Voilà plus de cinquante années que le Sénégal a accédé à la souveraineté internationale et entretient des relations avec ses pairs, les autres Etats. Voilà des décennies qu’on loue la diplomatie sénégalaise pour ses prouesses économiques (diversification des partenaires économiques étatiques, attirance des investisseurs privés étrangers) et sa contribution au maintien de la paix et de la sécurité internationales (nombreuses participations aux missions de maintien de la paix des Nations Unies, médiations réussies dans des crises politiques dans certains Etats : Côte d’ivoire, Madagascar, Mauritanie etc.). Mais derrière ces réussites se cachent de nombreuses faillent. En effet, la politique diplomatique d’un Etat ne consiste pas seulement à nouer des partenariats économiques ou stratégiques. Elle doit aussi et surtout œuvrer pour la protection de ses nationaux ainsi que de leurs droits et de leurs intérêts dans les pays étrangers où ils vivent. C’est ce que l’on appelle protection diplomatique. Celle-ci est définie comme l'« action par laquelle un État décide d'endosser, de prendre à son compte la réclamation d'un de ses nationaux contre un autre État et de porter par là le litige sur le plan international, par voie diplomatique ou juridictionnelle. » Dans ce domaine, l’Etat sénégalais a toujours fait preuve d’un immobilisme surprenant. Les sénégalais connus pour être de grands migrants vivent dans de nombreux pays étrangers (africains, européens, américains, asiatiques…). Dans ces pays d’accueil, où ils vivent les immigrés sont très souvent confrontés à de nombreuses difficultés liées notamment au non-respect de leurs droits. L’actualité abonde de cas où nos compatriotes sont maltraités et lésés dans leurs droits par les autorités du pays sur le territoire duquel ils vivent ou séjournent. La dernière en date est évidemment l’exécution de deux de nos compatriotes en Gambie sans que nos autorités soient informées au préalable comme le veulent la Convention de Vienne de 1963 sur les relations consulaires ainsi que les règles de bon voisinage. Un troisième sénégalais attendrait dans le couloir de la mort. Cette actualité, au-delà de l’indignation qu’elle suscite, doit nous pousser à la réflexion et à l’action, quant à l’attitude à adopter face à nos voisins immédiats, en particulier la Gambie, la Mauritanie et la Guinée Bissau. Ça fait plusieurs années que la Gambie adopte un comportement provocateur voire belliqueux vis-à-vis du Sénégal. Les entraves réitérées des autorités gambiennes à la traversée de leur pays pour joindre la Casamance, leurs ingérences répétées dans le conflit casamançais, en servant notamment de base arrière aux rebelles, sont, entre autres, autant d’actes qui violent les règles internationales interdisant à un Etat de tolérer sur son territoire des actes portant atteinte à l’intégrité territoriale d’un autre Etat. A l’image de la Gambie, la Mauritanie est elle aussi dans une position de défiance à l’égard du Sénégal. Les nombreuses arrestations de pêcheurs sénégalais avec parfois mort d’hommes, la situation de nos compatriotes en Mauritanie constituent des signes d’une attitude anormale et irrespectueuse entre voisins.
Le Sénégal doit-il toujours rester sur la défensive comme ça a toujours été le cas pour la protection de nos compatriotes à l’étranger et la défense de leurs intérêts ? Notre pays, eu égard à sa position géographique, son histoire politique et démocratique et sa stabilité intérieure, doit-il rester immobile face à ses voisins imprévisibles ? Doit-il se contenter de jouer les seconds rôles dans les questions qui touchent la sous-région et l’Afrique ? Je ne le pense pas. Au contraire, le Sénégal, en tant qu’Etat de droit ouvert aux étrangers et respectueux de leurs droits, doit s’affirmer comme un Etat exigeant en matière de protection et de défense de ses nationaux. Il doit aussi et surtout assumer sa position de leader sous régional que font de lui l’histoire, les événements (instabilités intérieures de nos voisins) et le contexte international (nécessité pour la Communauté internationale d’avoir un leader, une puissance sous régionale servant de relai aux grandes puissances mondiales pour la solution des problèmes sous régionaux). Pour se faire, il est impératif de donner une dimension « offensive » à notre diplomatie dans deux directions. Tout en maintenant, avec quelques correctifs, la diplomatie de paix ainsi que la nouvelle diplomatie économique en vigueur depuis quelques années, il faut aujourd’hui définir une nouvelle ligne directrice en matière de protection de nos compatriotes à l’étranger et en matière de stratégie sous régionale et régionale.
