L’Amérique s’apprête à investir le président élu Joe Biden ce mercredi 20 janvier 2021. Une investiture sur fond d’appréhensions de violences suite aux émeutes du Capitole. Ousmane Sène, Directeur du West african research center (Warc), décrypte pour Seneweb les enjeux de cette nouvelle prestation de serment dans un contexte particulier. Le chercheur analyse également ce que pourrait ressembler la politique africaine du couple Biden-Harris une fois au pouvoir.
Jo Biden sera investi ce 20 janvier, 46e président des USA dans un contexte de tensions : à quoi peut-on s’attendre sur le plan sécuritaire ?
Ousmane Sene : Il y a déjà près de 25.000 gardes nationaux déployés tout autour du Congrès et ils seront renforcés le mercredi 20 janvier. Pour cette fois aussi, Biden et Harris prêteront serment devant plus de drapeaux américains que de citoyens américains, toujours pour réduire les risques d'ordre sécuritaire.
La destitution de Donald Trump entamée, il quitte la Maison Blanche. Quelles implications sur l’avenir du parti républicain étant donné qu’il a été lâché par de très hauts responsables de ce parti ?
Il peut être destitué même après avoir quitté la Maison Blanche. La Chambre des Représentants s'est déjà prononcée. Maintenant, il appartient au Sénat de se prononcer et si tous les sénateurs, les démocrates, parviennent à convaincre 17 sénateurs américains pour la destitution, alors elle sera effective. La conséquence est importante: Donald Trump pourrait perdre ses droits civiques, en particulier le fait de pouvoir être candidat à un poste politique. Il ne pourrait plus prétendre à la présidence américaine en 2024 par exemple. Le Parti Républicain devra faire deux choix difficiles : voir Trump comme un danger même pour son parti et tout faire pour le faire destituer. Ou alors le considérer comme son leader naturel et le garder dans ses rangs. Mais l'image de Trump a été fortement entachée par l'épisode du 6 janvier et beaucoup d'Américains de sensibilité conservatrice se sont détournés de lui.
En quittant le pouvoir, Trump a obtenu, lors de la dernière présidentielle de 2020, plus d’électeurs qu’en 2016. Comment expliquer ce contraste ? Peut-on en déduire qu’il reste toujours populaire ?
Il reste populaire mais les sondages ne lui ont pas été favorables après l'invasion du Capitole le 6 Janvier. Trump est le visage d'une Amérique qui pendant longtemps ne s'est pas ouvertement manifestée: l'Amérique ultra conservatrice et croyant à la suprématie blanche. Cette Amérique là s'est vue en Trump dès-après l'élection de 2016.
Qu’est-ce que l’Afrique doit attendre de la présidence de Biden ? Moins que ce qu’elle a eu avec Barack Obama ?
L'Afrique devra s'attendre à la même chose que pour Obama car le Président américain est élu pour défendre les intérêts de son pays. Mais Biden et Harris auront certainement plus de considération pour l'Afrique où ils devront contrer les poussées et avancées chinoises et renforcer peut-être la coopération militaire dans la mesure où cela n'arrange pas l'Amérique que la côte ouest-africaine soit aux mains des Jihadistes.
Kamala Harris, un symbole, une fois vice-présidente, peut-elle influer sur le sort des Afro-Américains et plus précisément des violences racistes en Amérique ?
Une composante de la politique de Biden sera de réduire les inégalités sociales aux Etats-Unis et les Africains-Américains auront à gagner dans cet exercice. Il faudra aussi tenir compte de l'épisode de George Floyd et du mouvement Black Lives Matter. Le couple Biden-Harris veut aussi faire un gros effort pour l'éducation surtout pour les couches défavorisées parmi lesquelles les Africains-Américains. Enfin, il est rassurant de voir une vice-présidente en qui on peut se retrouver parce que son papa était un noir de la Jamaïque.....
Propos recueillis par Momar Mbaye
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