L’affaire des licenciements d’employés locaux à l’Ambassade de Suisse au Sénégal n’a pas encore connu son épilogue. Dix mois après, il n’y a toujours pas eu de consensus entre la représentation diplomatique et ses ex-collaborateurs qui ont été licenciés « abusivement » entre mars et avril 2020, en pleine pandémie de Covid-19 et au mépris de l’ordonnance prise par le président de la République du Sénégal qui interdisait tout licenciement pendant cette période de crise sanitaire et économique sauf pour « faute lourde ». En effet, jusqu’ici l’ambassade refuse catégoriquement toute négociation avec ses ex-employés qui ne demandent que leur réintégration.
Depuis que les démarches de négociation ont démarré, la représentation diplomatique suisse au Sénégal campe sur sa position malgré les nombreux recours engagés par les concernés au niveau des ministères des Affaires étrangères et du Travail, ainsi qu’à l’Inspection du travail du Sénégal, entre autres.
Seneweb, qui suit de près le dossier, a ainsi essayé d’entrer en contact avec l’Ambassade à Dakar pour savoir les raisons de ce refus. Mais jusqu’ici, elle n’a pas réagi. Nous avons ensuite contacté le service de la communication du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) de Suisse sur ces licenciements à Dakar. Ce dernier a réagi à notre requête en soulignant que les employés ont été licenciés pour « fautes graves » ; et que « l’offre d’un départ à l’amiable avait été maintenue ». Il précise également que « les employés ont reçu une proposition de départ très généreuse en échange de leur démission à la fin mars 2020 ; et les nombreuses démarches à l’amiable ont été rejetées par les personnes concernées ».
« Une démission contre une compensation financière non négociable »
Les ex-employés locaux, qui ont travaillé au sein de l’Ambassade depuis une dizaine d’années, voire plus pour d’autres, quant à eux, soutiennent que la procédure de licenciement qui a été effectuée par leur employeur est en « totale contradiction avec le code du travail appliqué au Sénégal, et cela a bien été confirmé par l'Inspecteur du travail au Cabinet de conseil mandaté par l'Ambassade lors de la première rencontre à l’Inspection du travail mais aussi, antérieurement au ministère du Travail ».
Mieux, ils ajoutent que « cette négociation à la démission comme l'Ambassade le définit, n'est certainement pas une négociation et encore moins une démarche à l'amiable, étant donné qu’elle a voulu leur imposer « une démission contre une compensation financière non négociable, sous la menace d’un licenciement pur et simple ». Selon eux, cette procédure est « illégale » puisque la démission est « un acte dont l'initiative appartient obligatoirement et uniquement au salarié. Et un employeur ne peut pas ‘’demander’’ au salarié de démissionner, ou le ‘’pousser’’ à la démission sans son consentement ».
« Refus catégorique de réintégration et attitude non conciliante »
En effet, depuis le début de cette affaire jusqu’à nos jours, l’Etat du Sénégal a initié des rencontres avec les deux parties pour trouver des solutions à l’amiable. Mais, pour ces ex-employés qui ont toujours prôné leur réintégration, non seulement l’Ambassade refuse « catégoriquement cette réintégration mais aussi, elle est défavorable à une vraie négociation ». Parce que, arguent-ils, « les rencontres avec l'Ambassade et leur conseiller au ministère du Travail, à l'Inspection du travail et au ministère des Affaires étrangères, ne sont pas des négociations étant donné que l'Ambassade ne change pas de position et propose toujours la même offre à savoir : le même montant qu’elle leur avait proposé pour démissionner ».
Aussi, ces ex-employés locaux renseignent que les raisons sur lesquelles leurs licenciements ont été basés sont des « faits anciens, traités, vérifiés par le supérieur et archivés en 2019 ; donc ne peuvent nullement être retenus pour fautes graves ».
Ils ont également révélé une autre « attitude non conciliante » de leur employeur. Lors d’une séance de conciliation au ministère des Affaires étrangères du Sénégal tenue en novembre dernier, le Consul, d’un ton « très arrogant et hautin a refusé de parler en présence des ex-employés de l’ambassade. A cela, s’ajoute le fait que la représentation diplomatique et ses conseillers étaient tous absents lors de la dernière convocation de l’Inspection du travail.
Ces licenciés ont, par ailleurs, tenu à préciser que la formation sur les procédures de traitement de dossiers d’état-civil que l’Ambassade a initié en leur faveur a été « bel et bien concluante ». Car, soutiennent-ils, après cette formation, les dossiers ont été traités de « manière indépendante comme l’a bien exprimé le responsable chargé de l’état-civil par courriel à la date du 17 novembre 2019 ».
Et contrairement à ce qu’a annoncé l’Ambassade, ces ex-employés ont fait savoir qu’il y a eu plus de deux licenciements au sein de cette représentation diplomatique à Dakar entre 2019 et 2020 ; et l’ambiance « délétère de travail a poussé certains à la démission ».
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