En ce qui concerne la protection de nos ressortissants à l’étranger, il est nécessaire de recadrer les fonctions de nos consulats. Les autorités consulaires ne doivent pas seulement se contenter d’œuvrer pour le « développement de relations commerciales, économiques, culturelles et scientifiques […] et promouvoir […] de relations amicales » ou encore de se limiter aux tâches administratives liées notamment à la délivrance de documents administratifs (passeports, cartes d’identité ou d’électeur, visas, actes d’état civil etc.) Elles doivent aussi et surtout veiller à la sauvegarde des intérêts de nos ressortissants, personnes physiques et morales sur le territoire de leur Etat de résidence. A cet effet, les autorités consulaires doivent avant tout travailler au renforcement de l’enregistrement (qui n’est pas toujours fait comme ça devrait l’être) des sénégalais de leur juridiction. Il faut à ce niveau informer et sensibiliser nos compatriotes sur la nécessité de signaler au Consulat sa présence dans le territoire de l’Etat de résidence. Le recensement et l’enregistrement des sénégalais de leur juridiction permettra ainsi au Consulats de connaître leur nombre. Il faut aussi que nos autorités consulaires aient l’habitude de saisir les autorités, notamment judiciaires, des pays d’accueil, par les voies appropriées, pour s’enquérir de l’existence ou non de sénégalais arrêté, incarcéré ou mis en détention. En plus des communications avec les autorités du pays, les consulats doivent disposer de relais auprès des associations de sénégalais dans leur circonscription et nouer des partenariats avec elles. Celles-ci étant en général au courant de la situation de leurs membres pourront, en cas de besoin, informer les autorités consulaires de toute arrestation, incarcération et détention. Dans des pays comme la Gambie et certains pays africains où il n’existe aucun respect du droit des étrangers, il faut que les autorités se servent des alertes des ONG et associations s’activant dans le domaine de la défense des droits de l’homme en général et des étrangers en particulier. Celles-ci, par leur pouvoir d’investigation, de contrôle et leur rôle de sentinelle, sont souvent mieux informées que les autorités diplomatiques et consulaires.
Sur la stratégie régionale et sous régionale, il convient de rappeler que le Sénégal est le seul pays de la sous-région qui n’a jusque-là pas connu de troubles politiques et sociaux internes majeures. Ce statut exceptionnel dans une partie de l’Afrique marquée par des coups d’Etats, des pouvoirs militaires, lui confère une stabilité politique intérieure faisant de lui l’exception démocratique tant enviée dotée d’un capital humain qualitatif. Il faut que le Sénégal sache tirer profit de ces dynamiques internes pour assurer un rôle influent dans la sous-région et avec nos voisins immédiats en matière de prévention des conflits et la construction de la paix.
