Audiophone de prière, guide pour l’envoi des SMS « Islamo-Compatibles », « Coran électronique », « chapelet électronique », « compagnon électronique du pèlerin », instruments hétéroclites de rappel de douas (invocations) qui se déclenchent à l’ouverture ou à la fermeture des portes, petits boitiers noirs, bon marché, qui se branchent sur l’allume cigare et qui, au démarrage des voitures, font entendre des versets qui viennent s’ajouter au brouhaha urbain des grandes villes musulmanes, etc. la panoplie des gadgets électroniques de la piété musulmane s’étend et se diversifie. Ces objets fort prisés par les chauffeurs de taxi et que l’on peut aussi rencontrer en prenant les ascenseurs de certains hôtels qui s’investissent dans le « tourisme halal », conquièrent de plus en plus d’utilisateurs, renforçant ainsi l’omniprésence de l’islam dans le quotidien de nombreux musulmans. Un gadget fort élaboré, et dont le succès croit, est l’audiophone AYAT qui permet de sélectionner, en anglais et en arabe, le nombre de génuflexions nécessaires pour le type de prière souhaitée ou d’écouter en boucle des sourates du Coran pour les mémoriser. On peut également mentionner parmi ces objets électroniques de la piété musulmane, le Coran numérisé accompagné des « Hadith » (propos du Prophète Mohammed) ou le réveil portable qui donne les horaires des cinq prières avec souvent un bonus : une boussole électronique indiquant la direction de la Mecque.
Une nouvelle culture s’affirme
Le développement de ces objets, fabriqués pour la plupart en Chine et en Thaïlande, et l’engouement qu’ils suscitent, ont contribué à créer ce qu’on pourrait appeler la Société du visible islamique. La focalisation excessive sur les modes notoires d’affichage d’islam : la barbe, le hijab, le niqab, la djalaba, les minarets, les mosquées... masque cette réalité. Or, l’on peut dire que le jaillissement et le raffermissement de cette Société du visible islamique, donnent raison, a posteriori, à l’hypothèse formulée il y a 20 ans déjà, par Olivier Roy, lorsqu’il annonçait dans L’échec de l’islam politique (1992), la perte de vitesse de l’islam radical. Contrairement à ce que disent les tenants du clash des civilisations, nous continuons d’observer, en Europe et dans les pays musulmans, l’émergence et la consolidation d’une nouvelle culture détachée de la culture « islamiste-dure ». Une nouvelle culture qui s’affirme, entre autres, par un sortir « islamiquement cool » qui se développe en se diversifiant : sketchs, concerts, défilés de mode, théâtres et festivals islamiques de nouveau genre. Car même si nous assistons à une réislamisation dans les sociétés musulmanes, cette ferveur a su renégocier une autre orientation. Elle a opéré une distanciation avec les idéologies rigoristes et les interprétations littéralistes. Elle a tracé des réaménagements dans les rapports entre les musulmans et leurs autorités religieuses… autant de paramètres qui fondent une opposition à l’islam des fondamentalistes, partisans du conflit irréductible entre l’islam et l’occident.
Islam mondialisé
Par les gadgets islamiques et par la culture « islamicly correct » (donc Halal), les musulmans en occident s’engagent dans la redéfinition de l’identité musulmane pour capter l’attention différemment. Ainsi, nous rentrons dans un nouvel âge de l’islam : Islam mondialisé. Une des caractéristiques de ce que nous appelons Islam mondialisé est qu’il se développe selon des formes modernes de la religiosité inhérente à la mondialisation : adhésion individuelle et directe, sites Web… Il est par exemple aujourd’hui possible de devenir adepte d’une confrérie musulmane en cliquant sur les liens Internet. On passe d’un islam transnational, lié aux questions migratoires, à un islam globalisé. Les musulmans en Europe et ailleurs inventent d’autres modalités d’appartenance et de participation à l’institution islamique que celles proposées dans les années 90-2000 (les mosquées, les associations culturelles et cultuelles, les rencontres et conférences classiques…). Cette participation promettait un salut lointain, rigoriste et impalpable; là ou désormais l’islam mondialisé (internet, gadgets..) propose le bien être consommable. On passe donc d’un islam militant à un islam d’usagers car l’islam dur est délégitimé socialement et internationalement.
