Les créatures du Président Wade commettent tous le même péché : ils croient avoir affaire à un vieux naïf qui radote et manque de suite dans les idées. Le Conseil ministériel sur le Fesman vient de leur infliger une cinglante humiliation. Si Gorgui ne donne pas toujours l’impression de savoir ce qu’il veut, il sait, assurément ce qu’il ne veut pas : un Fesman de têtes d’affiches. Il n’en a cure que Stevie Wonder soit présent si le peuple qui l’a élu en Mars 2000 ne tressaille pas aux tremolos du musicien Outre Atlantique. A la place de Danny Glover, il aimerait que le peuple soit à la fête avec les Baye Peuhl, Sa Neex et autres amuseurs du terroir.
- Un match de foot à mon festival ? De qui se moque-t-on ?
« Parsidan » veut entendre le chant païen du pays profond. Il veut s’assurer que soient entendus Yandé Codou et les tambours royaux du Sine, les ritis et danseurs de calebasse du Fouta, les percussions de la verte Casamance.
Que mes enfants et amis se rassurent… Mon allergie aux connivences ou compromissions demeure irréversible et ce n’est demain que je vais faire trempette dans la mare aux crocodiles.
La démarche claudicante du Fesman s’explique en trois points :
1) « Clanisation » du projet par un groupuscule d’intrigants plus soucieux de poires pour la soif que des enjeux et de la philosophie d’un festival que leur indigence intellectuelle assimile à une kermesse
2) Manque de crédibilité et d’expertise urbi et orbi des pilotes qui croient donner le change avec un carnet d’adresses internationales et des recommandations.
3) Mise à l’écart systématique de personnalités libellées « ingérables »ou hostiles au régime, de ceux ou celles dont la seule présence risque de mettre en évidence les limites et insuffisances des timoniers ; quand bien même la participation de ces personnalités serait utile au pays. C’est en mettant l’intérêt du Sénégal avant ses ressentiments personnels qu’un leader fait preuve de dépassement patriotique. Si Mr Wade, lui-même, avale parfois des couleuvres qui le répugnent, ses créatures devraient pouvoir dévorer des iguanes, sans état d’âme.
Il ne faut pas être plus royaliste que le roi.
A la lumière de ces trois points, il n’y a aucune déloyauté vis-à-vis du Président de la République à consulter, associer des écrivains dits de gauche, d’anciens ministres de culture. Chez ces occidentaux que nous imitons si mal, certains personnages, quelle que soit leur sensibilité politique du moment, demeurent incontournables chaque fois que l’exige l’intérêt supérieur de la nation. On le voit avec Jacques Lang en France, Hillary Clinton aux US, pour ne citer que ceux là.
Il devrait en être ainsi lorsqu’on songe à des hommes du sérail comme Moustapha Kâ, Makhily Gassama ayant laissé une marque indélébile dans les annales du département. Bien entendu les fats ne se plaisent que parmi les sots, contrairement aux gens intelligents qui recherchent toujours la compagnie de plus intelligents qu’eux. C’est chez les nains que survient la querelle de savoir lequel est le plus grand. Tant que les pileurs d’eau croiront moudre du grain, tout le monde sera éclaboussé, à commencer par Gorgui.
Amadou Gueye Ngom
Critique d’art
Florida
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