L’ambiance qui a régné ce vendredi 15 mai à l’hémicycle lors de l’examen en plénière du projet de loi portant création du poste de vice-président au Sénégal peut pousser les sénégalais à se poser la question de savoir comment Karim Wade devra s’y prendre lorsqu’il sera en position de défendre le budget de son ministère majuscule devant la représentation nationale où il ne compte pas que des frotte-manches. Tout porte à croire que les députés de l’opposition prendront un malin plaisir à lui poser leurs questions en wolof pour le soumettre à un supplice qui édifiera définitivement les sénégalais sur cette question. Mis à part le slogan « Fii ñooko moom » dit dans un accent bien de chez De gaulle qu’il a scandé tout au long de la campagne électorale de mars 2009, il n’a jamais glissé le plus petit mot en langue nationale sous la mâchoire pour que ma tante, Mame Maï, restée là-bas aux fins fonds arriérés du Cayor puisse le comprendre. S’il est vrai que Karim ne comprend aucune langue vernaculaire de ce pays, ses flagorneurs devraient se ressaisir et multiplier les prétentions qu’ils lui prêtent par zéro car, quel que soit ce qu’en disent les courtisans qui forment sa cour, la langue restera un système de communication propre à une communauté humaine. Et d’ailleurs, au pays de sa maman, pour acquérir la nationalité française la loi du 26 novembre 2003 relative à la maîtrise de l’immigration, au séjour des étrangers en France et à la nationalité exige bien une connaissance minimale de la langue française.
C’est dire qu’il faut en finir avec l’hypocrisie consistant à soutenir que la non maîtrise de la langue nationale ou d’une autre langue vernaculaire ne doit pas empêcher Karim d’avoir des ambitions présidentielles ; c’est même une entrave sérieuse à l’exercice de ses hautes fonctions actuelles car, les sénégalais qui sont les bénéficiaires directs des actions des membres du gouvernement ne peuvent pas tout le temps recourir aux services d’un traducteur pour déchiffrer les propos des ministres. Toutes choses qui justifient la diffusion des informations au niveau des radios et télévisions de la place aussi bien en français qu’en d’autres langues parlées à l’intérieur du périmètre national. Le fait que le fils de son père soit le seul et unique membre du gouvernement à s’exprimer exclusivement en français fait de lui un ministre bien spécial et ils sont bien nombreux, les membres de l’actuelle équipe gouvernementale, à en rire à gorge déployée hors antenne.
Tous ceux qui connaissent le profil des grands hommes qui ont fait l’histoire politique du Sénégal sont dégoûtés d’entendre des courtisans battre campagne, avant l’heure, en faveur d’un enfant gâté qui s’amuse avec l’argent du contribuable comme bon lui semble et s’adresse aux sénégalais soit par sa langue maternelle, soit par le langage des signes. Me Wade est incontestablement du nombre de ces grandes figures qui ont marqué les esprits par leur combativité et leur détermination et nul n’ose lui denier son mérite pour avoir bataillé dur et très longtemps avant d’arriver au pouvoir. Seulement, en prenant soin de mettre son fils aimé à l’abri des brimades qui ont rythmé les années de braise du PDS, il devait aujourd’hui, par rectitude, promouvoir et protéger ceux qui ont combattu hier à ses côtés, partagé avec lui les grenades lacrymogènes, les persécutions ainsi que les durs moments de la prison de Rebeuss et sont aussi compétents voire plus brillants que Karim.
Libasse Wade
Cambérène – Dakar [email protected]
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