Le Consul général du Sénégal à Milan, Abdoul Lahad Sourang, réagit sur les tracasseries policières que vivent des immigrés Sénégalais à San Remo. Il affirme avoir fait des démarches pour rencontrer les autorités de la ville touristique qui disent être prêt à des compromis sauf sur le commerce des produits contrefaits. M. Sourang a aussi accepté de se prononcer sur le cas des passeports pour les immigrés, précisant que le document de voyage n’est pas exigé pour les demandes de permis de séjour.
Monsieur le Consul, d’où provient le problème des immigrés sénégalais de San Remo ?
«Ça ne date pas d’aujourd’hui. Je me rappelle qu’en décembre 2007, je me suis rendu à San Remo pour rencontrer le préfet, le maire et les membres de la Questura (Commissariat de police : Ndlr). A l’époque, mon intervention était motivée par le fait que les gens entraient directement dans les maisons des Sénégalais sans mandat d’arrêt. Parce qu’ils (les forces de l’ordre italiennes : Ndlr) disaient que les Sénégalais étaient des vendeurs de marchandises contrefaites. Ils devaient entrer dans les maisons qu’après avoir un mandat de perquisition.
Et le 19 septembre 2008, je leur ai accordé une journée consulaire. Ils se sont déplacés massivement avec leurs passeports. En avril 2009, le président de l’association des Sénégalais de San Remo, Ousmane Mbaye, m’a appelé pour me faire savoir que les gens entrent dans les maisons des Sénégalais pour effectuer des contrôles. Et pourtant, on s’était mis d’accord sur beaucoup de points. En réalité, c’est ça le problème, s’ils respectaient les choses qu’on s’était dites, on pouvait ne pas arriver là. Mais il faut reconnaître aussi que beaucoup de Sénégalais ont rallié cette année cette ville frontalière à Nice (Sud de la France) avec des marchandises contrefaites au vu et au su de tout le monde.
Est-ce que vous avez relancé les autorités de San Remo ?
Nous avons réagi au niveau des autorités de la commune de San Remo. Le dirigeant lui-même m’avait certifié que ses agents ont visité trois (3) maisons, dont deux occupées par des Marocains et une par des Sénégalais. Mais, avec le problème du délit de clandestinité, ces maisons qui ont des propriétaires italiens ont été fermées.
Quand j’ai été mis au parfum, j’ai appelé le préfet pour discuter à nouveau. Il m’avait répondu que s’il s’agissait des problèmes de clandestinité ce n’est pas la peine de venir.
Mais sur invitation du maire, je me suis rendu à Sen Remo le 20 août dernier pour régler les problèmes de logement. L’autorité de la ville est allée plus loin en me disant même que si le Sénégal est disposé à ouvrir un consulat honoraire, il est prêt pour nous donner coup de main tout en nous offrant des moyens logistiques. La seule chose qu’il ne peut pas nous accorder, c’est la vente de produits contrefaits. Nous sommes tombés d’accord sur beaucoup points sauf ce dernier. Il est d’accord pour que ceux qui ont des licences rejoignent le marché éthique et pour ceux qui n’ont pas de licence le fassent sur une rue passante. Polices de Torino et Genoa en renfortsMardi, on m’a appelé pour me dire que le procureur a réquisitionné les Polices de Genoa et Torino pour contrôler si les gens ont respecté ce qu’on s’était dit ou pas. Malheureusement, quand ils sont entrés dans les maisons, il y a eu une quarantaine d’arrestations dont deux filles. L’une d’elles est mineure et l’autre une femme mariée qui était seulement de passage. Deux mille cinq cent (2500) pièces contrefaites ont été saisies. Quand j’ai appelé le procureur hier (Ndlr : Mardi), il m’avait assuré qu’il a libéré tous ceux qui sont en situation régulière. Mais ceux qui ne sont pas en règle vont rester comme l’indique la loi.
Où en est la situation à ce jour ?Depuis, je suis en contact permanent avec les autorités de la ville de San Remo et les Sénégalais aussi. Les autorités m’ont fait savoir que la clandestinité est un délit. Malgré tout, je leur ai demandé de les laisser travailler. Mais aussi, il faut reconnaître que dans cette ville, il y a des gens qui travaillent dignement sans faire de bruits même s’ils sont des clandestins.
L’autre problème, c’est les difficultés pour les immigrés Sénégalais à se faire établir des passeports ?
Nous avons établi un calendrier jour pour jour jusqu’en 2010. Néanmoins, on traite les urgences notamment les femmes enceintes, les handicapés qui sont considérés comme des cas particuliers en cas de besoins de nos services. On est en collaboration avec les associations pour un travail plus organisé. Vous voyez que les gens viennent en masse pour récupérer leur titre de voyage. Par jour, on peut confectionner jusqu’à 80 passeports, et par mois, de 1500 à 2000 passeports. Si les rendez-vous sont aussi longs, c’est parce que nous recevons des Sénégalais venant de plusieurs coins de l’Europe (il nous montre un passeport dont le titulaire est un immigré qui réside en Allemagne).
A vous entendre, il n’y a donc pas de problème concernant les passeports ?
Ce n’est pas le gouvernement sénégalais qui bloque ses fils. Tous ceux qui ont des problèmes de passeports n’ont qu’à venir pour qu’on puisse régler leur problème. Avec la régularisation, c’est l’identité qui est plus important, mais pas le passeport en tant que tel. Toutefois, nous pouvons trouver des solutions pour ceux qui n’ont pas de passeports. Mais il faut savoir que le passeport n’est pas exigé pour demander le permis de séjour.
Que peuvent apporter les immigrés sénégalais pour aider le Sénégal à faire face à la crise économique internationale ?
Nous devons nous y mettre pour essayer de résoudre le problème de la crise. L’immigré a un rôle important surtout dans des pays comme le Sénégal. Vous savez, il y a 350 mille sénégalais en Italie, et si chacun mettait la main à la poche pour sortir ne serait-ce que 10 euros (environ 6 550 FCfa), on pourrait résoudre les problèmes de la SENELEC et pourquoi pas racheter la SONATEL. La diaspora peut résoudre ces problèmes. Mais tout doit passer par une bonne organisation. D’abord, les gens ont commencé à y penser avec les associations FASNI (Fédération des Associations du Nord d’Italie), FASER (Fédération des Sénégalais d’Emilie Romagne) et aussi celle de Triveneto dirigée par le vice-consul.
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