Les 35 ans de parcours de Kalidou Kassé ont été célébrés en grande pompe. Ce vendredi, le Musée Théodore Monod a ouvert ses portes pour accueillir le Peintre du Sahel qui a gratifié son public d’une riche exposition de ses œuvres inédites. Près d’une trentaine pour témoigner de ses premières amours pour la tapisserie et son engagement pour une Afrique consciente et guérie de ses maux.
Chose promise chose due. Kalidou Kassé n’a pas failli à sa parole. Comme il l’avait promis quelques jours auparavant, le peintre a exposé de grandes œuvres. Grandes aussi bien par leur taille que par leur contenu. Ouverte ce vendredi, l’exposition paraphant les 35 ans de parcours artistique de Kalidou Kassé a grandement été appréciée du public. Pour 35 ans de carrière, l’artiste n’y est pas allé du dos de la cuillère. Il a encore une fois magnifié la beauté sahélienne faite d’éclats de lumières du soleil, de couleurs chatoyantes et de traits filiformes. Fidèle à son pinceau sahélien, le peintre a étalé son art pour aborder des thèmes aussi divers qu’engagés. «35 ans de parcours, c’est beaucoup de thèmes», souligne-t-il à juste titre. Des thèmes se rapportant à l’humanité, traversant son époque, mais surtout d’actualité, car très collé à celle-ci.
En visitant cette exposition, le public peut s’en rendre compte. Une des œuvres parle justement du terrorisme qui ronge l’Afrique. «C’est un hommage aux femmes prises en otage par Boko haram», explique-t-il. Sur cette toile, on y aperçoit des femmes ou des bouts de doigts recouverts de djilbab (Ndlr : Burqa, tenue recouvrant tout leur corps). Ces dernières ne laissent entrevoir qu’un œil. A l’arrière-fond du tableau sont peintes des bâtisses comme celles qui se trouvent au Mali. Des écritures arabes et des traces des bottes de combattants parsèment la toile et symbolisent la profanation par les terroristes de ces lieux dits sacrés. Dehors dans le jardin, Kalidou a également fait installer une grosse pirogue dans laquelle se trouvent plusieurs personnes (des mannequins) sans tête. Elles portent des tee-shirts où sont incrustées les cartes des 54 pays d’Afrique. «Cette pirogue interpelle les Etats africains. Pour dire que l’Union africaine doit prendre ses responsabilités et régler le problème de l’émigration clandestine. Ce n’est pas à l’Europe de le régler», indique-t-il. A travers cette pirogue, l’artiste interpelle aussi les jeunes. «J’ai représenté des personnes sans tête parce que je pense qu’on n’a plus sa tête lorsqu’on brave la mer… L’Afrique regorge de jeunes qui doivent prendre conscience que ce sont eux les bras valides du continent. Il faut qu’ils croient en eux et en leurs potentialités pour relever l’Afrique et la sortir de la crise.» Kalidou Kassé dit avoir foi en cette jeunesse tout comme il a foi en ses tapis.
La tapisserie made by Kalidou
L’artiste, à travers cette exposition, retourne à ses premières amours. A côté de ses toiles peintes à partir de l’acrylique, la tapisserie s’illustre parfaitement. Kalidou Kassé est retourné voir sa famille de tisserands et renoue avec ses «Empreintes passées». «J’ai fait une formation à la manufacture de Thiès, mais j’ai plus évolué vers la peinture pendant de longues années», dit-il. Et pour montrer qu’il n’a pas perdu la main, il présente dans cette collection de magnifiques œuvres qui pourtant, considère-t-il très modestement, sont une esquisse. «Arrivé à la maturité, je simplifie mon travail pour aller vers l’essentiel. Dans certains travaux, je vais esquisser, suggérer et montrer à un certain moment qu’on n’a plus besoin de changer de couleurs ni de formes. On a simplement besoin d’exprimer ce que l’on ressent», explique-t-il. Le peintre au style unique laisse alors ses personnages filiformes et aux couleurs vives et chatoyantes s’exprimer sur ses toiles. Enraciné dans ses premières amours et ouvert sur le monde qui l’entoure, Kalidou Kassé montre ainsi qu’il est plus que tout préoccupé par la situation actuelle du continent. Ce qui amène Pape Massène Sène, le directeur du Musée Théodore Monod, à faire de lui l’un des plus grands ambassadeurs pour le rayonnement de l’art sénégalais. «Kalidou mérite un détour», dira le directeur du Musée Théodore Monod. Alors faites-y un détour !
5 Commentaires
Anonyme
En Novembre, 2015 (15:55 PM)Anonyme
En Novembre, 2015 (16:38 PM)Auteur
En Novembre, 2015 (16:57 PM)Anonyme
En Novembre, 2015 (19:32 PM)Germany
En Novembre, 2015 (20:13 PM)Participer à la Discussion