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OMAR PÈNE, LEADER DU SUPER DIAMONO : " MA VIE DE MUSICIEN..."

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OMAR PÈNE, LEADER DU SUPER DIAMONO : " MA VIE DE MUSICIEN..."

Affalé dans le salon de sa villa à Sacré- Cœur, Omar Pène donne une autre image d’un bonhomme bien paresseux. Relax jusqu’à la nonchalance, il se lâche par moments, dans de bien roques éclats de rire. Le leader du Super Diamono a certes pris de l’âge, mais mène sa barque avec lucidité. De «Ndam», titre de son nouvel opus, en passant par les questions d’actualité, «Gorou bana» comme on le nomme affectueusement, nous emporte dans son univers acoustique. Le temps d’un refrain…  

Parlez-nous un peu de votre nouvel album... 

Cet album «Ndam» est la suite logique de Miamba sorti en 2004 et qui nous a permis de beaucoup voyager, de faire des tournées et de participer à des festivals dans le genre acoustique. Nous avons remarqué que les gens en redemandaient encore. Et c’est pour cela qu’est né Ndam. Entre temps, j’ai eu à signer un contrat avec une maison de disque qui se nomme «Aztec music».

«Ndam» veut dire « triomphe ». A travers cet album, on peut penser que vous faites référence à votre carrière, après 35 ans de musique ? 

Je ne fais aucunement référence à ma carrière, car vous savez une carrière d’artiste, elle dure toute une vie. Je continue mon bonhomme de chemin. Maintenant, c’est vrai que le titre de l’album, c’est Ndam. Mais, c’est aussi le titre d’une des chansons qui compose l’opus et dans lequel, je rends hommage aux paysans. Ce sont des exemples à suivre, parce qu’ils cultivent la terre avec des conditions difficiles, jusqu’à ce qu’elle puisse être fertile. Si tout le monde essaie de réaliser quelque chose en y mettant du sien, peut-être qu’on aurait pu régler beaucoup de problèmes.

Pourquoi l’exemple du paysan et pas un autre ?

L’exemple du paysan est très symbolique, parce qu’il a triomphé de la terre. Il peut se glorifier d’avoir fait un travail concret et qui porte ses fruits. Tout le monde sait le problème de l’Afrique, c’est la pauvreté. Comment faire pour pallier à cela ? À mon avis, il faut des réformes agraires plutôt qu’autre chose. Et je crois que, de par le paysan, nous pourrions avoir une autosuffisance alimentaire.

On constate également des reprises dans l’album. Vous êtes visiblement en mal d’inspiration.

Non, pas du tout, parce que quelque part, j’entame une carrière internationale. J’ai 35 ans dans la musique, même s’il me reste encore beaucoup de choses à découvrir, il y a quand même des thèmes qui me tiennent à cœur. Toutefois, je ne pense pas que cela puisse être un manque d’inspiration, parce que ces reprises – là font toujours l’actualité. Donc, il y a bien de la matière.  

En jetant un œil sur le rétroviseur, après 35 ans de musique, diriez-vous que votre carrière a été à la hauteur de vos espérances ? 

Je suis mon bonhomme de chemin, mais, c’est vrai qu’aujourd’hui, je vis ma vie de chanteur normalement. Je ne saute pas au plafond, toutefois je me suis découvert une vie de professionnelle et j’ai senti une progression après toutes ces années d’expérience. Seulement, je ne dirais pas que je suis comblé, car je ne suis pas quelqu’un de très suffisant. J’ai des ambitions, également beaucoup de choses à découvrir.

Il y a beaucoup de départs au Super Diamono, ces dernières années…

Je crois que, ce qui est important, c’est de faire son travail normalement. Tout change, tout évolue, il y a des divorces partout. Le monde est ainsi fait, l’essentiel est de travailler avec ceux qui ont envie de le faire avec moi. Maintenant des départs et des arrivées, on n’a pas fini d’en entendre parler. Ce n’est pas une question d’inorganisation ou de brouille.

bVous arrive t -il de penser à la retraite ?

Je pense plutôt à mes possibilités de chanteur. Il n’y a pas de retraite dans la musique, c’est un métier très libre.

Peut-être investir dans un autre secteur, en attendant les vieux jours ?

Je suis un chanteur, je vais rester plutôt dans le cadre artistique. C’est le métier que j’ai choisi et cela me prend beaucoup de temps. On ne sait jamais ce que demain sera fait.

N’avez-vous pas peur de la vieillesse ?

