Pour beaucoup, notamment les français, ce ne sont pas quelques tableaux statistiques qui rendront compte de la dimension fondamentale à la compréhension d’un système judiciaire. Aussi, arguent-ils que "la quête perpétuelle d’un classement des différents pays, même pour un objectif aussi pratique que l’évaluation de la conduite des affaires, amènera fatalement à des raccourcis simplistes, des conclusions tronquées et des préjugés tenaces". Il faut dire que dans le rapport Doing business 2006, la France a été épinglée pour ses lourdeurs bureaucratiques qui, selon les auteurs du rapport, "entraînent toujours des coûts d'opportunité importants, et 185 jours en moyenne seraient notamment nécessaires à un entrepreneur pour obtenir une licence en France". Aussi, est-elle classée 44e, entre la Jamaïque et la République de Kiribati.
Il en est ainsi des pays africains qui se placent devant de grandes puissances européennes, comme la Namibie (33e) ou le Botswana (40e). On comprend dès lors la polémique qui s'en est suivie et sur laquelle les auteurs du rapport se sont d'ores et déjà expliqué en soulignant que "les déséquilibres macroéconomiques et le taux de criminalité n'avaient pas été pris en compte".
Le rapport Doing Business in 2004 avait déjà irrité le gouvernement français, au point que le vice-président du département secteur privé de la Banque mondiale, qui supervisait les travaux, avait dû s’expliquer au ministère de la justice et au ministère des finances.
De même, pour le rapport Doing business 2006, le gouvernement algérien a-t-il officiellement contesté le classement de l’Algérie à la 123ème place et s’est déclaré ne "pas comprendre les critères de la BM au moment où d’autres organismes et non des moindres, tels que la Coface, ont revu le risque Algérie à la baisse".
Pour ce qui est du Sénégal, on n'a pas, jusqu'ici, entendu les autorités sénégalaises se prononcer sur ce rapport et sur le mauvais classement du pays. Tout au moins, certains responsables de l'Apix ont-ils, lors du récent atelier sur la grappe textile tenu à Dakar et dans le cadre duquel le classement du Sénégal dans le rapport Doing business 2006 a été évoqué, dégagé en touche et fait valoir que "le rapport n'avait pas pris en compte les données récentes du Sénégal".
Il convient cependant de relever, ici, que les responsables de l'Apix, de même que les milieux d'affaires sénégalais, ont brillé par leur absence au 5ème Forum de l'Agoa qui s'est tenu du 6 au 7 juin dernier à Washington et où il était question d'investissements et d'environnement des affaires. Tout au moins, le ministre sénégalais du Commerce Mamadou Diop Decroix y avait-il représenté le Sénégal, ainsi que son homologue des Affaires étrangères Cheikh Tidiane Gadio.
Toujours est-il qu'un pays comme le Mali, mal classé dans le Doing business 2006, s'est évertué à engager, sur instruction du Premier ministre malien et compte tenu de l’importance qu’il accorde à une bonne pratique des affaires au Mali, des réflexions pour procéder à une analyse des indicateurs « Doing Business », en vue de prendre les mesures nécessaires pour d’une part mieux informer les différents acteurs des mesures déjà prises, et d’autre part identifier et mettre en œuvre un plan d’action à court terme pour améliorer la pratique des affaires au Mali.
Le gouvernement sénégalais devrait simplement en faire autant indifféremment de la caution que l'on peut donner à tel ou tel classement, en étant conscient que les commentaires et critiques que l'on peut faire sur ces classements ne doivent pas occulter le fait que le pays doit améliorer son attractivité.
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