Les acteurs du quatrième art en ont marre du traitement que leur inflige l’Etat. Hier, en conférence de presse, l’Association des métiers du théâtre est montée au créneau pour dénoncer certaines pratiques et l’indifférence de l’Etat.
Les comédiens du théâtre sénégalais sont sortis, hier, de leurs gonds pour dénoncer ce qu’ils qualifient ‘d’attitude de mépris’ dans leurs rapports avec l’Etat. Un tel constat, explique le metteur en scène Mamadou Diop lors d’un point de presse, se justifie par le fait que ‘nos décideurs prennent les artistes pour des sous-hommes, des amuseurs publics’. Selon lui, les autorités sénégalaises ne sont pas prêtes à gérer et à assumer la culture pour plusieurs raisons.
Les comédiens énumèrent un chapelet d’exemples montrant cette indifférence à leur égard. Ils courent toujours derrière l’Etat pour le payement de leur reliquat après l’inauguration du Grand Théâtre de Dakar. ‘L’Etat nous doit toujours 23 millions pour la pièce dramatique que nous avons présentée le jour de l’inauguration, 750 mille au chorégraphe Malal Ndiaye et beaucoup d’argent à Khar Mbaye Madiaga sans compter les autres’, fait savoir le metteur en scène Seyba Lamine Traoré. Pour lui, les décideurs ne se soucient même pas de leur vécu, des tensions de création et du stress à surmonter pour arriver à ce spectacle apprécié par tous.
Selon l’Association des métiers du théâtre (Amthéa), le mal est plus profond. ‘Lors du Fesman, sur les 850 millions donnés par l’Etat à la commission nationale, la sous-commission théâtre et danse n’a reçu que cinquante millions de francs Cfa à la place des cent millions demandés’, fustige le metteur en scène et chorégraphe Mamadou Diop. Le pot au rose a été découvert après l’évènement. ‘La commission a toujours soutenu qu’elle n’avait pas assez d’argent’, ajoute-t-il.
L’Amthéa dénonce aussi la programmation des spectacles du Grand Théâtre confiée à des bureaucrates. ‘La fonction du Grand Théâtre doit être étudiée par rapport à ce qui existe déjà en matière d’infrastructure théâtrale’, estiment les hommes du quatrième art. Le rôle et la fonction aussi bien du Théâtre Daniel Sorano, du Théâtre Bakary Traoré, du Monument de la renaissance et du Grand Théâtre doivent être pensés avec les acteurs de la discipline.
Le choix d’étudiants au détriment des professionnels du théâtre pour une création commandée par la première dame du Gabon a fait l’objet de critique. Pour Seyba Lamine Traoré, le directeur de Sorano, Ousmane Diakhaté, indexé n’en est pour rien. ‘Il ne s’occupe jamais de distribution, ça c’est le problème du metteur en scène qui est libre de choisir ceux avec qui il veut travailler’, rectifie-t-il. Pour lui, tout ceci repose sur le défaut de réglementation du secteur.
Pour y remédier, l’association exige le vote de la loi sur le statut de l’artiste et la mise en application de la loi sur les droits d’auteurs et les droits voisins. Ceci pour qu’ils puissent vivre de leur art en tant qu’interprètes. Les comédiens demandent un fonds d’aide à la création. Ils trouvent scandaleux, qu’après plus de 50 ans d’indépendance, le pays de Senghor fonctionne toujours avec une seule Ecole nationale d’art et plus de dix ans sans la réouverture de la section d’art dramatique.
La Csa compte se battre aux côtés des comédiens, metteurs en scène, dramaturges et techniciens du théâtre pour le devenir du secteur. ‘Nous ne pouvons pas tolérer une telle injustice. C’est pourquoi, nous les encadrerons dans leur lutte à travers le Syndicat des acteurs de la culture’, soutient Moussa Coly, 3e secrétaire général adjoint de la Csa.
2 Commentaires
Mendo
En Octobre, 2011 (04:42 AM)Qui...
En Octobre, 2011 (07:02 AM)Participer à la Discussion