«Si l’on n’y prend pas garde, le fleuve Casamance risque le sort du Sine et du Saloum». C'est la conviction du docteur Moussa Souané, président de la chambre de commerce d’industrie et d’agriculture de la région de Sédhiou. Il explique qu’avec le phénomène des changements climatiques, le niveau des océans a augmenté. Alors, dit-il, pendant la saison sèche, comme le fleuve Casamance n’a pas de source pérenne à cause de la faible pluviométrie, l’eau de mer remonte jusqu’à 250 kilomètres à l’intérieur du bassin du fleuve Casamance.
De son avis, pendant la saison sèche, il y a des parties du fleuve qui sont cinq fois plus salées que l’eau de mer. Cette eau, hyper salée, s’infiltre dans le sol et contamine la nappe a-t-il dit. Elle détruit toute la faune et la flore d’où la disparition de certaines espèces halieutiques et de la végétation aquatique dont la mangrove. Pour le docteur Moussa Souané, spécialiste en technologie alimentaire, cette salinité constitue une catastrophe environnementale car elle s’étend jusque dans les rizières poussant ainsi les femmes à abandonner leurs principales activités génératrices de revenus. Dans la lutte pour la survie, elles exploitent cette eau salée pour en faire du sel, mais au détriment de l’environnement. Chaque jour, ce sont des centaines de fagots de bois qu’elles consument pour l’extraction du sel vendu à de vils prix. Un travail lourd et difficile qui ne leur rapporte presque rien, souligne le patron des industriels et des agriculteurs de Sédhiou, qui pense que seule l’exploitation des rizières peut contribuer à la sécurité alimentaire à la conservation des sols, à l’équilibre de l’écosystème et à la préservation de l’environnement.
Moussa Souané a expliqué par ailleurs que cette salinité du fleuve constitue une catastrophe socio-économique en ce sens qu’elle appauvrit des milliers de familles qui n’ont que les rizières comme terre à exploiter. De son avis, les peuples qui se sont installés le long du fleuve s’y sont installés pour exploiter les rizières et faire du maraichage avec l’eau douce. Aujourd’hui que cette eau ne leur est plus utile, ils sont obligés de s’exiler. Et ce qui justifie les nombreuses vagues d’émigrants vers l’Europe. Cette année, plus de deux cents jeunes sédhiouois, la plupart des élèves a-t-il souligné, ont quitté la région à cause de cette paupérisation galopante, pour un ailleurs moins rigide. Malheureusement, leurs embarcations échouent le plus souvent avant l’arrivée à destination. C’est pourquoi, regrette Moussa Souané, Sédhiou a payé un lourd tribut sur les chemins périlleux de l’émigration clandestine. La seule cause, estime-t-il, c’est parce que les populations ont perdu leur espace de travail, leur principal richesse. Or, il suffisait seulement de lutter contre l’envahissement du sel pour refaire de la région l’une des localités les plus riches du pays.
Comme solution à cette série de catastrophes, le président de la chambre de consulaire propose, à l’image du fleuve Sénégal, qu’il y ait des barrages pour sauver le fleuve Casamance. C’est dans ce sens que la chambre de commerce a saisi des partenaires italiens qui ont déjà visité le Bolon de Tanaff qui était le grenier rizicole de la région de Sédhiou. L’objectif est de revitaliser cette vallée en collaboration avec les communes riveraines que sont Tanaff, Dioudoubou, Baghère, Niagha et Simbandi Brassou. Selon Moussa Souané, son institution va s’appuyer sur cette opportunité que lui donne le code des collectivités locales pour proposer un modèle de développement.
La chambre de commerce déroule actuellement un vaste programme de sensibilisation auprès des élus locaux, de l’administration territoriale sur la nécessité d’éviter au fleuve Casamance un triste lendemain.
5 Commentaires
Billmane
En Juin, 2015 (08:04 AM)Anonyme
En Juin, 2015 (08:14 AM)Anonyme
En Juin, 2015 (08:17 AM)Anonyme
En Juin, 2015 (11:52 AM)Merci docteur pour ce cri du Coeur que je partage entièrement.
Vrai Vrai
En Juin, 2015 (16:30 PM)Plus de poisson
Plus d'agriculture
Plus de palmier
Je vous laisse méditer la suite.
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