Et une volte-face de plus, une ! Ce lundi, Donald Trump a confié qu’il serait « honoré » de rencontrer le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un « si les conditions étaient réunies ». Il l’avait même qualifié ce week-end de « petit malin », rapport à son habileté supposée à s’être hissé au pouvoir malgré son jeune âge. Il y a quelques jours pourtant, le président américain déclarait être prêt à mettre la solution militaire « sur la table » pour cet épineux dossier de la Corée du Nord, alors que Kim Jong-un menaçait lui de « rayer les Etats-Unis de la carte ». Pour les observateurs, difficile de faire le tri dans ce flot de déclarations dénuées de cohérence.
« Une déclaration totalement inattendue et inimaginable »
« Cette dernière déclaration est plus que totalement inattendue et inimaginable de la part du président Donald Trump, commente Dorian Malovic, coauteur du livre La Corée du Nord en 100 questions (éd. Tallandier). Certes, Trump s’était dit » prêt à manger un burger avec Kim Jong-un « lorsqu’il était candidat en campagne électorale. Mais depuis le début de sa présidence il y a un peu plus de 100 jours, sa position sur le dossier nord-coréen avait radicalement changé ».
Pour Marie-Cécile Naves, politologue spécialiste des Etats-Unis et auteure de Trump, l’onde de choc populiste (éd. Fyp), « il ne s’agit là que d’une volte-face de plus de Donald Trump. Il faut s’habituer à ce que la politique étrangère menée par le président américain soit faite de volte-face et d’actions à très court terme. Cela peut même entraîner une nouvelle doctrine de court-termisme de Donald Trump, qui s’inscrit dans une logique de réactions au jour le jour ».
« Trump n’a aucune stratégie »
Son prédécesseur à la Maison Blanche, Barack Obama, « avait opté pour la patience stratégique vis-à-vis de la Corée du Nord, explique Dorian Malovic. Or Trump a dès son accession au pouvoir eu des déclarations très va-t-en-guerre sur la Corée du Nord, voulant tenter une "nouvelle approche" de ce dossier ». Le président Trump a ainsi redit vouloir s’appuyer sur le levier chinois, Pékin étant de très loin le premier partenaire économique et le régime le plus proche de celui de Pyongyang. Selon Donald Trump le président chinois Xi Jinping « s’emploie à tenter de résoudre ce très gros problème, qui est aussi celui de la Chine ». Le problème, pour Marie-Cécile Naves, c’est que « Trump est quelqu’un qui n’a pas de vision à long terme, parce qu’il n’a aucune vision tout court en matière de politique étrangère, pas d’idéologie, ni de convictions ».
« Trump n’a aucune stratégie, abonde Dorian Malovic. S’il avait avancé sur ce dossier, l’idée d’une rencontre marquerait un aboutissement dans la résolution de ce conflit, mais là, on en est très loin. Pour l’heure, le président Trump a, notamment via la Chine, voulu mettre la pression sur la Corée du Nord sur les terrains diplomatique, économique et militaire, expliquant que des frappes préventives n’étaient d’ailleurs pas à exclure », complète le spécialiste de la Corée du Nord. Mais il est allé de déclarations farfelues en bévues, s’inscrivant dans une escalade verbale qui a fait monter comme jamais les tensions entre Washington et Pyongyang : on était presque au bord d’une guerre nucléaire ! ». Puis, « subitement, après s’être enlisé dans sa rhétorique belliqueuse, voilà que Donald Trump flatte Kim Jong-un dans la presse », poursuit Dorian Malovic, soulignant une « utilisation dangereuse de plus des médias par le président américain », passé maître dans cet exercice.
La crédibilité américaine est « en train de s’effondrer »
Sauf que ces déclarations tous azimuts ne peuvent constituer une politique internationale américaine cohérente. Résultat : « le message de Trump est illisible, et la crédibilité de sa parole en Asie est en train de s’effondrer, tant vis-à-vis des Chinois, que du côté des alliés japonais et sud-coréens, avertit Dorian Malovic. C’est la légitimité même de la présence américaine dans la région qui va en prendre un coup, au risque pour les Etats-Unis que la Chine, qui a appelé Donald Trump à "plus de retenue", ne soit désormais vue comme le seul interlocuteur stable et sérieux sur le dossier sud-coréen ».
De son côté, en riposte au précédent appel des Etats-Unis à l’ONU à renforcer les sanctions, la Corée du Nord a procédé samedi à un tir de missile balistique. Un tir qui s'est soldé par un échec. « La Corée du Nord n’est pas dans l’offensive, elle se contente de répondre à Trump », analyse Dorian Malovic, qui déplore « l’irresponsabilité du leader de la première puissance mondiale, qui joue avec le feu nucléaire. Là, Pyongyang est en train de gérer ses essais de missiles, et évalue le risque de se lancer ou non dans un sixième essai nucléaire ».
A la lumière des 100 premiers jours de sa présidence, Trump semble aujourd’hui revenir au dialogue et au statu quo en vigueur sous la présidence de Barack Obama, comptant par ailleurs sur l’entrée dans la partie de l’ONU. Jusqu’à la prochaine volte-face ?
1 Commentaires
Anonyme
En Mai, 2017 (21:25 PM)Participer à la Discussion