Le splendide sourire d’une femme n’est pas toujours expression de flamme et soupirs !
Chers nouveaux élus,
Beaucoup de Sénégalais qui ne sont pas forcément vos militants, ont voté pour vous, sans connaître un seul mot de votre programme. Parmi eux, il y’en a peu qui aient entendu parlé des compétences transférées. Par conséquent, nombre d’entre eux ne savent pas ce que vous pouvez et ce que vous ne pouvez pas faire. Pourquoi ont-ils voté pour vous alors ? Ce singulier état des choses, nous paraît appeler quelques réflexions.
Les Sénégalais dessillés par, la grossièreté des innombrables dérives du pouvoir libéral, la désacralisation scandaleuse de nos institutions, le cirque affligeant de ces hommes politiques tortueux, jusqu’aux plus extrêmes, soucieux uniquement de leur gloire personnelle, au point d’en perdre toute mesure. Alors ils ont voulu couper court à ce processus de dualisation criante de notre société qui, ressemble étrangement à un casino, où une mince élite crée de toute pièce par l’Alternance, gagne à tous les coups tandis que l’écrasante majorité se ruine davantage tous les jours. Une telle société court inexorablement à sa perte.
Notre désamour des libéraux et de leur chef historique, est né de l’avortement des immenses espérances que nous avions placées en eux !
Ils nous ont étonnés par leurs frivolités, leur arrogance. Et le cynisme sans bornes de ces puissants « Spins Doctors » qui tentent désespérément de faire passer des chandelles pour des étoiles n’est pas pour arranger les choses.
Quand nous les signalons la misère sociale qui diffuse, la précarisation de fractions alarmantes de la société, la coagulation des frustrations et des colères, les légitimes inquiétudes des Sénégalais, quant à l’avenir politique que nous réserve notre Wadeléon, ils s’en vont vous seriner la vieille rengaine inaudible des réalisations présidentielles, en battant du tambour, en sonnant de la trompette. Qui se nourrit de l’asphalte ?
Nous n’avons que faire, d’infrastructures de plus de trois cent milliards, qui côtoient par un contraste virulent et indécent, des structures hospitalières qui manquent de tout, même d’oxygène à 45.000 CFA la bouteille, indispensable aux blocs opératoires et aux salles d’accouchement. La mère qui donne la vie dans ces structures fantômes, risque tout simplement d’y laisser la sienne. Abominable aberration! Insupportable provocation !
Cette obscénité faite au sort des structures hospitalières s’accomplit tranquillement, malgré les cris de détresse des blouses blanches, qui sont à la fois outrés par le cynisme brutal des responsables de ce mal, mais aussi étonnés de la torpeur stoïque des populations, uniques victimes de ce crime odieux ! Est-ce qu’un homme juste et honnête peut rester impassible devant une telle absurdité ? Voilà les genres de situation qui vous transforment une couleuvre en un Dragon qui crache le feu, un pacifiste républicain en un révolté intraitable devant l’éternel.
Vous savez, les vrais hommes politiques craignent légitimement, l’épouvantable malentendu qui peut surgir des épaisseurs de la colère populaire. Une partie de vos électeurs est constituée de sénégalais furieux et de quiconque s’est brouillé avec l’alternance. Ils sont furieux de voir leur rêve d’un nouvel ordre social plus juste plus équitable, d’une société authentiquement démocratique, d’où serait banni l’utilisation du pouvoir comme source d’enrichissement sans équivalent et d’assouvissement de gloire personnelle, partir complètement en fumée. Des rats d’église qui, en 2000 seulement, au mieux des cas, dînaient au « Tangana » du coin et s’habillait chez le marchand du décroches moi ça, sont devenus des Nababs arrogants et désinvoltes, qui font la bamboula à la barbe et au nez de leurs concitoyens qui souffrent de la misère qui s’accentue toujours. Consternant et hallucinant !
Le 19 Mars 2000, cette lumineuse page de notre histoire politique était un espoir. Le rêve a tourné au cauchemar. On ne le dira jamais assez !
