« Le fabuleux destin de Jean Sarkozy fait rire jusqu’en Chine », peut-on lire sur le site de « Rue 89 » cette semaine. Si la nomination du fils du président sénégalais dans le gouvernement a fait grincer des dents jusque dans les rangs du Sopi, celle de Jean Sarkozy à la tête de l’Epad (établissement public chargé d’aménager le quartier d’affaires de la Défense), est loin d’amuser les Français.
Aux âmes bien nées, la valeur et l’expérience peuvent-elles ignorer le nombre des années ?
C’est avec audace et modestie à la fois, que nous osons partiellement remettre en question l’assertion de Corneille, cet illustre écrivain que certaines personnes parfois animées de mauvaise foi, citent à tort et à travers pour justifier l’injustifiable et servir de caution à une entreprise dynastique visant à monarchiser des républiques jadis considérées comme modèles de démocratie, de transparence et de bonne gouvernance. L’élection récente de Jean Sarkozy à la tête du Conseil Général des Hauts-de-Seine, considérée par ses détracteurs comme une volonté affichée ou dissimulée du président français de mêler son fils à la gestion de la chose publique, ne serait qu’une première étape dans le processus de promotion du fils du président français à qui certains reprochent encore d’avoir redoublé sa deuxième année de droit à la fac. Ne cherchez aucune valeur dans le « redoublement ». Circulez ! Il n’y en a point.
Là où l’on peut partager l’assertion de Corneille, c’est que « même aux âmes bien nées, l’incompétence, l’impertinence ou l’ ‘échec universitaire’ n’ont rien à foutre du nombre des années. » Ce n’est pas Karim Wade qui nous démentira. Le Parti Socialiste sénégalais avait récemment prouvé, document à l’appui, que le fils d’Abdoulaye Wade, dont on dit qu’il est « l’un des meilleurs banquiers de l’Afrique », a lourdement manqué d’originalité dans la rédaction de son mémoire de DESS. Pis, son manque d’expérience l’a conduit à faire preuve d’amateurisme et de tâtonnement dans la gestion des chantiers liés à la Conférence Islamique, laquelle fait encore couler beaucoup d’encre à Dakar. D’ailleurs, lui et son père n’ont jusqu’ici fourni le moindre démenti aux accusations formulées par l’auteur du « brûlot de l’été », cette patate chaude qui continue d’enflammer les mains et lèvres de Wade père et fils. On comprend aisément pourquoi ni la 2STV ni aucune des 5 chaines de télévision soi-disant privées que compte le Sénégal, n’a invité Latif sur son plateau tout en se défendant d’avoir censuré les « Contes et Mécomptes de l’Anoci ». Ne me demandez pas pourquoi la télévision publique sénégalaise, financée avec l’argent du contribuable, refuse encore le passage de Latif Coulibaly au journal de 20 heures pour éclairer la lanterne des Sénégalais sur les « Madoffs de l’Anoci » qui ont osé jouer avec l’argent du contribuable d’un pays pauvre et très endetté. Dans une république qui se respecte, ou Latif Coulibaly, ou Karim Wade, aurait été entendu à la première heure. Ni l’un ni l’autre ne l’ont été, parce dans ce pays, la République, comme la Justice, ont foutu le camp depuis fort longtemps. Avec tout ce que représente Latif Coulibaly dans le paysage médiatique sénégalais, la RTS continue de le boycotter, alors que le jeune Malick Dieng pour avoir publié « Président Wade, un symbole pour l’Afrique », a eu droit au tapis rouge au journal de 20h. Reste à définir en quoi il est un symbole, à moins que ce soit pour l’Afrique des dynasties républicaines comme le Gabon et le Togo où les fils lorgnent le fauteuil de leur géniteur. Vivement le prochain livre de Malick sur « Karim Wade, un symbole pour la jeunesse sénégalaise. » Quant supposé « incendie » qui a ravagé une partie des locaux de l’Anoci, il a le mérite d’éveiller la conscience de l’abruti le plus débile d’entre nous, sur la volonté manifeste des « Madoffs de l’Anoci », à vouloir faire disparaître les preuves d’une gestion à la fois nébuleuse, catastrophique et indigne de quelqu’un dont le père dit qu’il aurait eu une « expérience solide » après son passage à la City de Londres. Si Karim Wade a eu sa dose aux élections municipales de mars dernier au point de faire une dépression nerveuse, parce qu’incapable de conjuguer le verbe gagner à la première personne, Abdoulaye Wade qui se défend de faire la promotion de son fils tout en posant ouvertement des actes qui vont dans le sens inverse, peut se frotter les mains, étant donné que la France de Nicolas Sarkozy est en train de lui emboîter le pas. Heureusement pour la France, Jean Sarkozy n’a pas encore l’âge de prétendre succéder à son père. Et même…
Après les coups d’Etat sans coups d’éclat au Togo puis au Gabon, il ne resterait au Sénégal et à la France (devenus la risée de la presse internationale) que de basculer dans le giron des nouvelles dynasties républicaines. Dans l’ancienne métropole comme dans l’ancienne colonie, 2012 sifflera sans doute la fin de la récréation et sera pour le Sénégal, un deuxième référendum après celui du 22 mars dernier, pour ou contre une « dynastisation » du pouvoir politique, pour ou contre la promotion forcée, aveugle et malheureuse des fils de président. Aux citoyens, et à eux seuls, revient le dernier mot.
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