Le Docteur Alain Colombié, médecin généraliste dans l'Hérault, a partagé une publication où il apparaît nu en signe de protestation.
Il dénonce “une impréparation coupable” dans la lutte contre le Covid-19. En publiant le dimanche 22 mars une photo de lui dans le plus simple appareil -avec seulement un brassard blanc sur lequel est inscrit “chair à canon”-, Alain Colombié, 61 ans, généraliste à Pomérols, village à 50km au sud-ouest de Montpellier, a voulu, explique-t-il à l’AFP “pousser un coup de gueule et venir à la défense de toute ma famille de personnel soignant”.
“Je dénonce une impréparation coupable alors que moi je communique sur le Covid-19 depuis la fin du mois de janvier”, s’indigne ce “vieux médecin” d’un village viticole qui a fait cette photo “sous le coup de la colère et de l’émotion”.
“Président Macron, vous demandez à vos petits soldats de partir au front sans armes et sans défenses (masques, gels, surblouses) et bien sûr sans considération”, avait-il posté sur Facebook le 22 mars, parlant de “non-assistance à personne en danger”.
“On a vu ces dernières années des soignants gazés, matraqués par des CRS, maintenant on vient nous supplier de partir au combat dans la tenue où je suis sur la photo”, s’étrangle-t-il.
Le Dr Colombié établit même “un parallèle” avec son grand-père maternel, Poilu de la Première Guerre mondiale qui était dans les tranchées et tirait les lignes de téléphone sur les champs de bataille. “On n’a pas les noms des Poilus qui étaient sur le front, par contre on connaît très bien les noms de ceux qui étaient derrière et sont entrés dans l’Histoire...”, commente-t-il.
“Cheval de Troie”
Après cinq ans d’internat à l’hôpital de Montpellier puis 31 ans d’exercice de la médecine et à six ans de la retraite, Alain Colombié se sentait “fatigué” et “n’avait pas envie de faire la guerre” qu’il est en train de livrer “nu”.
Dans son secteur de 10.000 habitants, quatre généralistes exercent. Habituellement, un “lundi moyen”, le Dr Colombié fait une tournée d’une quarantaine de patients. Puis, il “déjeune entre 16h et 17h, avant de commencer des consultations qui peuvent se terminer vers 22h30.
“Il y a des patients que je connais depuis plus de 30 ans, que je considère comme des membres de ma famille”, raconte-t-il, la voix empreinte de tendresse. “Ce sont des gens qui ne savent pas quoi faire pour me faciliter la vie... qui m’amènent des œufs de leurs poules, qui me laissent des gâteaux dans la salle d’attente, qui m’apportent quelques bouteilles et Dieu sait si on a des bons viticulteurs par chez nous!”
Aujourd’hui, conscient de pouvoir représenter “le cheval de Troie” du coronavirus, le médecin a renoncé à aller rendre visite à des patients âgés qui souffrent de polypathologies. “Je suis là pour eux, mais il est hors de question que je leur fasse courir un danger supplémentaire”, ajoute-t-il.
C’est un réseau d’infirmières “fantastiques et très professionnelles”, qui fait le lien, envoient des photos d’une plaie ou d’un escarre pour obtenir un diagnostic et des consignes. Alain Colombié “rassure” aussi ses patients par téléphone et se déplace quand il le faut.
Ce lundi, dans un contexte d’incertitude sur sa rémunération, il a eu une dizaine de patients en téléconsultation et en a vu six physiquement “habillé le mieux possible, avec l’équipement qu’on trouve”.
Lorsqu’il rentre chez lui, le Dr Colombié se déshabille totalement dans son garage, va directement prendre une douche, tandis que sa femme, également médecin et psychothérapeute, lave tous les endroits où il est passé à la javel. La mairie lui a livré récemment 18 masques. “Ca fait à peu près trois à quatre jours”, commente-t-il. “C’est très très peu”.
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