« Le Sénégal Autrefois », en feuilleter les pages, c’est découvrir un pan de son histoire, dans sa double texture, humaine et matérielle. Une histoire qui se livre à travers des photos d’époque qui ont su saisir des séquences de vie enveloppées dans les draps du 19è et qui se prolongent jusqu’au premier quart du 20è siècle. Conçu par le Lt-Colonnel (E.R.) Boubacar Doro Bâ, ce livre reproduit des cartes postales arrachées à l’oubli grâce aux Archives nationales. Elles représentent des photos coloniales faites par des colons, pour des colons, portées par un regard de colons, mais néanmoins témoins d’une histoire authentique, même si elles comportent un fort relent ethnologique. Aussi, renseignent-elles sur les costumes vestimentaires, les coutumes d’époque.
Dans une première partie, un hommage à Senghor, sur fond de poèmes à l’honneur des tirailleurs sénégalais et de la « femme obscure ». Ensuite défilent des photos qui mettent en lumière des scènes de la vie quotidienne. C’est une sorte d’hymne à la femme. On la voit dorloter son enfant, piler les épis de mil dans un environnement, lavandière sur les bords du fleuve. Elles fument la pipe, elles sont seins nus, se contentant d’un pagne noué autour de la taille. Elles sont aussi mondaines, enveloppés dans leurs habits de fête et leurs coiffures d’apparat. On se surprend à poser un regard sur des images qui défient les époques, comme si le temps avait du mal à couler sous les ponts de l’innovation. Toute une séquence de photos est consacrée en hommage aux tirailleurs, à ces « frères noirs à la main chaude sous la glace et la mort ». On les voit à l’entraînement, dans leurs casernes, avec leurs familles. On les voit aussi à l’embarquement, en partance pour les champs de batailles. Et puis en avant dernière partie une série de photos est réservée à l’architecture coloniale. Ne dit-on pas que « le charme d’une ville comme celui d’un visage, c’est qu’il garde le bonheur de ce qui jadis l’a rendu célèbre » ?
Il en va ainsi des photos de La Gare de Dakar, du Palais de la Marine, du Commissariat de police, de la Chambre de commerce, des bâtiments typiques de Ziguinchor, St-Louis. Tout ceci se prolonge sur des paysages contrastés. Au fur et à mesure qu’on tourne les pages on ressent comme une émotion qui donne vie à toutes ces photos, scènes de vie d’antan, sans lesquelles aujourd’hui n’aurait pas de mémoire fondatrice. Le livre est beau, touchant, comme un passé accoucheur de présent. A ce titre, « Le Sénégal Autrefois » mérite de figurer en bonne place dans nos bibliothèques pour témoigner du temps qui passe et mesurer l’œuvre accomplie à travers les générations.
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