« Il ne suffit pas d’être un grand homme,
il faut l’être au bon moment »
Georges POMPIDOU
Georges POMPIDOU
C’est à une triste fin de règne que nous assistons impuissants, face à un vieillard chassé, traqué, discrédité, qui s’essaie à toutes les combines pour sortir de son isolement.
Abdoulaye Wade aura quand même réussi à entacher notre crédibilité comme il a entamé le respect que le monde entier vouait à ce petit pays. Malgré son âge avancé, le crédit qu’on lui donnait en 2000, il a fini par se faire détester dans toute la sous-région et au-delà. Yaya Jammeh l’accuse d’avoir fomenté un coup d’Etat contre son régime et ne veut plus le voir. L’ancien président Guinée Bissau Kumba Yalla est inconsolable, quand il raconte l’humiliation que lui a fait subir son « ami » Abdoulaye Wade, en le faisant chasser du pouvoir comme un malpropre.
Abdoulaye Wade aura quand même réussi à entacher notre crédibilité comme il a entamé le respect que le monde entier vouait à ce petit pays. Malgré son âge avancé, le crédit qu’on lui donnait en 2000, il a fini par se faire détester dans toute la sous-région et au-delà. Yaya Jammeh l’accuse d’avoir fomenté un coup d’Etat contre son régime et ne veut plus le voir. L’ancien président Guinée Bissau Kumba Yalla est inconsolable, quand il raconte l’humiliation que lui a fait subir son « ami » Abdoulaye Wade, en le faisant chasser du pouvoir comme un malpropre.
Sekouba Konaté a refusé de le recevoir quand il a voulu se rendre à Conakry à la
veille de l’annonce de la date du second tour de la présidentielle guinéenne, pour
son parti-pris flagrant. Il avait, de la même manière, soutenu le coup d’Etat de
Dadis Camara, en fermant les yeux sur les dérives de ce sanguinaire, sous le
prétexte qu’il l’avait appelé « papa ». Il a pris des rides au fil des ans, mais sa
mégalomanie est intacte. Il voulait démontrer qu’il avait un ascendant sur ce
brutal capitaine au français besogneux. Il est allé jusqu’à faire écrire dans le
communiqué du Conseil des ministres de la République du Sénégal que les
hommes de Dadis Camara n’étaient pas les auteurs de la répression sanglante
qui a causé la mort de plus d’une centaine de guinéens dans un stade,
mais « une milice étrangère ». Depuis que son « fils » a été écarté du pouvoir,
peu lui importe de savoir s’il vit au Mali ou au Burkina. Le papa des putschistes
africains a jeté son dévolu sur celui qu’il croit maintenant porteur du destin de la
Guinée et de ses richesses, Cellou Dalein Diallo.
Le coup qu’il a tenté en Côte-d’Ivoire a raté parce que là aussi, la discrétion
nécessaire à l’efficacité de son action a été sacrifiée sur l’autel de sa propre
mégalomanie. La réussite d’une telle mission importait moins que l’envie qu’il
avait de prouver au monde entier qu’il était capable de faire venir Alassane
Ouattara à Dakar. Henri Konan Bédié, qui le connaît de longue date, a refusé sa
proposition farfelue, puisqu’il faut avoir la cervelle très mal entretenue pour
penser réunir Ouattara et Bédié à Dakar et les sommer de s’unir contre Gbagbo.
Il aura le mérite de mettre ensemble tous ceux qui, à tort ou à raison, pensent
qu’Alassane Ouattara est un agent aux mains de puissances étrangères, et je ne
serai pas surpris que l’appel à voter pour le candidat du Rdr lancé par Bédié ne
soit pas entendu.
Seul Dieu connaît le dessein véritable d’Abdoulaye Wade, mais depuis que
Laurent Gbagbo est arrivé au pouvoir en Côte-d’Ivoire, il ne néglige aucun plan
pour le chasser de là. Jamais dans l’histoire récente des relations internationales,
un chef d’Etat n’a soutenu aussi ouvertement une rébellion dans un pays ami.
C’est au vu et au su de tout le monde qu’Abdoulaye Wade servait passeports
diplomatiques et argent liquide aux Forces nouvelles, pour combattre l’ordre
institutionnel en Côte-d’Ivoire. C’est à cet homme qu’Abdou Diouf a décerné le
prix Houphouet Boigny pour la paix, en disant de lui qu’il est « un homme de
cœur et de générosité dont l’engagement pour la paix a été constant et
efficace ». Fanatisé par ses rêves de grandeur, il est condamné à des guerres
interminables contre des ennemis virtuels : combattant irraisonné, conquérant
autoproclamé.
