L’exemple du cacao ivoirien illustre de manière édifiante comment l’Afrique a perdu le contrôle de ses productions et de son négoce international. Il ne lui reste plus que ses champs. Pour combien de temps ?
La Côte d’Ivoire est le premier exportateur mondial de cacao mais elle ne sait pas combien elle exporte. Depuis la mort d’Houphouët-Boigny et l’annonce d’une libéralisation en trompe l’œil, des milliers de tonnes quittent Abidjan et San Pedro en vrac. Les poids réels ne sont connus qu’aux ports d’arrivées.
Quelle aubaine pour les acheteurs ! Mais quel drame financier pour le pays, qui accuserait un manque à gagner de 200 à 300 milliards de FCFA, et pour les producteurs qui ont vu en dix ans leurs revenus fondre de 50%.
Au-delà de l’exemple ivoirien, le plus significatif par les volumes, l’enquête que nous livrerons au fil de nos prochains numéros, s’intéresse aussi à la filière du coton au Mali et au Burkina Faso, de la noix de cajou en Guinée Bissau, de l’arachide au Sénégal...
Partout le même constat. Après avoir vendu leurs flottes, libéralisé leurs ports, sous-traité leurs systèmes de contrôles, les pays africains exportateurs de matières premières, quelque soit leur géographie, sont tous devenus des pays enclavés.
La libéralisation, telle que prescrite par la Banque mondiale, s’est noyée dans les intérêts particuliers et dans l’asymétrie d’information.
Enquête menée par Adama Wade et Dominique Flaux, à Amsterdam, Abidjan, Genève, Paris, Dakar, Bamako et Casablanca. A suivre dès le No 101 du jeudi 10 décembre.
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