J’ai l’habitude de dire que, j’ai comme idole Henri Salvador qui est mort à 95 ans, il a rigolé jusqu’à sa mort. Moi, je suis encore très jeune dans le circuit international. Et ce que je vois actuellement, ne me fais pas peur.

Il y a pourtant des rumeurs qui vous disent très malade …   

On ne peut pas empêcher aux gens de faire circuler des rumeurs. Le Sénégal a cette particularité de répandre des rumeurs. On liquide des gens du jour au lendemain. Je dis souvent que s’il y avait une coupe du monde des rumeurs, les sénégalais allaient l’emporter haut la main.

Vous n’êtes donc pas malade ?

Jugez-en par vous - même… (rires).

Quelle lecture avez-vous de tout cet engouement qui existe autour de la musique ?

J’ai deux appréciations à faire. D’une part, je suis très heureux en tant que chanteur de voir cet engouement que la musique suscite aujourd’hui. Au moment où moi j’ai commencé à chanter, les choses n’étaient pas aussi faciles. D’autre part, il y a un travail qui a été fait, jusqu’à ce que cet engouement-là, puisse exister. Et cela me rend vraiment fier.

Quel est votre secret pour avoir ainsi duré dans la musique ?

Je l’ai dit tantôt, la musique, c’est toute une vie. D’abord, il faut l’aimer et être très patient. Pour moi, c’est toute la carrière qu’il faut défendre et non pas un succès immédiat qui peut s’envoler du jour au lendemain. C’est très long et difficile, il faut beaucoup de travail et de la rigueur.

Justement, en parlant de rigueur, elle a tendance à disparaître du métier d’artiste. Aujourd’hui être chanteur, c’est beaucoup plus un tremplin, pour les jeunes qui ne brillent pas à l’école…

Faire de la musique, pour essayer de rebondir dans la vie, c’est possible. Mais, vous savez, la musique, c’est avant tout une question de talent. C’est vrai qu’il y a toujours beaucoup d’appelés, mais il y aura toujours peu d’élus. L’important est d’aimer ce que l’on fait et travailler tout simplement. Ceux qui réussissent, ce sont les gens qui essayent de faire ce qu’ils savent faire le mieux. A la limite c’est cela. Maintenant, on ne peut pas empêcher les gens de devenir chanteurs, Mais est-ce à dire, qu’ils le sont ? Il appartient au public d’apprécier…

Et quel est votre rôle dans tout ça, en tant qu’aîné ?

Personnellement, je suis chanteur, je ne peux pas me permettre de dénigrer quelqu’un qui fait de la musique. Je respecte le métier que je fais. Donc jamais au plus grand jamais, je dirai que tel ou tel n’est pas un bon chanteur. Je me l’interdis très sincèrement.

Vous préférez rester passif ?

Ça m’a réussi pendant 35 ans, alors pourquoi ne pas continuer comme ça… (rires).

Quel sentiment vous anime, lorsque vous entendez de jeunes talents vous citer en exemple ?

C’est une fierté de voir des jeunes qui s’identifient à moi. On a tous une référence dans la vie. Nous exerçons un métier qui n’est pas du tout facile. Nous sommes confrontés à beaucoup de problèmes, on entend des rumeurs tout le temps. Et donc, s’il y a du positif, cela ne peut que nous faire du bien. 

Parlez-nous de vos relations avec vos collègues artistes ?

Il n’y a pas une zone d’ombre. On se retrouve quand il le faut. You, Thione, Iso et tous les autres, nous avons de bonnes relations.

Où en êtes-vous pour votre duo avec Thione Seck ?

Nous en avons parlé depuis. Entre temps, nos calendriers ont changé, mais c’est toujours d’actualité et c’est une très bonne idée. Si le temps, nous le permet, nous allons y arriver. En tout cas, en ce qui me concerne, j’aimerais bien le faire.

En parlant de Thione, son fils Waly est en train de se positionner comme sa relève. Est-ce qu’on peut s’attendre à ce que, un de vos fils marche sur vos traces également ?

Peut-être, vous savez, la vie nous réserve énormément de surprise. Mais pour le moment, je suis ma propre relève et je suis encore là.

Les artistes font actuellement face à un blocage de taille, qui est la piraterie…

Il faut absolument éradiquer la piraterie, cela porte énormément préjudice aux artistes. Cela bloque l’évolution de la musique. Comme vous le savez, un produit nécessite des dépenses et beaucoup de sacrifices. Ne pas permettre à celui qui s’investit dans la création d’un produit, de rentrer dans ses fonds, est un acte délictuel. Ce n’est pas normal et pourtant cela empire. Malheureusement, nous les artistes, n’avons pas les moyens de régler ce problème. Il appartient aux autorités de prendre des mesures strictes, comme une loi dissuasive. C’est vrai qu’il y a un travail qui a été fait, il existe une loi, mais il n’y a pas les décrets d’application. Il faut que les pirates soient considérés comme des voleurs, qu’ils soient condamnés comme tels. Mais tant qu’il n’y a pas cela, on aura beau crier sur tous les toits, rien ne va changer.