Pour se faire, il faudra mettre en place une nouvelle politique étrangère de sécurité et de défense (PESD). En effet, l’absence de menace directe venant d’un Etat doit aujourd’hui nous conduire à reconsidérer notre politique et stratégie de défense dans une diplomatie renouvelée. Nous devons voir les problèmes internes de nos voisins comme une menace pour la stabilité et la sécurité de notre pays et agir à cet effet au nom du maintien de la paix et de la stabilité sous régionale ou de principes moraux liées au respect des droits humains. Il nous faudra travailler à « l’imposition » de notre modèle de sécurité, nos valeurs républicaines et nos principes démocratiques dans les Etats voisins marqués par l’instabilité politique et des carences en matière démocratique et sécuritaire. Pour y arriver, il faut, entre autres, tirer profit de la présence et de l’influence grandes de nos compatriotes et de notre pays dans les sphères internationales de décision et d’action que sont les organisations internationales (gouvernementales et non gouvernementales) régionales et sous régionales notamment. Il faut, par le truchement de ces instruments, faire de la société africaine et ouest africaine un carde de création de normes standards communes à tous les Etats et dont la violation devrait conduire à une sanction commune (sanction économiques, diplomatiques voire militaire par une intervention armée). Ces normes qui concerneront essentiellement les valeurs républicaines, les principes démocratiques et des règles en matière de sécurité seront destinées à « civiliser les mœurs étatiques» à travers « un processus de codification du comportement des Etats, de formation et de réception des règles de savoir-vivre ». L’Union africaine et la CEDEAO sont à ce niveau les instruments les plus appropriés.
Pour définir et mettre en œuvre cette nouvelle politique étrangère de défense et de sécurité (PESD), il est important que les autorités politiques de notre pays se nourrissent de la production qualitative et spécialisée de notre intelligentsia pour adopter des stratégies d’action et prendre des décisions. A cet effet, elles ne doivent pas occulter le rôle important que peuvent jouer les groupes de réflexion ou les think tank. S’il en existe au Sénégal, il faut les renforcer, les soutenir tout en respectant leur indépendance. S’il n’en existe pas, il faut inciter leur création. Il faudra aussi dans les nominations dans tous les domaines mais surtout en matière de politique étrangère mettre en avant les spécialistes, les compétences et non les complices, la patrie et non le parti.
Oumar THIAM
Juriste, doctorant en Droit international à l’Université de Reims en cotutelle avec l’UCAD
6 Commentaires
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En Août, 2012 (19:57 PM)Bravo et merci pour les idees.
Malick Gueye
En Août, 2012 (20:01 PM)Ka
En Août, 2012 (21:27 PM)Famille
En Août, 2012 (22:07 PM)Gagnez du temps, Economisez de l'argent. Gérez les envois d'argent avec WWW .SUNU DIS COUNT .COM. Commandez et Faites vous livrer au SENEGAL dans les 48H.
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Saloum Diané
En Août, 2012 (22:11 PM)Atteint par l’ivresse des cimes, Bokassa avait massacré des élèves, Ben Ali avait suscité le suicide d’un marchand ambulant, Gbabo le massacre de Youpogon , habitués à une série de méfaits , les tyrans sont toujours surpris par un événement anodin qui sera déclencheur de leur chute .
A l’instar des autres Caligula africains la chute du dictateur Yaya Abdou aziz Jemus JunkungDiémé sera précipitée par son crime de trop : l’exécution des 9 condamnés à mort dont deux sénégalais.
Depuis que le Idi Amin Dada sénégambien est au pouvoir en Gambie, l’intégrité territoriale de notre pays est constamment menacée par son soutien multiforme à la rébellion casamançaise dont plusieurs contingents forment sa garde prétorienne.
Yaya Diémé , militaire psychopathe , guérisseur,( En janvier 2007, Jammeh a déclaré qu'il pouvait traiter le SIDA et l'asthme à base d'herbes médicinales Puis, il a déclaré le 20 août suivant, pendant une émission d'informations diffusée par l'agence de presse contrôlée par l'État, Jammeh a également prétendu qu'il avait développé un remède (toujours à base de plantes) pour soigner l'hypertension artérielle pouvant guérir la maladie avec une seule dose. Il a justifié ses assertions en présentant plusieurs déclarations de certains de ses ministres qui avaient affirmé avoir été guéris grâce à ce médicament) ,marabout ( d’après le griot Thione Seck) , chef de village de Kanilai nous rappelle à certains dirigeants ubuesques comme Bokassa ,Idi Amin Dada dont la cruauté se disputait avec la bêtise.
