Quand ils sont dans le désarroi les hommes politiques s’accrochent à des paroles magiques pour essayer de retrouver des rêves grandioses, un semblant de sérénité et d’équilibre. Après une journée sans pain, peut-être faudrait-il instaurer une journée sans Wade. Car l'ubiquité du chef de l'état crée une telle mise en abysse qu'on le croirait sorti tout droit des effets spéciaux de "X-Men" ou "Matrix", comme ces créatures se scindant ou se démultipliant à volonté. Est-ce lui qui est comme ça? Ou bien est-ce nous qui avons fumé la moquette? Cette absence de discipline brouille l'image d'un président dont le défi consiste à ne pas handicaper son camp tout en continuant à exister politiquement. WADE, un président qui veut conduire sa présidence pied au plancher en ne laissant à personne d'autre le soin de tenir le volant, a plutôt intérêt maintenant à ralentir, non pas pour renier ses promesses d'électorales et autres, mais pour s'assurer que les passagers, faute de savoir où tout cela les mène, ne sont pas descendus en marche. Selon la formule du marketing politique aujourd'hui en vogue, il y a un "récit" présidentiel à reconstituer.
Autant les libéraux se sentaient le vent en poupe dés le début de l'alternance, autant ils se la jouent modestes après les élections locales derrière lesquelles le président se voit dessiner une possible retraite politique avec pour perspective de ne plus réellement peser sur sa fin de parcours. L'ancien opposant devenu président en 2000 ne ratait jamais l'occasion entre poire et fromage d'attirer l'attention du monde sur la manière des socialistes de dépenser les sous des sénégalais. Ces millions de francs à l'époque, cela représentaient une sérieuse hypothèque prise sur le mode de vie et l'avenir de nos enfants était-il dit en substance. Des années plus tard, avec l'avènement de l'alternance, la boule de neige a largement doublé. On ne parle plus que de milliards qui sont certes choses fort sympathiques et non négligeables pour alimenter une certaine classe sociale au détriment de la majorité du peuple. Or le pouvoir actuel ne constituera pas vraiment le meilleur produit d'appel pour la majorité des sénégalais désormais déçue par les actes de l'alternance. Les promesses tardent à être réalisées. Et pour ne rien arranger nous avons vécu des feuilletons dont les dénouements n'ont fait que nous apporter des éléments supplémentaires de mystère. Répondre aux inquiétudes des Sénégalais tout en se montrant le plus incolore possible voila à quoi devrait s'employer le président WADE. A la place d'un appel au dialogue national dont je ne crois point, les Sénégalais préfèrent une autre manière de communiquer et de faire de la politique. Ils souhaitent une relation permanente avec le gouvernement dans la gestion quotidienne des soucis économiques et sociaux. Ils exigent qu'on leur résolve les problèmes de bases plutôt qu'on leur fasse des promesses auxquelles plus personne ne croit. Ils aspirent à la simplicité et à la lisibilité dans l'action contrairement à ce qui leur est proposé. Exercice d'autant plus délicat que les contextes actuels n'autorisent aucune annonce qui en échouant plomberait de surcroît le PDS et ses alliés en 2012. Dans un pays où tout, même le pire peut arriver, les situations les plus invraisemblables finissent par être banales. Mais voilà qu'avec toute cette situation, les libéraux se livrent à un exercice de déresponsabilisation sur fond de crise latente en nous faisant vivre des moments de foires et de bazars. Le bon sens, cette faculté de juger sainement dans les circonstances ordinaires et pratiques de la vie, manque considérablement chez bon nombre de nos politiciens y compris chez ceux qui se targuent d'en avoir le monopole. Soyons francs pour reconnaître que depuis l’indépendance des maux nous empêchent d’avancer et d’étaler l’imagination de notre peuple. Sinon nous nous mentons à nous-mêmes. Une politique ne peut se vendre que si elle s’incarne dans des symboles porteurs d’avenir. Il ne s’agit pas de sombrer dans l’abandon et l’insouciance, de pleurnicher que le Sénégal va mal. Il faut contrer tous ceux qui veulent nous prouver que c'est dans un pays des foires, bazars et polémiques que se crée les grandes richesses comme dans un Sénégal d'aujourd'hui. Tous ces feuilletons politico -judiciaires fournissent l’occasion de regarder plus loin que ses orteils. Et de se convaincre que l’association d’idées, de savoirs et de visions génère aussi sa part de rêves. Tout le monde le sait mais nul ne l’avoue. Mais il devient urgent de tirer sur le signal d'alarme, de développer l'effet de pédagogie nécessaire afin de faire comprendre à nos compatriotes que chaque franc Cfa dépensé est utile au peuple, que le Sénégal n'est pas en mesure de vivre au dessus de ses moyens, que les facilités et le laxisme d'aujourd'hui constituent les impôts de demain. Houleuse et mouvementée, l'histoire de notre pays démontre que c'est à chaud que des réformes et bouleversements d'ampleur sont en effet nécessaires pour revoir l'architecture des pouvoirs, leurs fonctionnements, et leurs manières de s'équilibrer les uns des autres. A froid c'est compliqué. Le contexte doit évoluer, le Sénégal est comme frappé de sclérose institutionnelle. Des propositions genres nouvelles doivent être retenues et mises en oeuvre pour contribuer enfin à la séparation des pouvoirs. Le parlement retrouverait ainsi sa dignité et l'exécutif serait moins soumis à la tentation du hold-up des institutions dans lequel le président WADE s'est voluptueusement coulé après l'avoir si longtemps attaqué. Toute cette situation ouvre un boulevard à ceux qui se croient capables d'entrer dans le cercle restreint des présidentiables. Ils devront compenser une fulgurante ascension par un art surhumain de l'équilibre. Car ils ne doivent pas fauter aux yeux de l'opinion, adepte de la gestion saine, en évitant aussi de froisser un WADE qui n'a nullement envie d'être relégué au magasin des accessoires, lui qui a passé 26 années dans l'opposition et qui eu à gérer la fin de règne socialiste.
Seulement, amis politiciens, vous êtes très amnésiques en oubliant les cris d'angoisses qui proviennent du fond des urnes. Rendons grâce à ALLAH qui, un jour viendra, ne vous demandera pas la marque de vos voitures de fonctions mais vous demandera si vous avez donné au peuple des moyens de transports. IL ne vous demandera pas le nombre de vos gardes du corps mais IL vous demandera si votre population était en sécurité. IL vous demandera si les Sénégalais mangeaient à leur faim et se soignaient facilement. IL ne vous demandera point le nombre de vos comptes bancaires et de vos biens immobiliers, mais vous demandera l'origine de votre argent. IL ne vous demanderas pas la fréquence de vos visites aux chefs religieux mais voudra savoir si vous rendiez visite à vos parents, aux mosquées, aux hôpitaux, aux écoles etc.... D'autres questions vous seront posées avec des réponses claires. Mais avant et quelque soit l'épaisseur du pouvoir, du poids de ses hommes, de leurs intentions saines ou malsaines, la vie finit toujours par triompher, par ressusciter et par éliminer une à une les semences jetées sur les sillons de notre cher Sénégal. Il n'y aura pas de plan "B".
Mamadou Oumar WANE
Consultant Cabinet Audits Qualité Clients Réseaux Télécoms
Conseiller en communication<14>[email protected]
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