La communauté universitaire sénégalaise doit renouer avec l'éthique pour sortir de la crise dans laquelle elle se trouve plongée, qui se caractérise notamment par des grèves cycliques, a soutenu, vendredi à Dakar, l'universitaire et biologiste sénégalaise Salimata Wade.
"La formation universitaire à besoin de l'éthique et du coup, dans l'enseignement, l'ignorer ne fera que verser de l'huile sur le feu", a-t-elle déclaré lors d'un forum sur la crise des universités en Afrique.
"L'éthique, c'est le respect des franchises universitaires qui sont des textes qui doivent circuler afin que tout le monde sache ce que cela signifie", a dit cette chercheuse, primée en 2010 par l'Union africaine pour ses travaux en biologie nutritionniste.
Selon Mme Wade, "l'éthique doit être également revisitée en considérant, premièrement, le développement de mouvements associatifs de toutes natures se réclamant d'identités politique, communautaire (et) de guide religieux (différents) dans l'enceinte universitaire".
Les universités africaines, à l'instar de celles du reste du monde, doivent favoriser la massification, a-t-elle préconisé. "La massification, au fil des ans, est un constat indéniable et donne d'excellents résultats quand elle est programmée. S'il y a massification de toutes nos universités africaines, nous ne pourrons que nous en réjouir", a ajouté l'universitaire.
Elle a toutefois relevé que la massification commande une adaptation à de nouvelles stratégies pédagogiques, une maîtrise de l'évolution des sciences, une meilleure connaissance et un développement des technologies de l'information et de la communication (TIC).
Cette perspective "inévitable et souhaitable" pour prévenir les crises universitaires en Afrique et contribuer à résoudre certains problèmes pédagogiques liés à la massification, a-t-elle dit.
Pour apporter des solutions à la crise universitaire, la biologiste a suggéré une implication des enseignements-chercheurs et autres fonctionnaires de l'enseignement supérieur. "Le coût est forcement élevé pour une recherche scientifique, mais il devra être partagé avec la communauté universitaire et la nation tout entière", a-t-elle expliqué.
L'universitaire sénégalaise a dit qu'il faut "une communication la plus large possible, la plus saine, et la plus objective", a indiqué Salimata Wade, selon qui la crise universitaire résulte notamment d'un "manque de vision stratégique" à l'origine de la désagrégation et de la dégradation des indicateurs de qualité.
"Les germes de cette crise sont une absence de projection de ressources humaines, un accroissement du nombre d'étudiants et un manque de vision stratégique de l'amélioration du ratio étudiant-enseignant qui était correcte dans les années mais est devenu obsolète plus tard", a-t-elle relevé.
Salimata Wade a par ailleurs évoqué "un déficit infrastructurel permanent" à l'UCAD. "Il existe 347 salles de classe et amphithéâtres qui disposent de 23.253 places physiques pour un effectif de 75.000 étudiants en 2012 soit une place pour quatre étudiants", a-t-elle signalé.
La crise universitaire en Afrique, en Afrique subsaharienne en particulier, "est inévitable" puisque résultant d'un manque de vision et d'anticipation des différents acteurs, dont les responsables universitaires et gouvernementaux, a-t-elle estimé.
"Les recommandations faites au sortir des concertations nationales sur l'avenir de l'enseignement supérieur doivent servir de base de réflexion pour amorcer une sortie de la crise universitaire au Sénégal. Tout le monde doit intervenir dans la recherche de solutions", a-t-elle conclu.
1 Commentaires
Biologic
En Février, 2014 (22:07 PM)Participer à la Discussion