L’islam numérique
Ce nouvel islam du paraître participe à l’espace public global et propose de sortir du « bricolage » du passé. La relation à l’islam ne s’arrête plus à la formulation de convictions doctrinales. Elle s’exprime sous la forme complexe d’énoncés ayant la nature de la foi mais aussi de jugements qui rapportent à d’autres champs d’existence, en particulier à la société globale. Cet islam de l’internet et des gadgets, ce paraître cool et branché participent ainsi d’une quête identitaire, d’un besoin d’islam, d’une spiritualité musulmane qui visent à se démarquer de la religiosité des islamistes : un islam conservateur, puritain et prédicant. Le passage de l’islamisme au post-islamisme a entraîné un glissement des comportements qui autrefois s’apparentaient à la « croyance », à des conduites qui, aujourd’hui, relèvent davantage de la « foi ». Il y a là deux modes différents de cognition : l’islamisme implique une réception passive du savoir tandis que le post-islamisme (islam numérique-d’internet-individualiste) s’inscrit dans un travail d’acquisition actif et individuel. Autrement dit, dans le premier cas la connaissance est reçue, dans le second cas elle est construite. Cette distinction épistémologique qui recoupe le partage actuel des générations musulmanes entraîne, à son tour, deux formes différentes de participation religieuse : pré-réflexe dans un cas ; volontaire et consciente dans l’autre. L’islam mondialisé est un islam qui rejoint les modes de convivialité, de sociabilité, de vivre-ensemble de la société globale. C’est un islam sans intermédiaires religieux, ou politico-religieux, c’est un islam individualisé. C’est une sorte de spiritualité horizontale qui est elle-même en opposition à la spiritualité verticale (la relation entre le croyant-intermédiaire-maître, cheikh, celle des islamistes….)
En définitive, le nouvel ethos islamique et ces gadgets qui relient l’islam à l’évolution électronique semblent être deux moyens d’opposition au modèle religieux « islamiste » et aux discours publics stigmatisant l’islam et les musulmans d’une manière générale, aussi bien dans des sociétés musulmanes que dans des sociétés non-musulmanes.
Professeur Khadiyatoulah FALL,
Professeur chercheur titulaire CERII et CELAT( Québec, Canada)
Docteur Mouhamed Abdallah LY,
Assistant de recherche IFAN-CAD ( Dakar, Sénégal)
Chercheur post doctoral CERII et CELAT
Une nouvelle culture s’affirme
Le développement de ces objets, fabriqués pour la plupart en Chine et en Thaïlande, et l’engouement qu’ils suscitent, ont contribué à créer ce qu’on pourrait appeler la Société du visible islamique. La focalisation excessive sur les modes notoires d’affichage d’islam : la barbe, le hijab, le niqab, la djalaba, les minarets, les mosquées... masque cette réalité. Or, l’on peut dire que le jaillissement et le raffermissement de cette Société du visible islamique, donnent raison, a posteriori, à l’hypothèse formulée il y a 20 ans déjà, par Olivier Roy, lorsqu’il annonçait dans L’échec de l’islam politique (1992), la perte de vitesse de l’islam radical. Contrairement à ce que disent les tenants du clash des civilisations, nous continuons d’observer, en Europe et dans les pays musulmans, l’émergence et la consolidation d’une nouvelle culture détachée de la culture « islamiste-dure ». Une nouvelle culture qui s’affirme, entre autres, par un sortir « islamiquement cool » qui se développe en se diversifiant : sketchs, concerts, défilés de mode, théâtres et festivals islamiques de nouveau genre. Car même si nous assistons à une réislamisation dans les sociétés musulmanes, cette ferveur a su renégocier une autre orientation. Elle a opéré une distanciation avec les idéologies rigoristes et les interprétations littéralistes. Elle a tracé des réaménagements dans les rapports entre les musulmans et leurs autorités religieuses… autant de paramètres qui fondent une opposition à l’islam des fondamentalistes, partisans du conflit irréductible entre l’islam et l’occident.
Islam mondialisé
Par les gadgets islamiques et par la culture « islamicly correct » (donc Halal), les musulmans en occident s’engagent dans la redéfinition de l’identité musulmane pour capter l’attention différemment. Ainsi, nous rentrons dans un nouvel âge de l’islam : Islam mondialisé. Une des caractéristiques de ce que nous appelons Islam mondialisé est qu’il se développe selon des formes modernes de la religiosité inhérente à la mondialisation : adhésion individuelle et directe, sites Web… Il est par exemple aujourd’hui possible de devenir adepte d’une confrérie musulmane en cliquant sur les liens Internet. On passe d’un islam transnational, lié aux questions migratoires, à un islam globalisé. Les musulmans en Europe et ailleurs inventent d’autres modalités d’appartenance et de participation à l’institution islamique que celles proposées dans les années 90-2000 (les mosquées, les associations culturelles et cultuelles, les rencontres et conférences classiques…). Cette participation promettait un salut lointain, rigoriste et impalpable; là ou désormais l’islam mondialisé (internet, gadgets..) propose le bien être consommable. On passe donc d’un islam militant à un islam d’usagers car l’islam dur est délégitimé socialement et internationalement.
