Pour la seconde fois en moins de six mois, le président guinéen Lansana Conté, 72 ans, malade, a quitté Conakry hier pour la Suisse afin d'effectuer, selon la présidence, un simple "contrôle médical".
Le chef de l'Etat, au pouvoir depuis 1984, "a quitté notre capitale dans la matinée d’hier (...) pour un séjour privé en Suisse" et "il "mettra à profit son séjour helvétique pour effectuer un contrôle médical", indique la présidence dans un communiqué, lu à la radio nationale. "La date de retour du chef de l'Etat (...) fera l'objet d'un autre communiqué", conclut le texte. L'intérim est assuré par le ministre d'Etat aux Affaires présidentielles, Fodé Bangoura. La situation était calme vendredi dans la capitale, aucun déploiement particulier de forces de l'ordre n'a été constaté.
Un peu plus tôt dans la matinée, une source proche de la présidence avait déclaré que "M. Conté est en vacances depuis le 2 août" et allait "profiter de son séjour en Suisse pour faire des contrôles de routine parce qu'il est malade depuis 2002". Cette même source avait précisé que le chef de l'Etat était lucide au moment de son départ, contredisant ainsi certaines rumeurs plus alarmantes, et non confirmées, sur son état de santé.
Le chef de l'Etat est accompagné de son épouse Henriette Conté, du ministre de la Santé publique, Amara Cissé, de trois gardes du corps et de son chauffeur personnel. Il a quitté la capitale guinéenne vers 07H00 (locales et Gmt). Il avait déjà été hospitalisé en mars, durant une semaine, en Suisse. Le président Conté souffre depuis plusieurs années d'une forme aiguë de diabète et d'une leucémie diagnostiquée récemment.
Ces problèmes de santé alimentent les inquiétudes liées à une vacance du pouvoir dans ce pays d'Afrique de l'Ouest en proie à une profonde crise économique et politique ainsi qu'à des tensions ethniques. En cas de vacance du pouvoir, la gestion des affaires revient au président de l'Assemblée nationale, selon la Constitution. L'Assemblée nationale est actuellement présidée par Aboubacar Somparé, membre du parti au pouvoir. La vacance de la fonction de président de la République intervient en cas de décès ou de démission du chef de l'Etat, ou de "toute autre cause d'empêchement définitif". Elle doit être constatée par la Cour suprême. Une élection présidentielle doit ensuite être organisée entre 35 et 50 jours après l'ouverture de la vacance.
Pour l'opposition guinéenne, ce nouveau départ en Suisse du chef de l'Etat n'est pas une surprise. "Il ne faut pas spéculer et surtout ne jamais bâtir une stratégie autour de cette affaire car les problèmes restent entiers", a affirmé Amadou Oury Bah, secrétaire général de l'Union des forces démocratiques de Guinée (Ufdg, opposition). "Nous sommes habitués à ce genre de sorties de M. Conté depuis 2002, et pour cette raison, il n'y a pas feu en la demeure", a-t-il poursuivi. "Il faut que les Guinéens se consacrent à l'essentiel, c'est-à-dire comment sortir notre pays de la situation actuelle", a-t-il souligné. "Le président Conté doit savoir qu'il a besoin de repos comme tout être humain", a relevé de son côté Jean-Marie Doré de l'Union pour le progrès de la Guinée (Upg, opposition), remarquant que la "gestion des affaires de l'Etat n'est pas une chose aisée".
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