Le Français Théophile Kouamouo, directeur des rédactions du journal ivoirien Le Nouveau Courrier, ainsi que les Ivoiriens Stéphane Guédé et Oula Saint Claver, directeur de publication et rédacteur en chef, resteront en prison au moins jusqu'au 26 juillet. Le tribunal correctionnel d'Abidjan, qui devait rendre sa décision ce mercredi 21, a décidé de se donner du temps. Ce même jour, on a appris également l'arrestation de Patrice Pohé, proche collaborateur du procureur.
C’est aux cris de « Libérez Kouamouo » que les amis, parents et confrères de Théophile Kouamouo, Stéphane Guédé et Oula Saint Claver ont accueilli la prorogation jusqu’à lundi 26 juillet, du délibéré de leur jugement devant le tribunal correctionnel d’Abidjan-Plateau. Quand avec près de trois heures de retard sur l’horaire prévu, le président du tribunal a annoncé ce nouveau report, les nerfs de Théophile Kouamouo ont lâché. Et c’est en pleurs que le journaliste français, menotté au rédacteur en chef Oula Saint Claver, s’est retourné vers la salle qui grondait sa colère.
« Nous ne sommes plus dans une démocratie. Le peuple n’a pas le droit de savoir ce qui se passe : on empêche les journalistes de donner l’information. On veut tuer la presse en Côte d’Ivoire », scandait l’un.
« Il faut comprendre qu’on est dans un pays où le président de la République dès son arrivée au pouvoir a dit je ne laisserai aucun journaliste en prison, et là ce qui se passe ce n’est pas normal », criait l’autre.
« J’ai un profond sentiment de la désolation parce qu’on pensait en avoir fini avec ces méthodes dans notre pays. Malheureusement la justice ivoirienne donne aujourd’hui une image d’elle-même qui est décevante. Ces jeunes hommes ne doivent pas rester en prison », fustigeait encore un autre membre de l’assistance.
Nos trois confrères vont donc continuer de croupir en prison jusqu’à, au moins, lundi. Mais ce renvoi est légal. « Le tribunal a quinze jours pour prononcer son jugement », énonçait l’un des avocats des prévenus à la sortie de l’audience, sans vraiment convaincre un auditoire au bord de la crise de nerfs.
Un collaborateur du procureur arrêté
Après avoir été entendu à deux reprises dans l’enquête sur la source des trois journalistes du Nouveau Courrier, Patrice Pohé, a été arrêté ce même mercredi par la police criminelle. Bien connu de la presse locale, ce journaliste professionnel est un proche collaborateur du procureur de la République Raymond Tchimou.
C’est lui qui, d’ordinaire, contactait les médias lorsque le parquet d’Abidjan-Plateau éprouvait la nécessité de communiquer. Selon toute vraisemblance, l’arrestation de Patrice Pohé explique l’inattendu report du jugement des trois journalistes du Nouveau Courrier, étant rappelé que nos confrères sont poursuivis pour avoir partiellement publié le réquisitoire du parquet d’Abidjan dans l’instruction sur la filière café-cacao. Le parquet avait requis un an ferme contre les trois prévenus qui avaient refusé de révéler leur source. Ce dernier rebondissement conduit à se poser cette question : la source recherchée par le procureur Tchimou n’était-elle pas, justement, sous son nez ?
0 Commentaires
Participer à la Discussion