C’est la seule issue ?

Il n’y a aucune autre solution, il faut tout juste que la piraterie soit considérée comme un acte illicite. Nous artistes, nous ne pouvons que sensibiliser notre public, pour qu’il achète les CD originaux, mais cela ne suffit pas. Il faut aussi ratisser large, pour y inclure la question des droits auteurs et droits voisins.  

Quelle est votre analyse sur la situation du pays, les relations entre le pouvoir et l’opposition ?

Tout le monde est conscient des difficiles conditions de vie, aussi bien la population, que les dirigeants. Maintenant, ce qu’il faut trouver, ce sont des solutions durables et définitives. S’agissant du domaine politique, je suis un grand observateur, cela m’intéresse beaucoup en tant que leader d’opinion et citoyen. Toutefois, j’ai du mal à lire la politique au Sénégal. À mon sens, c’est extrêmement compliqué, c’est pourquoi je ne m’avance pas trop là-dessus.

Entretenez-vous des relations particulières avec les politiques ?

J’ai des amis partout, il y en a des politiciens, des ministres. Il y a même un que tout le monde connaît, c’est le maire des Parcelles. Assainies, Moussa Sy. Je pense que même si la politique ne m’intéresse pas, je fais partie de la vie active du pays.  

Et le Président Wade, il vous a récemment reçu dans au palais …

Je suis un panafricaniste dans l’âme, comme le Chef d’Etat. J’ai un projet dans ce sens, voilà pourquoi j’ai discuté avec le Président Wade. Il m’a reçu et cela m’a beaucoup apporté.

À vous entendre parler, vous n’êtes visiblement pas prêt à faire de la politique ?

Alors là non ! Absolument pas.

L’actualité c’est aussi, le Gouvernement qui bloque la télé de Youssou Ndour. Qu’en pensez-vous ? 

C’est quand même dommage, car nous sommes au 21ème siècle et nous vivons dans un espace planétaire où le pluralisme, au niveau médiatique, est devenu une chose extrêmement importante. Au Sénégal, il y a des gens qui entreprennent, créent des emplois en tant que natifs de ce pays. C’est le cas de Youssou avec la TFM. Si toutes les conditions sont réunies, je ne vois pas pourquoi, elle ne doit pas émettre. À la limite, il faudrait avoir un esprit de dépassement et essayer d’aider ceux qui entreprennent. Je pense que, c’est ce dont, on a besoin justement, au moment où l’on parle d’émergence et de développement. Donc, je milite en faveur de TFM. 

Dites-nous, comment occupez vous vos journées, si vous n’êtes pas en tournée ?

Je ne sors pas beaucoup, je suis un casanier, fana de foot et de lecture. Également, j’aime bien suivre les débats à la télé.

Jouez-vous toujours au foot ?

Non, j’ai arrêté avec l’âge, ce n’est pas évident. Je me contente de regarder des matches à la télé.

Omar Pène est-il riche ?

Non. Si être riche signifie avoir beaucoup de millions, être milliardaire alors je ne le suis pas. Mais je vis bien, je rends grâce à Dieu, je ne dois de l’argent à personne. Je vis très humblement et je ne dépends de personne. Je suis riche de ma liberté et de mon indépendance.

À quand la Niareel ?

Je suis avec ma «bennel» (mon unique épouse), comme on dit et cela suffit très très largement. Je suis très rangé.

On a plutôt l’impression que c’est votre «bennel» qui  vous a surtout bien rangé…

Faudra le lui demander, c’est assez particulier et je n’ai pas de réponse à donner à cette question… (rires)

Un message à l’endroit de vos fans…

Je leur dis tout simplement d’acheter l’album «Ndam», c’est un livre de chevet. Tous les fans du Super Diamono et tous ceux qui aiment la musique en général, devraient l’avoir et surtout pas de contrefaçons. C’est un album qu’il faut impérativement avoir et le garder, il y a beaucoup de souvenirs. Et j’insiste sur le fait qu’ils devraient se méfier des pirates.



1 Commentaires

  1. Auteur

    N'jiha

    En Juillet, 2013 (16:49 PM)
    j'aime le sénégal

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