Dans son ouvrage intitulé « l’art de la guerre » écrit au VIe siècle avant J.C, Sun Tzu, général chinois de l’armée Wu, enseignait que « la diversion est au cœur de la bonne manœuvre ». En l’an de grâce 2013, soit deux millénaires après sa mort, l’âme du stratège chinois peut reposer en paix tant il a trouvé en Macky Sall un épigone de prestige. En effet, à l’heure où le peuple sénégalais est emporté comme fétu dans le séisme de la crise actuelle, le président de la République, exténué d’échecs, verse dans la diversion et l’enfumage.
C’est ainsi que l’actualité politique, loin d’être dominée par les vrais sujets du moment, est marquée par l’arrestation de l’ancien ministre Karim Wade à qui la justice cherche noise. Ne nous y trompons surtout pas : cet embastillage arbitraire de Karim Wade et cette prétendue traque des biens mal acquis ne sont rien d’autre que l’occupation médiatique d’un vide politique, le baroud d’un président acculé par la demande sociale. Si le président de la République s’est engagé aussi résolument dans la politique de la matraque, c’est bien parce qu’il se sait incapable de sortir notre pays de l’ornière où il s’enlise jour après jour.
Aujourd’hui, des cohortes de jeunes diplômés s’amoncellent au quotidien devant les guichets clos de l’emploi. La crise énergétique s’éternise et la crise des denrées alimentaires empire. Et face à l’ampleur du désastre, Macky Sall ne propose aucune politique à la mesure du péril, aucune vision sinon celle de l’échappatoire et de la diversion. Voici donc que pour masquer l’impuissance du pouvoir face aux vrais défis du moment, Karim Wade est jeté dans un chaudron de sorcières et traîné sous les fourches caudines de la justice. Dépeint comme un prévaricateur invétéré, estampillé délinquant économique, il devient ainsi le loup-garou d’une délirante obsession d’Etat. Au point que dans cette affaire, désormais, on respire une odeur d’abattoir.
Certes, la bonne gouvernance est, pour l’actuel pouvoir, un impératif catégorique tant le défunt régime nous aura, sur ce plan, défailli. Le régime de Wade, comme tout le monde le sait, fut vérolé par la prévarication et son règne fut jusqu’à son terme emboucané par les miasmes de la corruption. On sait que, dans nos comptes publics, nos princes d’alors ont prélevé leur dîme.
Douze années durant, des milliards auront été détournés et des scandales étouffés sous le manteau de Noé de la raison d’Etat. Aussi cette traque des biens mal acquis est-elle de prime abord tout à fait légitime. Toutefois, lorsqu’un calcul politicien en est le soubassement, il est tout aussi légitime de monter au front du refus. Ce qui, dans l’affaire Karim Wade, révolte, c’est d’abord cette facilité irrépressible avec laquelle une enquête légitime sur des biens présumés mal acquis aura roulé dans l’abjection publique un homme au mépris de sa présomption d’innocence. Nous avons tous souvenance des propos inconvenants du procureur près la CREI, le braillard et empoté Alioune Ndao, qui, à un stade encore prématuré de l’enquête, faisait déjà de Karim Wade un prévaricateur patenté.
Ainsi des déclarations à l’emporte-pièce de certains de nos ministres qui, devant la nation ébaubie, ont osé qualifier Karim Wade de délinquant économique. La présomption d’innocence, ai-je besoin de le rappeler, supplante la présomption de culpabilité en l’absence de toute condamnation par le juge. Elle est la marque même d’un haut degré de civilisation et elle doit être respectée comme une valeur précieuse et fondatrice.
Des ministres se substituant au juge pour désigner un coupable, c’est bien là une saynète de République bananière qui prouve à suffisance la sujétion de la justice sénégalaise au pouvoir exécutif. Pathétique spectacle d’une justice-lige, instrumentalisée et assujettie aux lettres de cachet du roi ! Outre la violation désinvolte de sa présomption d’innocence, Karim Wade plie sous le faix d’accusations rocambolesques qui ne relèvent que du délire onirique du procureur Alioune Ndao. Karim Wade propriétaire de l’aéroport de Malabo, Karim Wade propriétaire de Dubaï port World, et pourquoi pas Karim Wade propriétaire de la Maison Blanche pendant qu’on y est ? Il est parfois de ces choses tellement abracadabrantesques que même le dernier des jobards ne saurait gober.
Aussi incliné-je à croire que ces accusations invraisemblables participent d’une sombre entreprise de diversion initiée par le pouvoir afin de masquer son impuissance face à la forte demande sociale. Je ne suis pas entrain de défendre Karim Wade intuitu personae mais, à travers lui, je me fais l’appariteur de l’idéal d’une justice saine et impartiale. J’eusse aimé, certes, qu’il rendît compte de sa gestion plutôt controversée de la chose publique dans un procès juste et équitable.
Mais je refuse d’approuver son équarrissage par une justice téléguidée, piétinant les droits de la défense sous l’œil connivent d’une certaine presse acoquinée au pouvoir et qui tait ses turpitudes. Et puis, rappelons tout de même qu’en matière d’enrichissement illicite, Macky Sall ne saurait s’ériger en donneur de leçons tant le remugle de son passé de Wadiste lui enlève tout crédit. Dernier grand Seigneur d’un Wadisme que la postérité dépouille jour après jour de ses trucages, Macky Sall se sera grassement enrichi dans la caverne d’Ali Baba. Pauvre hère avant l’alternance politique en 2000, il est aujourd’hui à la tête d’une fortune chiffrée à plusieurs milliards FCFA et qu’aucune de ses fonctions occupées sous le règne de Wade ne saurait justifier.
