Bangaly Keïta, un responsable de la Coalition des organisations en synergie pour la défense de l'éducation publique (COSYDEP), a plaidé samedi à Tambacounda (est) pour la construction d’une université dans le sud-est du pays, afin de mettre fin au ''déséquilibre'' de l’enseignement supérieur dans le territoire sénégalais.''Dans un souci de rééquilibrage permettant de déboucher sur un développement endogène, la volonté politique devrait doter le Sénégal oriental de projets structurants, et particulièrement ceux concernant le sous-secteur de l’enseignement supérieur, car il ne peut y avoir de développement sans une bonne université'', a dit M. Keïta.
Il présentait une communication, lors d'une table ronde organisée par les sections COSYDEP et SYDEP/Afrique de Tambacounda, sur le thème : ''Université et développement : le cas de Tambacounda''. Selon M. Keïta qui s’exprimait en présence de l’inspecteur d’académie de Tambacounda, Alioune Ndiaye, d'enseignants et d’étudiants, ''il ne reste qu’à doter le sud-est d’une université, pour impulser son développement endogène''. ''Certes, l’ouverture des universités de Saint-Louis et de Ziguinchor tend à décentraliser l’enseignement supérieur public au Sénégal, mais beaucoup reste à faire concernant le sud-est du Sénégal'' comprenant les régions de Kédougou, de Kolda et de Tambacounda, a-t-il signalé.
''Compte non tenu des bacheliers des lycées de Kidira, Bakel et Kédougou, le nombre d’aspirants à l’enseignement supérieur formés par le seul lycée de la commune de Tambacounda tourne autour de 600 élèves'', a-t-il signalé, ajoutant que ce chiffre ''correspond à l’effectif de l’Université de Ziguinchor et représente le double de celui de l'université de Bambey, à leurs débuts''. ''La région de Tambacounda, a-t-il poursuivi, ne dispose que d’un seul établissement d’enseignement supérieur, à savoir l’Institut africain de management (IAM) et son statut privé s’oppose aux principes qui sous-tendent l’enseignement supérieur public.
'' Cette situation de la carte universitaire contraint les bacheliers à ''migrer vers d’autres localités relativement très éloignées de Tambacounda'', en s’exposant ainsi à la déperdition scolaire, aux difficultés liées au logement et à la bourse, au stress, aux mauvais résultats, etc. ''L’examen de la carte universitaire du Sénégal montre un déséquilibre ou un hiatus et des efforts méritent d’être déployés pour une décentralisation hardie et conforme aux principes qui sous-tendent la politique d’aménagement du territoire'', a affirmé Bangaly Keïta. ''La petite région de Thiès et son voisinage immédiat, à savoir Bambey, abritent deux universités, tandis que l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) ploie depuis des décennies sous le poids de son sur-effectif'', a-t-il fait remarquer.
En 2010- 2011, quelque 60.087 étudiants appartenant à une quarantaine de nationalités cohabitaient dans cette université, sur une superficie de 72 hectares répartis entre le campus pédagogique et le campus social, avec 1.143 enseignants et un personnel administratif, technique et de service de 1.200 agents, a-t-il indiqué. Pour Bangaly Keïta, l’annonce de la construction d’une nouvelle université publique à Dakar, précisément entre Diamniadio et Sébikotane, pour un coût de 17 milliards de francs déjà disponibles, ''constitue un facteur d’aggravation de ce déséquilibre''.
Il a dénombré cinq universités privées à Dakar : l’Université Dakar Bourguiba, l’Université Amadou Hampaté Bâ, l’Université du Sahel, l’Université El Hadj Ibrahima Niass et Suffolk University. ''La forte concentration d’étudiants à Dakar, avec des bacheliers non orientés, un surpeuplement dans les amphithéâtres et dans les dortoirs, fait penser à la nécessité de baisser les effectifs dans l’enseignement supérieur. Or, le Sénégal se trouve loin de la norme recommandée par l’UNESCO, qui veut que les étudiants représentent 2% de la population totale de chaque pays'', a souligné Bangaly Keïta. ''Autrement dit, le nombre d’étudiants devrait s’élever à 250.000 pour les 12 millions de Sénégalais'', a-t-il expliqué. ''En réalité, et selon la Banque mondiale, le taux d’accès à l’enseignement supérieur est de 4% au Sénégal, alors que le seuil requis est de 50% pour un pays qui aspire à être émergent'', a poursuivi M. Keïta, par ailleurs président de l’Association régionale des chefs d’établissement de Tambacounda. Il a estimé qu’''à l’image de la politique consistant à la construction de collèges de proximité, le choix de doter chaque capitale régionale d’un centre université régional (CUR) semble être la panacée...
'' L’inspecteur d’académie Alioune Ndiaye, représentant le gouverneur à cette table ronde, a fait état de la volonté de l’Etat de ''créer des universités partout dans le pays''. Il a signalé que ''l’Etat a la volonté de stabiliser les universités existantes et d’accroître le nombre de places disponibles, surtout en créant de nouvelles universités et écoles supérieures''. C'est ainsi que ''l’UCAD sera désengorgée'', avec la création de nouvelles universités dans la banlieue, ainsi que d’universités des métiers (bac+3 ans) dans chaque pôle de développement du pays, en partenariat avec le secteur privé, a indiqué M. Ndiaye.
5 Commentaires
Mbaye
En Septembre, 2012 (11:35 AM)en plus, la création de ces universités viendra mettre un autre problème en évidence, celui de l'emploi et des jeunes qui veulent se voiler derrière un diplôme pour ne plus travailler ou bien prendre en otage, un Etat déjà faible pour devenir fonctionnaires!
à mon avis, il ne faut plus former les jeunes au raffinement intellectuel mais plutôt à l'entrepreneuriat!
plus aucun jeune ne veut plus se salir les mains.....cela tue l'économie à la longue!
Yaatu
En Septembre, 2012 (12:08 PM)Jaraaf
En Septembre, 2012 (13:04 PM)BRAVO M. Bangali!
Peuls,
En Septembre, 2012 (15:27 PM)Rewmi
En Septembre, 2012 (23:01 PM)Participer à la Discussion