Le 22 Mars, est un désaveu formel infligé à ceux qui ont voulu croire, qu’on forçait le destin avec des rodomontades, des injures, de l’arrogance et du mépris, en se défaussant inlassablement sur les quarante ans de socialisme. Nous ne doutons pas un seul instant, que ce tournant décisif aura pour effet immédiat, d’endiguer toute velléité future de poursuivre ce délire d’ignorer, d’insulter, de mépriser l’opposition républicaine. L’unique raison pour laquelle, nous la décrétons républicaine est que nous l’avons jamais surprise, en train de perdre son sang froid jusqu’à demander aux enfants des autres d’attaquer les forces de l’ordre avec « des chaînes de vélos », ou vouloir imposer au fonctionnement des institutions la logique de la rue. La violence quelque soit son point d’application dans une société civilisée est un échec virulent.
Alors chers nouveaux élus, ce clin d’œil est un espoir et non un chèque en blanc. Si vous faites comme ils ont fait, nous ferons avec vous comme nous avons fait avec eux ! Une nouvelle citoyenneté, qui en veut pour son vote, est déterminée à en finir avec la duplicité infernale de certains hommes politiques. Ce que nous attendons de vous ce n’est pas sinécures et strapontins ou « secours » distribués en grande pompe à la veille de certaines fêtes nationales, mais une gestion honnête et transparente des affaires de la Cité. Les Sénégalais ne croient plus aux messies, mais plutôt à une force plurielle pour les gouverner. Efficiente stratégie d’endiguement pour empêcher qu’un aventuriste compliqué d’un satrape, ne s’installe à la plus haute station de la République et transforme ce pays en une gigantesque foire d’empoigne, en allumant des convoitises et des folies incroyables ! Nous ne pouvons plus accepter que des intérêts claniques puissent primer sur les intérêts supérieurs de la Nation. De ce point de vue, votre victoire emblématique coïncide avec des aspirations unitaires. Nous nourrissons un authentique espoir que vous pouvez faire les choses autrement dans l’unité.
Le danger qui vous guette, ne vient pas uniquement de Wade, comme le croient certains. Il est dans la dispersion des forces, car une coalition éparse est une armée paralysée. Il est dans le droit qu’a chacun de tirer de son côté, dans l’anarchie des volontés, dans la mise en poussière des « faiblesses réunies » que vous êtes, pour ainsi reprendre la belle expression de Talla Sylla. Méfiez vous des transparences trompeuses de l’égoïsme partisan. « Aucun parti politique ne peut gagner seul des élections dans ce pays », disait un célèbre opposant. Mettez vous d’accord. La situation gravissime du pays en vaut la peine. Travaillez avec un dynamisme féroce et inlassable, mais aussi expliquez, toujours expliquez, encore expliquez aux citoyens de vos territoires communaux, ce que vous voulez faire et comment vous comptez vous y prendre dans la transparence. L’heure du bilan sonnera inexorablement ! Et ce nouveau type d’électeur, implacable juge et prédateur des politiciens prédateurs, vous tient à l’œil ! Ecoutez les suggestions de ceux-là qui, vous ont faits l’honneur de ceindre l’écharpe municipale. Prenez les en considération si vous pouvez. Car avancer avec la certitude d’une flèche, qui ne voit que son but et y va, est une grave erreur. Ne prêtez pas trop l’oreille à vos partisans, vous risquez de sombrer dans le favoritisme mesquin ou dans des convulsions militantes inopportunes
Oh gens d’en haut, méfiez vous des gens d’en bas ! Ils vous ont aidé à monter, ils vous aideront à descendre, ou tout simplement vous descendront. Terrifiante perspective ! Il vaut mieux descendre que de se faire descendre. Souvenez vous toujours que ceux qui vous ont faits cerfs volants, vous tiennent par la corde infrangible du calendrier républicain, par la puissance efficiente et fatale de la « deuxième carte », désormais plus jalousement gardée que la première ! Ayez toujours à l’esprit l’inexorabilité du calendrier républicain, la nouvelle citoyenneté incorruptible de ce nouveau type d’électeur qui en veut pour son vote, et de surcroît déterminé à mettre un terme à ce pathétique cirque qui n’amuse plus personne dans ce pays !
Un électeur indépendant qui en veut pour son vote !
Ass Malick NDOYE
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