont très bas ne [commettront] pas le viol. » Jeanne espère que cette condamnation aura un écho jusqu'en RDC, où l'impunité des responsables de viol et d'abus sexuels est légion.
A ses côtés, Fuhara, âgée de 30 ans. Il y a quelques mois, elle a été violée par trois inconnus alors qu'elle se rendait dans son champ. Elle estime que ce procès peut aider les victimes à sortir du silence. « C'est bien qu'il y ait eu un procès public, pour montrer comment les auteurs ont échoué. Ça nous donne la force de dénoncer les viols », assure-t-elle.
C'est un procès « bien documenté », sur lequel pourront s'appuyer les magistrats congolais pour d'éventuels futurs procès, estime pour sa part Darlène Kavunga, une responsable du projet de lutte contre l'impunité mis en place par l'ONU.
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