AIRBUS - Les mauvaises nouvelles en provenance de Toulouse risquent de faire grincer des dents à Paris. Malgré une année 2013 record dans l'aviation civile et un carnet de commande plein à craquer pendant 8 ans, Airbus Group a confirmé ses 5800 suppressions d'emplois lundi. Le comité européen du géant de l'aéronautique (ex-EADS) a toutefois déclaré qu'il ne toucherait pas à sa filiale d'aviation civile, mais se concentrerait sur ses divisions "espace" et "défense".
Les filiales Astrium et Cassadian sont directement visées par le patron d'Airbus, Tom Enders, qui a présenté la réorganisation, dans le sillage du changement de nom. En effet, EADS n'existe plus depuis le 1er janvier 2014, il faut désormais l'appeler Groupe Airbus, afin de profiter de la bonne image de son fleuron. Le plan prévoit d'articuler le groupe en trois divisions, contre quatre actuellement: Airbus (aviation commerciale), Airbus Helicopters (ex-Eurocopter) et Airbus Defence and Space (ADS), qui regroupe Cassidian (défense), Astrium (espace) et l'activité avions de transport militaires d'Airbus.
La plupart des syndicats, notamment français, estiment que la direction du groupe, bénéficiaire, n'a pas apporté de justification économique à ce plan lors de la présentation initiale au comité européen le 9 décembre. Cette nouvelle fait également mauvais effet car Airbus a fait savoir le 11 décembre qu'il entendait maintenir une politique de dividende ambitieuse, avec un ratio de l'ordre de 30% à 40% des bénéfices versés aux actionnaires. Le cours de l'action avait alors connu une explosion de 7,5% après ces annonces successives. En un an, le titre a bondi de 70%.
La France moins influente dans le capital
Tom Enders, le patron exécutif du groupe européen, a estimé en décembre que ces changements de gouvernance et de stratégie, après la perte récente d'influence des Etats français et allemand dans l'actionnariat d'EADS, "nous rendront plus innovants et plus compétitifs partout". Paris a notamment vendu 1% de sa participation le 15 janvier, passant à 11% du capital, tout comme Berlin. Selon le syndicat français FO Métallurgie, 1000 postes seraient concernés en France.
"Il nous faut réduire les coûts, éliminer les duplications de produits et de ressources, créer des synergies dans nos opérations et notre portefeuille de produits, et mieux cibler nos efforts de recherche et développement", a ajouté Tom Enders.
Arnaud Montebourg y était allé de son commentaire en décembre dernier, en appelant à la responsabilité des dirigeants. Si le ministre estime que "l'adaptation d'une entreprise aux évolutions de marché et la défense de sa compétitivité sont légitimes et nécessaires", il ajoute que "la situation globale de l'entreprise, qui bénéficie du soutien régulier et actif des pouvoirs publics, et dont les autres activités sont en croissance exige de celle-ci de ne pas procéder à des licenciements". