Le 22 mars 2009, le suffrage universel direct a nettement tranché, en confiant les destinées de la Mairie de Dakar à la Coalition Benno Siggil Senegaal. Celle-ci a mis en place un conseil municipal, qui a lui-même porté Khalifa Ababacar Sall à sa tête. Le maire Sall est l’un des rares chefs de collectivité locale de Benno Siggil Senegaal – en tout cas à ma connaissance –, qui mette en œuvre une gestion de rupture, une gestion transparente et participative. Dès le lendemain de son installation officielle, il a donné le ton en déclarant que sa préoccupation n’était pas sa réélection en 2014, mais plutôt de respecter les engagements qu’ils a pris devant ses compatriotes qui lui ont fait confiance, à lui et à son équipe. Ce n’est pas courant d’entendre une telle déclaration dans la bouche de nos élu (e)s, obnubilé (e)s plutôt par un second ou un troisième mandat.
Le Maire Sall et son équipe ont consacré 80 % du budget (2010) de la Mairie à l’investissement et 20 % au fonctionnement. Les collectivités locales ne nous ont pas habitués à une telle performance : elles consacrent plutôt le gros de leur budget à payer des gens souvent à ne rien faire, à entretenir le cabinet du maire et les jardins de la mairie, à distribuer des secours à des « indigents » triés sur le volet, etc. Il ne reste alors que des miettes à consacrer à l’investissement. Les actions de l’équipe municipale de Dakar en faveur de l’éducation et de la santé – secteurs prioritaires – sont aussi une véritable révolution. Sans compter qu’il est loisible à tout citoyen de consulter le site de la Mairie pour accéder à toutes les informations concernant sa gestion.
Ce qui est encore remarquable et mérite d’être souligné, c’est qu’après un an de gestion, le Maire Sall s’est publiquement adressé aux citoyens en général et à ses électeurs en particulier, pour les « remercier et (leur) renouveler (son) engagement à porter (son) mandat avec le souci permanent de la parole donnée et de la transparence, tout en partageant avec (eux) le déroulement de l’action municipale ». Á l’époque, je n’avais pas pu m’empêcher de réagir, et je l’ai fait en ces termes :
« Nos élu (e)s, de la majorité présidentielle comme de l’opposition, ne nous ont pas habitués à un tel degré de transparence dans leur gestion. L’exemple de M. Sall et de son équipe mérite donc d’être salué, encouragé et vigoureusement soutenu. Ce qui ne me semble pas être tout à fait le cas, surtout de la part des responsables de Benno Siggil Senegaal. Je ne les ai pas souvent entendus s’exprimer publiquement sur cette gestion de rupture. Je ne crois pas, non plus, qu’ils se soient déplacés pour aller le féliciter, lui et son équipe. Cette dernière (heureuse) initiative serait pour eux l’occasion d’encourager la gestion de rupture, puis de flétrir vigoureusement le statu quo. Il ne sert à rien de changer les femmes et les hommes, si les méthodes de gestion restent désespérément les mêmes. »
Je ne me suis pas alors arrêté en si bon chemin et poursuivais : « J’insiste sur la nécessité d’appuyer le Maire Sall et son équipe : ils font face à un adversaire redoutable, un politicien pur et dur, un homme de clan et de coterie, doté de moyens immenses dont il use et abuse sans état d’âme. Un adversaire déloyal qui, malgré des apparences bavardes et trompeuses, lui mettra toujours des bâtons dans les roues. »
Nous étions en fin avril 2010. Un peu plus de quatre mois après, le politicien pu et dur et un de ses hommes liges me donnent tristement raison. Foulant aux pieds les lois et règlements en vigueur et, en particulier, la Constitution, ils frisent le ridicule en s’opposant à une délibération régulière du Conseil municipal de Dakar. L’homme lige, ce docteur qui ne voit pas plus loin que son nez en matière de gestion administrative, se lance dans des accusations aussi idiotes que graves : il y aurait dans la démarche du Maire Sall et de son équipe, « une tentative de détournement de deniers publics ». Ce qui leur a valu d’ailleurs l’ouverture d’une information judiciaire annoncée dans le communiqué du Conseil des Ministres du 16 septembre 2010. En balade aux Etats-Unis d’Amérique, plus exactement dans le petit et lointain État du Vermont, notre président politicien charge encore plus copieusement le Maire Sall et ses collègues.
Appuyant son ministre, il déclare que « cette affaire (d’achat de terrain) est une tentative de détournement de deniers publics ». Il trouve « paradoxal que le maire ait voulu acheter des terrains » car, « s’il me demande des terrains, je lui donne, même au franc symbolique ». Il va plus loin dans ses accusations en faisant cette grave déclaration : « Il y a des gens qui s’attendaient à avoir des commissions. » Il rappelle en particulier, qu’il « a l’obligation de veiller sur la bonne gestion des ressources publiques ».
Me Wade a donc un œil vigilant sur la gestion de la Mairie de Dakar, depuis le 22 mars 2009. Or, pendant plus cinq ans, cette même mairie a été gérée de la manière que l’on sait et sur laquelle je n’ai pas besoin d’insister, par Papa Diop, sans que notre « sentinelle » vigilante de nos deniers publics ait levé le plus petit doigt. La mairie de Dakar était alors le siège des marchés de gré à gré, des graves surfacturations et de la bamboula. Des millions y étaient distribués à tout bout de champ à une clientèle politique ou religieuse, sous formes de secours aux « indigents », de distribution de billets de pèlerinage aux lieux saints de l’Islam et de la chrétienté, etc. Au point que, quand il a été remercié par les populations, Papa Diop a laissé une énorme dette de 18 milliards, que son successeur a fini de payer. On se souvient surtout qu’il a vendu 22000 m2 des terrains de l’ancien Champ de Courses à 8000 francs le m2. Notre « sentinelle » vigilante de nos deniers publics a hermétiquement fermé les yeux sur cette gestion gabégique de plus de cinq ans. Voilà qu’il les ouvre grandement aujourd’hui sur la gestion exemplaire du Maire Khalifa Sall et de son équipe, qui compte aussi, il faut le souligner, des élu(e)s de la Coalition Sopi !
Me Wade est vraiment mal placé, très mal placé pour accuser quiconque de mauvaise gestion foncière. Ce Me Wade qui a déclassé toutes nos réserves foncières et a distribué les terrains, ainsi que ceux du domaine maritime, à sa famille et aux membres de sa mouvance, aux chefs religieux, aux hauts magistrats, aux hauts gradés de l’Armée nationale et à des investisseurs venus d’on ne sait où ! Pendant qu’il refuse sans base légale l’achat de terrain à la Marie de Dakar, il achète – lui, pas l’État du Sénégal – un terrain de 10 milliards à New York et annonce le coût de la construction pour 30 milliards.
Qui va croire vraiment cet homme, quand il prétend qu’il est prêt à mettre des terrains à la disposition de la Mairie de Dakar ? Quel paradoxe ! Qui a arraché le terrain de Cerf-volant à la Mairie de Dakar, pour s’opposer vigoureusement à la volonté de celle-ci d’y reloger les marchands ambulants ? Me Wade ne mettra aucun terrain à la disposition du Conseil municipal de Dakar. Il n’en a pas d’ailleurs puisqu’il a tout bradé. En matière de gestion foncière, il pratique la politique de la terre brûlée. C’est comme s’il était animé de la ferme volonté de ne rien laisser à ses successeurs !
Me Wade qui se soucie de l’utilisation à bon escient de nos deniers publics ! C’est vraiment le monde à l’envers ! Je n’ai vraiment pas besoin de m’appesantir sur ce « souci ». L’homme est, de toute l’histoire du Sénégal, peut-être même de l’Afrique, le plus gros bourreau des deniers publics. C’est le champion incontesté de la nébulosité dans la gestion des affaires publiques. Transparence pour transparence, qu’il commence par nous édifier sur les 7,5 milliards de Taïwan ! Que sont-ils réellement devenus ? Combien de milliards ont-ils été versés, hors circuit légal, dans ses fonds spéciaux ? Et ce gros butin qui l’oppose depuis de longues années à son « fils d’emprunt » ! Quel en est le montant réel ? D’où provient tout cet argent ? Le 1er mars 2007, il nous promettait fermement que tout cet argent planqué à l’extérieur par son ancien acolyte serait rapatrié ! Qu’en est-il aujourd’hui ? Qu’il nous dise aussi où sont réellement passés les 500 à 600 milliards « investis » dans la Senelec ! Á qui fera-t-il croire que tout cet argent a été réellement utilisé à rendre cette société plus performante ?
Cet homme peut-il nous convaincre qu’il se préoccupe de la bonne gestion des deniers publics, quand il a toujours à ses côtés une délinquante notoire, spécialiste de la surfacturation ? Quand il (re)nomme directeur général de la Lonase un autre délinquant qui a maquillé les comptes de cette société et lui a présenté un faux bilan ? De qui se moque-t-il en se faisant passer pour un champion de la bonne gestion, quand il brade la Sonacos à 8 milliards de francs, alors que les spécialistes estiment le patrimoine foncier et immobilier de cette société à près de 100 milliards ?
L’octogénaire qui nous dirige veut donc nous faire prendre des lampes pour des vessies. Depuis le 22 mars 2009, sous le prétexte fallacieux de veilleur sur la bonne utilisation de nos ressources nationales, il a les yeux braqués sur la Mairie de Dakar. En réalité, il ne supporte pas que les populations aient arraché celle-ci à sa Coalition, et faussé tous les plans qu’il a mis en œuvre pour porter son fils au sommet. Il n’est pas le moins du monde préoccupé par la bonne utilisation des deniers publics dont il est le plus gros gaspilleur. Il est décidé à empêcher le Maire Khalifa Sall et son équipe de travailler, par tous les moyens. Il n’est pas question qu’ils réalisent leurs différents projets et présentent aux populations un bilan positif, qui pourrait profiter très largement à Benno Siggil Senegaal.
L’homme ne recule devant aucune vilénie pour réaliser ses objectifs politiciens. Il jettera sûrement du sable dans le plat de couscous de Khalifa Sall et compagnies. Déjà, il va leur enlever la gestion des ordures ménagères qu’il va confier, semble-t-il, à une agence nationale, une de plus. Et il ne va sûrement s’arrêter en si bon chemin. Si c’est nécessaire, il dissoudra le Conseil municipal de Dakar et nommera à la place une délégation spéciale.
Le peuple sénégalais est désormais connu pour son indifférence, sa capacité d’avaler les plus grosses couleuvres. Il est temps, cependant, qu’il se rebiffe pour dire halte au président politicien. Le 22 mars 2009, les populations se sont librement déterminées et ont confié la gestion de la Mairie de Dakar à la Coalition Benno Siggil Senegaal. En voulant empêcher coûte que coûte l’équipe municipale mise en place par ladite Coalition de travailler, Me Wade viole allègrement la Constitution. Il est devenu une force dangereuse qui va, une force qui massacre sur son passage tout ce qui ne s’inscrit pas dans son projet monarchique. Nous n’avons pas le droit de le laisser faire. Ce serait trop facile. Pour une fois au moins, opposons-lui la réaction appropriée !
Cette affaire qui oppose le président politicien à la Mairie de Dakar ne doit laisser personne indifférent : ni l’opposition, ni les organisations de la société civile, ni même les élus de la Coalition Sopi. Le Maire Khalifa Sall et son équipe ne travaillent pas seulement pour Benno, ils sont au service de toutes les populations de Dakar. Personne, fût-il le président de la République, n’a le droit de les en empêcher. Il convient de le faire savoir à notre vieux président politicien, par tous les moyens. L’heure est surtout venue de lui administrer la preuve que nous sommes loin d’être les demeurés et les imbéciles qu’il croit. Nous devons aller plus loin encore, en lui jetant à la figure que les pires imbéciles, ce sont ceux qui changent à tout bout de champ, et sans état d’âme.
MODY NIANG, e-mail : [email protected]
0 Commentaires
Participer à la Discussion