L’islam numérique
Ce nouvel islam du paraître participe à l’espace public global et propose de sortir du « bricolage » du passé. La relation à l’islam ne s’arrête plus à la formulation de convictions doctrinales. Elle s’exprime sous la forme complexe d’énoncés ayant la nature de la foi mais aussi de jugements qui rapportent à d’autres champs d’existence, en particulier à la société globale. Cet islam de l’internet et des gadgets, ce paraître cool et branché participent ainsi d’une quête identitaire, d’un besoin d’islam, d’une spiritualité musulmane qui visent à se démarquer de la religiosité des islamistes : un islam conservateur, puritain et prédicant. Le passage de l’islamisme au post-islamisme a entraîné un glissement des comportements qui autrefois s’apparentaient à la « croyance », à des conduites qui, aujourd’hui, relèvent davantage de la « foi ». Il y a là deux modes différents de cognition : l’islamisme implique une réception passive du savoir tandis que le post-islamisme (islam numérique-d’internet-individualiste) s’inscrit dans un travail d’acquisition actif et individuel. Autrement dit, dans le premier cas la connaissance est reçue, dans le second cas elle est construite. Cette distinction épistémologique qui recoupe le partage actuel des générations musulmanes entraîne, à son tour, deux formes différentes de participation religieuse : pré-réflexe dans un cas ; volontaire et consciente dans l’autre. L’islam mondialisé est un islam qui rejoint les modes de convivialité, de sociabilité, de vivre-ensemble de la société globale. C’est un islam sans intermédiaires religieux, ou politico-religieux, c’est un islam individualisé. C’est une sorte de spiritualité horizontale qui est elle-même en opposition à la spiritualité verticale (la relation entre le croyant-intermédiaire-maître, cheikh, celle des islamistes….)
En définitive, le nouvel ethos islamique et ces gadgets qui relient l’islam à l’évolution électronique semblent être deux moyens d’opposition au modèle religieux « islamiste » et aux discours publics stigmatisant l’islam et les musulmans d’une manière générale, aussi bien dans des sociétés musulmanes que dans des sociétés non-musulmanes.
Professeur Khadiyatoulah FALL,
Professeur chercheur titulaire CERII et CELAT( Québec, Canada)
Docteur Mouhamed Abdallah LY,
Assistant de recherche IFAN-CAD ( Dakar, Sénégal)
Chercheur post doctoral CERII et CELAT
20 Commentaires
Absa
En Mars, 2012 (23:21 PM)Boubacr
En Mars, 2012 (00:18 AM)Mamita87
En Mars, 2012 (01:21 AM)Zale Ndao
En Mars, 2012 (03:19 AM)Ibnou4
En Mars, 2012 (04:03 AM)C est un livre important
bravo m Ly et prof fall
Tiernoh
En Mars, 2012 (04:24 AM)Article intéressant
Sène
En Mars, 2012 (04:57 AM)Izthimi
En Mars, 2012 (06:30 AM)Boybargny
En Mars, 2012 (09:32 AM)facilitateurs qui peuvent nous permettre de nous rapprocher de notre religion.Cependant cela devrait etre
accompagne d'un effort personnel et profond de vouloir parfaire sa foi.Il ne sert a rien de d'avoir un
ordinateru ou on peut entendre l'appel de la priere du fajar et ensuite ne pas se lever pour prier.
On peu avoir t toutes les sourahs du coran dans nos ordinateurs, mp3 et autres gadgettes mais si on ne
prend pas le temps de les lire les comprendre et les appliquer, cela ne servirai a rien.
Le monde change et la technologie de meme, mais les bases et les fondemens de la foi musulmane demeurent les meme.
Je lance un appel a tous mes amis jeunes senegalais moi y compris de faire un effort d'apprendre de
comprendre et d'appliquer notre religion.
Je m'excuse des fautes, I am tired , just get back form work...
Jai le software athan dans mon ordinateur qui me permet d'entendre l'appel de la prirere, mais je ne vais pas
me coucher. Satan va en profiter pour m'endormir et me faire rater la priere du fajr.
Boy Bargny in da building and this the way I do it.
Allah co mojo Allah co mojo Allah co mojo Allah co mojo
Yo Allah Suureen.
Bigus
En Mars, 2012 (11:09 AM)Diop
En Mars, 2012 (12:00 PM)Foufon
En Mars, 2012 (12:37 PM)Samirba
En Mars, 2012 (15:09 PM)Macche
En Mars, 2012 (16:24 PM)UN COLLOQUE INTERNATIONAL ET INTERDISCIPLINAIRE ORGANISÉ PAR MAMADOU NDONGO DIME KHADIYATOULAH FALL MOUHAMED ABDALLAH LY SUR LA PROBLÉMATIQUE INDUSTRIELLE, COMMERCIALE, RELIGIEUSE ET IDENTITAIRE DU HALAL
Perlo
En Mars, 2012 (18:12 PM)J'ai des logicels que j'utilise tous les jours, appelle a la pieres; recitation du Coran, les Hadiths, sans compters les
Khassayides... Moi de je dis Al Khamdou Allah.
Diaretou
En Mars, 2012 (19:18 PM)Bravo
Atoumane Fall
En Mars, 2012 (20:01 PM)Kaidara
En Mars, 2012 (22:14 PM)brao pour votre originalité
Khalidhou
En Mars, 2012 (00:54 AM)A la porte tous ces universitaires du pays chasseurs de contrats qui ne donnent pas leurs cours
Ismaleye
En Mars, 2012 (03:18 AM)Monsieur Fall, je vis en Allemagne et je vous admire
Votre article avec M Ly est bien et sort des lieux communs actuels sur l'islam
Après votre article sur le discours de Rastibonne, j avais dit que vous étiez un intellectuel pur sang Je le redis
Comme d'autres réactions plus haut je vous demande de prendre position sur la situation politique actuelle au Sénégal.
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