Pour rappel, un ministre sous Wade touchait peu ou prou 2.000.000 FCFA mensuels dont il convient de défalquer les dépenses inhérentes à la vie de tous les jours. Faites les calculs sur une période de 8 ans et à moins d’un délire arithmomane, il vous sera difficile d’atteindre le centième de la fortune déclarée du président de la République. Macky Sall aura vraiment du mal à passer pour un chevalier blanc de la bonne gouvernance tant il a la conscience grise des ombres de l’affaire des sept milliards de Taïwan, immense scandale ruisselant du miel de la prévarication dont il semble s’être grisé. Voir l’actuel chef de l’Etat se lancer à l’assaut de l’enrichissement illicite est cocasse à souhait. Venant d’un homme dont l’enrichissement fulgurant et exponentiel est plus que douteux, c’est un peu fort de café. Pour incarner le combat pour la bonne gouvernance, il vaut mieux être un Caton qu’un Médicis.
L’affaire Karim Wade n’est donc rien d’autre qu’un kidnapping d’Etat orchestré par le pouvoir pour faire diversion. Et à l’heure où la nation sénégalaise s’enlise dans la mélasse, le barnum médiatique autour de cette affaire empoisonne le débat politique comme les colchiques d’Apollinaire. Les vrais sujets sont éludés et le calamiteux début de mandat du président de la République en est, par là même, totalement éclipsé. Macky Sall aura donc réussi son coup et il peut se frotter les mains tant il trouve dans cette situation un bienfaisant dictame. Toutefois, son sursis ne sera que de courte durée puisque le peuple sénégalais dont on loue la grande maturité ne tardera pas à débusquer ses ruses et subterfuges.
EL HADJI MALICK SALL ELIMANE DONAYE
Président du Sillon des Opinions Libérales
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24 Commentaires
Titovitch
En Juillet, 2013 (19:29 PM)PAS UN SENEGALAIS CONSCIENCIEUX NE VERSERA LA MOINDRE LARME SUR LE SORT RESERVE A CE VOLEUR FILS DE VOLEUR ET LEURS COMPLICES .
CES CRIMES ECONOMIQUES SONT UNIQUES DANS NOTRE JEUNE HISTOIRE ...
LES WADE ET COMPLICES DOIVENT PAYER LES FORFAITURES COMMISES . LES ODIEUX CRIMES ECONOMIQUES PERPETRES CONTRE NOTRE PEUPLE. AU DETRIMENT DE LA SANTE PRIMAIRE ENTRE AUTRES BESOINS ...
AVEC LE MILLIEME DES LARCINS DES WADE, MADIKE NIANG, SAMUEL SARR, OUSMANE NGOM ... LES SOINS VITAUX NECESSAIRES A LA SURVIE DE NOS COMPATRIOTES INSUFFISANTS REINAUX SERAIENT COUVERTS ...
Lala
En Juillet, 2013 (19:37 PM)mais comme dise l'adage, demain fera jour. alors les senegalais comprendront qui sont ces gens qu'ils ont elus a la tete de ce pays.
tant que macky sall essayera de toronkhal Me Abdoulaye Wade, il coulera et le senegal avec. c'est la triste verite
@titomachin
En Juillet, 2013 (19:37 PM)Coolcok
En Juillet, 2013 (20:30 PM)Swiss Diaspora
En Juillet, 2013 (20:39 PM)Xaaliss
En Juillet, 2013 (21:03 PM)Diemé
En Juillet, 2013 (21:31 PM)Coumba Toucouloor
En Juillet, 2013 (21:37 PM)Xeuss
En Juillet, 2013 (21:44 PM)Teudj
En Juillet, 2013 (21:47 PM)Seerere
En Juillet, 2013 (21:54 PM)Diiwaan
En Juillet, 2013 (22:08 PM)Doordoorate
En Juillet, 2013 (23:26 PM)Mal Acky Sall
En Juillet, 2013 (23:50 PM)Farangcé
En Juillet, 2013 (00:03 AM)Vivekarim
En Juillet, 2013 (00:16 AM)Diallo Khadim
En Juillet, 2013 (02:46 AM)Reply_author
En Juin, 2024 (21:05 PM)Ptjmkdr
En Juillet, 2013 (11:37 AM)Comme on dit la culture c'est comme la confiture moins on en a, plus on l'étale.
la prochaine fois aussi j'ouvrirais mon bescherelle et mon dico des synonymes pour vous bluffer. Ce texte c'est la caricature des moqueries racistes que nous subissions avec des phrases du style "présentement".
Ton Grand Frere
En Juillet, 2013 (13:52 PM)Toubaaab
En Juillet, 2013 (14:40 PM)Marteau
En Juillet, 2013 (14:42 PM)@marteau
En Juillet, 2013 (14:46 PM)Fghjk
En Juillet, 2013 (15:06 PM)Khalate
En Avril, 2014 (18:36 PM)Participer à la Discussion