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Les élections locales ont vécu. Elles se sont déroulées sans
accro significatif sur toute l’étendue du territoire national. Même si la
participation n’a pas été à la hauteur des attentes, il convient de rendre
hommage au peuple sénégalais qui a fini de convaincre de sa maturité politique.
Le même hommage devrait être rendu à l’administration centrale comme
territoriale, ainsi qu’à la Commission électorale nationale autonome (Cena). Le
temps est révolu, où les fraudes pouvaient impacter significativement sur les
résultats des différents scrutins. Ce n’est vraiment plus possible au Sénégal,
même avec un ministre de l’Intérieur militant du parti gouvernemental. Pour
autant, la garde de la vigilance ne doit jamais être baissée. On ne sait
jamais.
On peut retenir, sans trop s’y appesantir, bien d’autres
leçons des élections du 29 juin 2014. La presse les a suffisamment passées en
revue. En particulier, les électeurs ne se laissent plus facilement convaincre
par les différents artifices et manœuvres des politiciens. La preuve a été
également faite qu’il ne suffit plus de se réclamer d’une religion ou d’une
confrérie pour s’attirer leurs faveurs. On retiendra aussi que les listes
citoyennes ont encore d’énormes efforts à faire pour être attrayantes. Elles ne
pèsent pas encore lourd devant les états major des partis politiques que l’on a
tendance à enterrer trop facilement. Il faut encore une longue éducation
citoyenne, pour fragiliser le bail qu’ils ont signé avec les populations.
Les élections municipales et départementales du 29 juin
dernier ont surtout mis en évidence l’échec cuisant des autorités
gouvernementales, qui ont usé de toutes les manœuvres (politiciennes) pour se
débarrasser de Khalifa Ababacar Sall à Dakar et d’Idrissa Seck à Thiès. Elles
ont vu, en particulier, la terre se dérober sous leurs pieds avec le ras-de
marée des listes parrainées par le maire sortant de Dakar. Les défaites
cuisantes d’Aminata Touré et de Seydou Guèye et, peut-être, à un moindre degré,
de celle inattendue de mon ami Abdou Latif Coulibaly, ont fini d’anéantir leurs
espoirs. La gloutonne Apr et son président en ont vraiment pris pour leurs
grades.
Il convient de s’attarder sur la victoire écrasante du maire
sortant de Dakar. Ce n’est sûrement pas en usant d’artifices ou d’autres
manœuvres politiciennes qu’il l’a engrangée. Il n’a pas, non plus, passé le
plus clair de son temps à organiser de gros meetings ou de tonitruantes
caravanes, ni à distribuer de l’argent à tout va. C’est plutôt son bilan qui a
été déterminant, c’est la qualité de sa gouvernance qui a nettement fait la
différence. C’est ce bilan et cette bonne gouvernance que les électeurs Dakarois
ont tenu à récompenser. Les observateurs attentifs ne sont pas d’ailleurs surpris
de la victoire déferlante du candidat de « Taxawu Ndakaaru » à Grand
Yoff et, pratiquement, partout ailleurs dans le Département de Dakar. Khalifa Ababacar Sall – c’est de lui qu’il
s’agit – est l’un des rares maires de Bennoo Siggil Senegaal issus des
élections locales du 22 mars 2009 à n’avoir pas déçu les attentes du peuple des
Assises nationales. Dès le début de son mandat, M. Sall a tenu à marquer sa
différence. Il ne se préoccupait pas, lançait-il très tôt aux Dakarois et aux
Dakaroises, de sa réélection en 2014, mais bien d’exécuter le mandat qui lui a
été confié. Et, contre vents et marées, il s’est mis courageusement au travail
avec, en bandoulière, une gouvernance transparente, inclusive et participative.
Il n’a donc pas usurpé sa victoire éclatante du 29 juin dernier : il l’a
bien méritée.
On dit que le Président Macky Sall est en train de lire les
résultats des élections locales de ce jour-là. Si j’étais de taille à lui
donner un conseil, ce serait qu’il s’inspire largement, désormais, de l’exemple
de celui qui a déjoué tous les pièges, toutes les manœuvres de son camp, par la
seule qualité de sa gouvernance. Il doit tourner la page encore peu
convaincante des vingt sept derniers mois pour en ouvrir une autre, débarrassée
celle-là, de toutes les toxines du système wadien qui tirent toujours le pays
vers le bas. Il doit s’affranchir des pesanteurs politiciennes pour revenir à
la Patrie, et mettre enfin en œuvre la politique « vertueuse, transparente et sobre »
pour laquelle le peuple sénégalais l’a plébiscité le 25 mars 2012.
S’il doit être réélu en 2017 ou en 2019, ce ne sera sûrement
pas avec l’Apr, ni avec l’argent, ni avec des artifices ou autres manœuvres politiciennes.