Laurent Gbagbo a sans doute des défauts, mais il lui a fallu dès le début de son
mandat, faire face à l’hostilité de Jacques Chirac et à une rébellion que je ne
saurais cautionner. Il n’a pas réfectionné son avion à coup de milliards, il n’a pas
confié des ministères à son fils, il n’a pas octroyé un budget à son épouse, il n’a
pas donné des centaines de millions en cadeau à un haut fonctionnaire, il n’a pas
érigé une statue à sa gloire. Il a fait preuve d’une grande ouverture et d’un grand
courage, pour nommer Premier ministre l’homme qui a dirigé la rébellion contre
son régime et accepter la candidature d’Alassane Ouattara, son adversaire
d’aujourd’hui. S’il perd cette présidentielle à l’issue du scrutin du 28 novembre
prochain, il en sera le grand vainqueur. Il sera, malgré tout, l’homme qui a unifié
la Côte-d’Ivoire et a permis à ce pays de renouer avec la démocratie. Le jeu
démocratique qui a permis ce ballotage au second tour, nous avons du mal à le
faire accepter par Abdoulaye Wade. C’est peut-être le génie du peuple ivoirne
d’avoir opéré des choix plus judicieux que nous, en comptant sur ses terres et
ses hommes sans se fermer aux autres. En dehors de la malheureuse expérience
que constitue « l’ivoirité », la Côte-d’Ivoire a été une terre d’accueil pour tous les
africains, y compris Abdoulaye Wade, qui y a séjourné pendant deux ans. Sous
l’impulsion d’Houphouet Boigny, les Ivoiriens ont su compter sur des
personnalités d’origines diverses pour développer leur pays.
Je suivais hier encore un document de l’Ina du début des années 80 dans lequel
l’opposant Abdoulaye Wade expliquait avec sa condescendance habituelle
pourquoi, en raison de son « tribalisme », la Côte-d’Ivoire ne pouvait pas
expérimenter le multipartisme. J’ai envie de dire aux Ivoiriens émus et choqués
par des propos aussi dégradants, que nous souffrons autant qu’eux. Cet être
étrange ne fait rien qui soit sénégalais. Il est sorti d’on ne sait quelles eaux.
Jusqu’à ce qu’il arrive en 2000, nous avons toujours mis notre diplomatie et
notre Armée au service de la paix dans le monde. Toute notre politique étrangère
est maintenant confiée à des barbouzes qui agissent dans l’ombre, ceux que
l’ambassadeur Ruffin prend le soin de dénoncer sur tous les plateaux de
télévision. Ils n’agissent pas pour l’intérêt du Sénégal, mais pour leurs propres
intérêts et ceux du clan Wade, payés pour promouvoir son fils. Interdit de séjour
en Guinée, il y a envoyé Robert Bourgi, un homme convaincu que de nos jours
encore, l’élection d’un président africain se décide au sein de cercle restreint de
l’Elysée. C’est la deuxième fois que ce franco-libanais revendique une
mission « secrète » en faveur du président Abdoulaye Wade, qu’il s’empresse
d’étaler dans les médias pour se donner grande importance. Comme lors de la
médiation qu’il aurait menée pour la libération de l’otage française Clotilde Reiss,
il a révélé les minutes de ses prétendus exploits la presse. L’homme de l’ombre
aime la lumière. Madické Niang est obligé de faire semblant d’être au cœur de
l’action, alors que son rôle se résume à celui d’un figurant.
C’est parce que je suis convaincu de l’action néfaste de ces hommes que je me
suis mis à espérer que les candidats qu’ils soutiennent échouent. Il est clair que
les pays qui tomberont sous leur contrôle grandiront leur influence et serviront la
cause de ceux qu’ils défendront demain. Or, de manière résolue, la plupart des
pays de la sous-région ont renoué avec la démocratie et la bonne gouvernance
économique, pendant que le Sénégal recule inexorablement. Avec un
empressement brouillon, Abdoulaye Wade rêve de voir partout les dictatures
prendre place, pour que son projet de dévolution monarchique du pouvoir
devienne un moindre mal. Mais il pourra toujours se consoler de l’exemple
gambien. Là-bas, quelques hommes ont décidé, à la place du peuple gambien,
que Jaya Jammeh a assez fait pour le développement de son pays, pour mériter
d’être sacré « roi de Gambie ». L’homme qui rappelle toujours sans convaincre
que sa mère est arrivée au Walo accompagnée d’esclaves nourrit sans doute la
même ambition. Mais si nous voulons empêcher qu’il le tente chez nous, nous
devons empêcher qu’il l’expérimente chez les autres.
17 Commentaires
Boy Bou Rew
En Novembre, 2010 (09:34 AM)Houps
En Novembre, 2010 (09:35 AM)Wade
En Novembre, 2010 (09:46 AM)Ndoya
En Novembre, 2010 (10:53 AM)Jes
En Novembre, 2010 (12:01 PM)Alas2
En Novembre, 2010 (12:04 PM)Mak
En Novembre, 2010 (14:32 PM)Henriette
En Novembre, 2010 (16:57 PM)Dalva
En Novembre, 2010 (16:58 PM)Le Républicain
En Novembre, 2010 (17:01 PM)Abibatou
En Novembre, 2010 (17:01 PM)Malan
En Novembre, 2010 (20:06 PM)Goloire
En Novembre, 2010 (23:13 PM)?
En Novembre, 2010 (12:49 PM)Cndoye
En Novembre, 2010 (14:49 PM)Par ailleurs retiens bien ce que je te dis ce ne sera ni la victoire de l un ou de l autre des camps qui changera la donne car l antagonisme i existant entre Bete Baoule et Dioula Gure ou entre musulmans et chretiens etc ne s effacera pas de sitot et c est dommage pour ce paradis sur terre
Spartacus
En Novembre, 2010 (23:12 PM)Badou Aliou
En Novembre, 2010 (14:35 PM)Participer à la Discussion