Les chiffres, en milliards de FCfa ou d’euros, de la coopération multiforme entre le Sénégal et la France peuvent franchement donner le tournis. Mais penser que l’argent fait le bonheur, c’est passer à côté de l’essentiel. Et l’essentiel, aux yeux des Sénégalais, est d’être traité comme des êtres humains. Le sujet, c’est de rééquilibrer l’histoire d’amour franco-sénégalaise, de crever les abcès qui font mal et d’éclairer les parts d’ombre. Car « l’histoire que nous avons en commun, elle est belle, elle est rebelle et elle est cruelle » (Président Hollande en octobre 2012 à Dakar).
Dans cette relation dite « d’une intimité rare, faite de confiance et de respect mutuel », il est venu le temps de repartir sur de nouvelles bases plus gagnantes pour chacun, de créer un partenariat équilibré dans les échanges et de redéfinir les termes de l’échange, comme cela avait été assuré par l’Elysée en janvier 2017. De décider de partager sur une base plus égale la confiance et le respect mutuel. Car cette coopération reste désespérément excédentaire en faveur de la France.
Il y a notamment le sentiment que la France ne s’est peut-être pas assez distanciée du fait colonial, notamment dans les douloureuses épreuves liées à la question du portage des droits sociaux des retraités sénégalais et à la naturalisation des Tirailleurs sénégalais et anciens combattants, qui ont contribué à la libération de la France. Dans la perception que les Sénégalais se font de leur traitement par la France à Dakar, de la question du statut des Noirs en France, du traitement des immigrés sénégalais en France, de l’histoire d’amour entre nos deux pays, percent à certaines occasions des désamours liés à des malaises, à une vision étriquée et à une absence de diversité. Il y a aussi la frustration née du manque de transparence dans la publication des accords de défense et de coopération militaire liant la France et le Sénégal, pourtant promise par le Président Sarkozy. N’ayant pas été intégralement publiés, on ne sait pas si leur renégociation en 2010 renferme des clauses secrètes.
Nous sommes francophones, nous en sommes la partie la plus diverse, la plus remuante et la plus vivante, nous rêvons et aimons en français. Mais nous avons parfois le sentiment d’être stigmatisés, discriminés et que la France n’en fait pas encore assez pour rétablir des rapports d’égalité.
Nous saluons évidemment la fin du temps de la Françafrique, de ses émissaires, intermédiaires et officines, dont on nous a dit qu’ils trouvent désormais porte close à l’Elysée. Nous nous réjouissons que la France et l’Afrique entretiennent à présent un partenariat, avec des relations fondées sur le respect, la clarté et la solidarité. Pour équilibrer et renforcer cette relation bilatérale, le Sénégal devait mener à bien toutes ses réformes structurelles. Ce qu’il est en train de faire.
Car l’aide apportée par la France, au Sénégal particulièrement, n’est pas « de la générosité, mais de la solidarité et de la compréhension devant l’avenir du pays ». C’est également une reconnaissance des efforts considérables en matière de bonne gouvernance entrepris par le Président Sall. Nous nous félicitons que les découvertes récentes et successives d’hydrocarbures (gisements de gaz et pétrole) changent la situation économique du Sénégal dans les prochaines années, et sans doute le regard des investisseurs, dont la France, sur notre pays.
En octobre 2012, le Président Hollande s’était montré favorable à une reconnaissance morale de l’esclavage, pas à une réparation financière difficilement applicable. C’est aussi ce que pense une majorité de Sénégalais et d’Africains vivant au Sénégal. Qu’en pense le nouveau dirigeant de la France en 2018 ?
Il n’est pas question ici de l’attribution de visa, qui relève strictement de la souveraineté de la France, du contrat de l’autoroute à péage qui peut être renégocié dans le dialogue, du destin du franc Cfa qui dépend de la décision souveraine des pays africains concernés, du retour du capital français dans les secteurs-clé de l’économie sénégalaise, qui tient à la nouvelle attractivité du Sénégal. Nos relations économiques sont soutenues et les entreprises françaises jouent un rôle significatif dans la vitalité économique du pays, assurant un quart du Pib et des recettes fiscales.
Mais comment expliquer que l’excédent commercial de la France avec le Sénégal est de 791 millions d’euros, soit le plus important en Afrique subsaharienne (excepté en Afrique du Sud) et parmi les 15 plus importants excédents commerciaux bilatéraux ?
10 Commentaires
Anonyme
En Février, 2018 (00:56 AM)MACKY SALL Macky Sall Macky sonalga sénégalais yii
Anonyme
En Février, 2018 (00:56 AM)Anonyme
En Février, 2018 (00:56 AM)Anonyme
En Février, 2018 (00:57 AM)Anonyme
En Février, 2018 (01:15 AM)Anonyme
En Février, 2018 (07:17 AM)Anonyme
En Février, 2018 (09:46 AM)Anonyme
En Février, 2018 (11:48 AM)A quand l’obligation pour nos autorités de mettre leurs enfants dans l’école publique?
Les politiciens de Benno sont gracieusement payés régulièrement.Les profs d’université et les enseignants du primaire et des collèges courent derrière 7 mois de salaire, soyons sérieux.
Anonyme
En Février, 2018 (12:04 PM)La nouvelle génération est beaucoup moins douée, sur plusieurs choses d'ailleurs.
Anonyme
En Février, 2018 (17:39 PM)Participer à la Discussion