Comment dans ce pays ou 42% de la population est mandingue, 18% de la population peulh ,16% de Wolof Yaya Diémé puisse mettre en place un régime mono ethnique Diola qui ne sont que 10% des gambiens .Pour ce faire il a liquidé physiquement, ou exilé la plus part des officiers mandingues wolofs et peuls.
Présidant un état mono ethnique Yaya Diémé ne pouvait être que paranoïaque ;ce qui montre la fragilité de son régime.
La plus part des pays africains au nom de leur intérêts nationaux vitaux gèrent sans états d’âme l’espace de leur proximité stratégique et géographique.
Tout prés de nous devant l’incurie du pouvoir malien face aux salafistes qui menaçaient son territoire, la Mauritanie a créé un mouvement armé touareg le MNLA, quitte à démembrer le Mali ,mais l’essentiel était de sécuriser son territoire.
Avec la faiblesse du pouvoir central congolais ,le Rwanda a crée un glacis dans la région du Kivu en entretenant des groupes rebelles tutsi, ce qui lui permet de piller les ressources minières de cette zone ;
Personne n’ignore le rôle joué par le Burkina Faso pour déstabiliser le régime de Gbagbo qui martyrisait ses citoyens, en faisant d’Ouagadougou le siège de la rébellion du Nord .
Le Sénégal a beaucoup plus d’intérêts en Gambie que ces pays qui interviennent chez les voisins.
Face à la chute prochaine du régime de Yaya Diémé , notre pays devra s’assurer de la prise du pouvoir en Gambie par un régime inféodé à nos intérêts nationaux .
Pour ce faire notre pays devra prendre contact avec l’opposition gambienne et surtout en créant un front armé de libération composé d'ex officiers mandingues, peuls et wolofs gambiens en exil.
Ce mouvement armé gambien aura ses bases arrières à Kolda ,Medina Sabakh, ou Gouloumbou ;et l’arrêt du bac devra être considéré comme un casus belli qui poussera le Sénégal à l’occuper .
Et Dieu sait qu’on a une pléthore d’officiers sénégalais spécialistes dans la guerre subversive formés à Fort Bragg , Saint-Cyr ou Sandhurt qui pourront mettre en œuvre cette politique d’instauration de la Sénégambie
Les présidents Abdou Diouf et Abdoulaye Wade occidentalisés considéraient sous un regard condescendant Yaya Diémé le grand Egnab .
Il nous faudra rejoindre Yaya Diémé dans sa logique d’egnab ,de violence , de fétichisme et de tribalisme pour mieux le combattre, afin qu’il sache que Fodé Kaba Doumbouya et Saer Maty Ba étaient des sénégalais qui ont eu à contrôler militairement la Gambie
Espérons que notre actuel Président Macky Sall de caste hal poular thiedo (guerrier) saisira cette opportunité pour résoudre définitivement le problème sénégambien qui n’a que trop duré et que n’a pas pu régler le domou ndar "civilisé" Abdou Diouf au début des années 80.
L Africain
En Septembre, 2012 (01:46 AM)Monsieur Baye Camara, un ancien fonctionnaire de l Etat qui s est converti en Homme d affaires et qui apres avoir ete rappele au Snegal avait demissioner et ouvert sa propre entreprise a Londres et qui est devenu consultant dans cette meme Ambassade. Il etait l administrateur du Site de l Ambassade et etait le griot du pere Wade. Il est toujours Roi dans cette representation Diplomatique car Son frere Avocat Senegalais est un ami de Maky.
La secretaire fut la niece d un ancien emplyer de l Ambassade. Elle servait gratuitement du cafe au moment ou son oncle etait a l ambassade. Maintenat elle est secretaire. Tout cela dure depuis maintenant plus de dix ans. Et nous parlons de Diplomatie
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