À la découverte de l’homme qui a propulsé Thione
Habillé d’un costume rouge bordeaux, très relax, Ballago est entré en studio avec Boubacar Diallo et Mansour Dieng « Icône ». D’emblée, la première phrase a toute sa signification :« Lu jot jotna» (toute chose arrive à son heure). Car, cela fait longtemps qu’on l’attendait dans ces locaux. C’est Mansour Dieng « Icône » qui ouvre le bal pour proposer qu’on présente Thione, même s’il est déjà connu du public. Car selon lui, il y a un journaliste qui a fait sa thèse sur le chanteur. « Né le 12 mars 1955, Thione a débuté par les Kassak sous l’aile protectrice de Bira Guéye et Ndiaye Lô Ndiaye de Pikine. C’est en 1972 à l’occasion de la grande nuit de la Jeanne d’Arc qu’il a été découvert par le grand public et par Laye Mboup. Ce dernier l’envoie parfaire sa formation au Star Band d’Ibra Kasse. Un an plus tard, il rejoint le Baobab orchestra. Après cinq années de présence au Baobab, il forme sa troupe folklorique avec les Dara Guissé, Khady Seck et Ndéye Marie Ndiaye Gawlo. Devant l’impossibilité de cumuler les deux activités, il se fait remplacer au sein de l’orchestre par son jeune frère Mapenda Seck. Après un séjour en France au début des années 80 suite à une promesse de production de Paco Rabanne, il rentre au bercail en 1983 pour intégrer le Ngeweul Orchestra, avant de mettre sur pied le « Ram Daan ». Après 25 ans de carrière avec ce groupe et surtout le succès fou de la chanson Mathiou en 1997, il a pu atteindre un niveau enviable sur la scène musicale sénégalaise», résume Mansour Dieng, qui, apparemment, à un lourd dossier sur Thione. Et ce dernier d’ajouter qu’à cette époque, tout ce qu’on faisait sans ensemble instrumental traditionnel était vide. Pour apporter plus de précisions, Thione dit : «Laye Mboup m’a appelé et m’a dit : tu chantes bien, viens me voir lundi à Sorano. Dieu sait que cette nuit-là, je n’ai pas dormi car j’étais pressé. Lorsqu’il m’a émis son souhait de me couver, je lui rétorque que mon père qui est un adjudant de police détache au tribunal chez feu Kébé Mbaye, refuse que je chante. Nous sommes allés ensemble le voir et il a essayé de le convaincre. Mais j’avoue que c’est lui qui m’a aidé et propulsé au-devant de la scène».
Les 12 ans de souffrances de Thione qu’on a essayé d’ensevelir à travers les médias
Abordant son parcours musical, Ballago n’a pas manqué de souligner les zones d’ombre qui ont entaché sa vie. Il dira : «J’ai échappé à des embuscades. Il fut un temps où l’on m’a mis dans un trou pour m’ensevelir à travers les médias. À l’époque, Il y avait une seule télé et une seule radio. Qui ont fait black-out sur mes morceaux et je n’ai jamais compris pourquoi. Il a fallu la floraison de radios pour que les gens puissent me découvrir», se souvient-il. Dans cet aveu de taille, on lui a demandé pourquoi il n’avait pas alerté les autorités ? Et lui, de répondre que les animateurs avaient leurs salaires entre les mains de certains individus qui leur dictaient leur loi. Ces derniers donnaient des consignes pour qu’on ne mette pas sa musique afin qu’il reste dans l’anonymat. «Si la radio passe 150 morceaux dans la semaine, moi j’ai droit à un seul morceau. J’en ai souffert durant 12 ans. Aujourd’hui, qu’il pleuve ou qu’il fasse du vent, je triomphe», martèle-t-il, comme pour manifester sa revanche. Et c’est l’occasion pour Boubs et Mansour de dénoncer le système de monopole des médias d’alors.
Les prolongations de Bercy entre You et Thione.
Au cours de l’émission, ce fut une surprise de taille et un retour vers le passé. Sidate lui fait écouter un morceau datant de 1981, où Thione chantait You au Sahel. Il s’en souvient. Et à cet instant, on lui passe ce dernier au téléphone. Après les salutations, You précise qu’il était plus fréquent à Ngalam, car, il venait pour apprendre et comprendre la musique. Et en bon artiste, il fait remarquer à Thione qu’à cette époque, il chantait bas, contrairement à aujourd’hui. Une note que beaucoup de personnes ne comprennent pas. En lui témoignant toute sa joie de le revoir, il ajoute : «Je ne changerai pas dans mes propos, tu m’as soutenu à Bercy et je t’en remercie encore publiquement. J’espère que tu n’avais pas froid ?». Et Thione lui répond : « Même si j’avais froid, tu m’as donné du chauffage». Mais avant de se quitter, il fallait apporter la lumière sur les sanglots de Thione. Et là, c’est Thione qui a tenu à répondre. «Je suis très émotif et quand j’ai fini de chanter, You m’a remercié et je lui ai dit : c’est bizarre, 25 ans de « coow » (bruit), et il a fallu 45 mm de discussion pour que tout rentre dans l’ordre. Je n’ai pas pleuré sur scène, c’est au moment où je devais regagner ma loge que nous avons pleuré». Pour clore ce débat, l’enfant chéri de la Médina argue que ce qui est important, c’est de marquer l’histoire et ils l’ont réussi. Pour terminer, Thione a demandé à son jeune frère de revoir en studio le morceau «Ndiadiane Ndiaye» qu’ils ont joué ensemble pour mieux rectifier le tir. Car, il n’était pas bien dans sa peau ce jour-là. Ce que You lui a promis.<>P Son fils Waly était destiné à jouer au football, dommage, il marche sur les pas de son père.
Thione parlera de son fils Waly qui était destiné à être un grand footballeur. Contrairement à son fils qui assure maintenant dans toutes ses soirées les premières parties, Thione révèle qu’il avait le choix entre être jokker, footballeur ou musicien. Seulement, la musique a pris le dessous. Et sans fausse modestie, il dit : «Je suis un bon musicien et je n’attends pas qu’on me dise que je chante bien. Je le sais. J’ai eu même écho d’un « jeuw » (confidence) de Youssou qui disait à ses amis autour d’un thé : «Si j’avais une coupe à donner pour le meilleur musicien du Sénégal, je la donnerais à Thione». Concernant mon fils, je lui ai effectivement suggéré de faire du foot, car c’est le moyen le plus rapide… (comprenez, pour gagner de l’argent). Il a fait un test au Milan AC et plus tard, je lui ai recommandé de revenir, car ça risquait d’être long. Je crois qu’il fera carrière, je serai à ses côtés pour le rectifier. C’est un espoir», dit-il. Et avant de se quitter, la lancinante question d’une seconde femme lui a été posée. Pour se défendre, il dira que le jour où Omar Péne prendra une deuxième (il l’avait fait et lorsqu’il a été découvert par Banna, son épouse, « da fa koo miim») éh bien, il en fera de même.
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