Seule la qualité de sa gouvernance, qui déterminera son bilan, sera alors de
nature à faire la différence. Il a donc intérêt à alléger sans tarder notre
administration et à la remettre à l’endroit, en la débarrassant de toutes les
scories wadiennes. En particulier, il devrait resserrer notablement son gouvernement et n’y nommer, en majorité, que
des hommes et des femmes qui ont vraiment le profil de l’emploi. Avoir gagné sa
localité ne devrait surtout pas y suffire. Les deux dames qui ont gagné
respectivement à Kaolack et à Tivaouane, n’ont pas l’étoffe pour être membres
d’un gouvernement de combat qui accélère la cadence.
Les ministres et les directeurs de services, de sociétés ou
d’agences nationales devront être jugés sur les seuls résultants engrangés dans
l’exercice de leurs fonctions, et non sur leur degré de militantisme. En
particulier, c’est faire courir d’énormes risques à l’efficacité administrative,
aux deniers et autres moyens publics que d’inciter ces derniers à se lancer en
politique politicienne. Pendant au moins quinze jours, les ministres et autres
hauts fonctionnaires ont déserté leurs services et largement utilisé les
maigres moyens de l’Etat, pour aller briguer de petites communes rurales ou
appuyer les candidats de la mouvance présidentielle. L’exemple du Directeur
général du Port de Dakar (Pad) devrait retenir l’attention et être vigoureusement
dénoncé. Cet homme a fait le tour du Sénégal pour distribuer, au su et au vu de
tout le monde, des dizaines de millions de francs Cfa, s’abritant derrière le
prétexte fallacieux que c’est son argent qu’il distribue, plutôt que les
deniers publics. Il pousse le ridicule jusqu’à demander à la presse de faire la
différence entre Cheikh Kanté – c’est de lui qu’il s’agit – Directeur général
du Port de Dakar et Cheikh Kanté baay faal de Macky Sall. Baay
faal de Macky Sall ! Depuis quand ? Khanaa après le 25 mars 2012 ! Il convient de rappeler quand
même que le candidat Macky Sall s’était époumoné pour l’enrôler, sans succès,
jusqu’entre les deux tours, quand l’homme savait que les carottes étaient
presque cuites pour le candidat Wade, son candidat. Baay faal de Macky
Sall ! Quelle honte ! Cet homme n’est vraiment pas à sa place à la
tête d’une entreprise publique aussi stratégique que celle du Pad. En tous les
cas, un jour, la lumière devrait être faite sur l’origine de sa fortune avec
laquelle il achetait manifestement des consciences.
Ce n’est sûrement pas en se lançant dans la politique
politicienne que les ministres et les directeurs de services ou d’agences
nationales assureront au Président de la République une réélection en 2017 ou
en 2019, mais bien en réussissant leurs missions à la tête des entreprises qui
leur sont confiées. Le Président Macky Sall est quand même bien placé pour
comprendre cette réalité ! Il a vécu du dedans les toxines de la
gouvernance des Wade pendant huit longues années. Il devrait comprendre qu’il a
intérêt à s’en affranchir pour être attrayant devant les électeurs. Ces
derniers n’apprécient guère la politique politicienne et folklorique,
l’utilisation des deniers et autres moyens publics à des fins clientélistes,
les nominations d’hommes et de femmes à des fonctions où ils ne sont
manifestement pas à l’aise, l’enrôlement public d’autres qui se sont distingués
dans le pillage de nos maigres ressources, etc.
L’alternance du 19 mars 2000 a été une catastrophe, un
cauchemar, une grosse désillusion. Celle du 25 mars 2012 est en train de lui
emboîter le pas, avec ses atermoiements, ses hésitations à mettre en œuvre sans
équivoque la nécessaire politique de rupture que les Sénégalais et les
Sénégalaises en attendent. C’est sur cette mise en œuvre que le Président Macky
Sall sera jugé, le moment venu. En tous les cas, d’ores et déjà, le maire
sortant Khalifa Ababacar Sall a indiqué la voie à suivre : la pratique,
tout au long de son mandat, d’une gouvernance de qualité, qui l’emporte de très
loin sur toutes les considérations politiciennes. A bon entendeur !
Dakar le 2 juillet 2014
Mody Niang,
e-mail : [email protected]
5 Commentaires
Toto
En Juillet, 2014 (10:57 AM)Mody
En Juillet, 2014 (11:04 AM)Nit Rek La
En Juillet, 2014 (11:30 AM)Merci Mody
En Juillet, 2014 (11:43 AM)Le cas cheikh kanté doit etre traité une bonne fois,d'ou prend il ses millions qu'il distribue ?
Nguène Baalma
En Juillet, 2014 (13:52 PM)Pour le cas Khalifa Sall j'invite tous les hommes et femmes détenteurs d'un mandat électif ou nominatif à s'inspirer de lui et de savoir que la meilleure manière de conserver un tant soi peu de "pouvoir" (ça ne devait pas être considéré comme un pouvoir mais plutôt une charge.) c'est de travailler, bien travailler, rien que travailler. Il n'y a pas une autre recette.
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