Quand un tout petit bureau en l’occurrence le Bureau Sénégalais des Droits d’Auteur (BSDA) se permet de fermer aussi bien une télévision (Walf TV) et trois radios (Walf 1, Walf 2, Walf 3) alors il y’a de quoi vraiment s’inquiéter ?
Cette affaire est carrément ubuesque et triste !!! On n’a jamais vu dans notre cher Sénégal un « petit bureau » qui n’a rien d’un ministère de l’intérieur ou de l’information se donner les moyens pour couper le signal à un organe de presse. Ce bureau administratif (BSDA) s’est permis de s’octroyer une contenance politique en s’éloignant de la gestion collective dont réside sa mission qui est de défendre les intérêts moraux et matériels des titulaires de droits.
« Ce petit bureau » doit reconnaître qu’il a tout faux en se fourvoyant dans un élan zélé qui ne dit pas son nom. La mission première du BSDA n’est pas d’affaiblir un des maillons sûrs et essentiels, bien que très fragilisé ces derniers temps, par le régime de l’alternance. Par sa maladroite gaucherie teintée de cupidité, le BSDA s’est permis d’outrepasser ses droits en mieux déstabilisant ce « quatrième pouvoir » que constitue la presse privée de notre pays. Aujourd'hui « Walfadjri », demain à qui ce sera son tour ? C'est ainsi ma question à 1000 balles ! ! !
Pour moi, le débat est certes de défendre les intérêts des artistes, mais non de profiter de la situation de dette contractée par « Walfadjri » pour tuer le symbole de démocratisation du Sénégal que constitue ce même groupe.
Que le peuple sénégalais ne soit pas amnésique au point d’en oublier de reconnaître à Sidy Lamine NIASSE tout le mérite dû à son rang, à ses sacrifices de tous ordres et à son dévouement pour une presse libre et indépendante. Je ne m’en irai pas vous rappeler le combat héroïque et valeureux qu’ont mener Mr Sidy Lamine NIASSE et son groupe pour la survenance de l’alternance au Sénégal. Ceci, pour la bonne et simple raison que nous en avions tous été témoins oculaires et audibles.
Dans le site du BSDA, le conseil d’administration exprimait que : « Le BSDA ne souhaite demander la fermeture d'aucune radio ni d'aucune télévision. Il usera cependant des moyens que lui donne la loi pour préserver le droit d'auteur et défendre les intérêts de ses sociétaires qui méritent une vie décente pour eux-mêmes et pour leurs familles ». Des propos qui sont en porte-à-faux avec les actes posés, car usant d’une quelconque ordonnance pour se permettre de couper le signal à « Walfadjri ». Que nenni ! Aux Sénégalais de savoir que le BSDA a tout simplement outrepassé ses droits les plus élémentaires.
Si aujourd’hui, il y’a un véritable problème qui empêchent les artistes de préserver leurs élémentaires de droits d'auteurs, et par là même de défendre leurs intérêts ; c’est le BSDA en lui-même et en question qui en est le canard boîteux. Sur ce point précis, je demande aux artistes de savoir raison garder, car cet assaut ne doit pas être de leur fait, ce combat n’étant pas le leur. . .
Ils se doivent de comprendre enfin que le BSDA n’est pas en mesure de leur apporter satisfaction. Donc le combat est de tout autre acabit, à savoir de se liguer comme un seul homme afin de contrôler par les leurs ce petit bureau, qui de par rien que son aspect, n’en mérite la plus petite once de respect. Ce bureau est logé dans un immeuble en piteux état avec des bureaux qui rappellent les sous-sols du building administratif de par leur vétusté et leur décrépitude.
Que les artistes sénégalais sachent qu’ils méritent mieux par rapport à ce « bureau » crée depuis 1972 par la Loi 72-40 du 08 Mai 1972 et qui jusque-là tarde à marquer son territoire pour ressembler, ne serait-ce qu’en minime partie, à son homologue français la SACEM.
Comment comprendre que de 1972 à aujourd’hui, le BSDA continue de faillir à sa mission juridique, économique comme sociale sans coup férir ?
Comment admettre que le BSDA ne soigne pas son image institutionnelle en se dotant d’une administration digne de ce nom, des équipements modernes et une gestion à la hauteur ?
Il est venu le temps pour les artistes sénégalais de prendre les devants pour un combat vers un organisme apte au mieux à leur gérer leurs droits voisins.
Ainsi, je leur demanderai de redéfinir leur relation avec les utilisateurs de ces œuvres qui sont leurs, à savoir les télévisions, les radios, l’Internet et autres… Il leur sera alors légitime et juste de réfléchir et de penser au comment :
- des attributions du Président de cet organisme à créer,
- du fonctionnement du directoire de ce dernier,
- du comité de gestion du droit de reproduction mécanique,
- des commissions à créer et à mettre en œuvre,
- du règlement général à établir,
- du fonctionnement de l’administration de l’organisme en question,
- de la perception et de la répartition des droits en jeu,
- des œuvres sociales et culturelles,
- des conditions d’exercice du droit par une loi bien définie et encadrée par un Code de la propriété intellectuelle sur les œuvres comportant paroles et musiques, les œuvres seulement musicales, les œuvres seulement littéraires…
En bref, voilà en quoi se résument les enjeux de l’heure, pour que l’art et son artiste puissent vivre vraiment de ça… Le combat est alors de donner à l’artiste la prééminence et les avantages sur les retombées de son œuvre et qu’il cesse de se faire sabrer par des bureaucrates qui ont fini d’assimiler le BSDA à leur propriété entièrement privée.
« Walfadjri » n’est plus la chose à Mr Sidy Lamine NIASSE et à ses employés, mais un symbole debout à entretenir par tout un sénégalais, dont les artistes eux-mêmes, pour une effectivité de notre jeune et fragile démocratie, comme le sont également les autres entreprises de presse.
Au BSDA, nous lui accommodons la retenue de ne plus songer à toucher à notre « Walf », car après « Walfadjri », ce sera graduellement mais sûrement le tour à « Sud » ou à la « Rfm » et autres Petits Poucets du paysage « journalistico-médiatique » de notre tout petit Sénégal !
Une vie décente pour eux-mêmes (les artistes sénégalais) et pour leurs familles doit se traduire par une volonté manifeste et affichée des sociétaires du Bsda de vouloir se prendre en charge après une révolution de palais qui les emmènerait à prendre enfin le contrôle de cet appareil en perte de vitesses, de repères, de marques et d’orientations…
Puisse Allah donner à « Walfadjri » en particulier et à la Presse Privée en général, les armes de leur défense ; afin d'une part d’être en mesure de combattre les fossoyeurs de la démocratie qui souhaitent leur imminente mort, et de l’autre leur permettre de suivre aisément les sillons d’un journalisme enluminé d’éthique et de déontologie, même s’ils s’en dévient mignonnement de temps à autres...
Allaahumma aamiine !!!
Ababacar Sadikh SECK
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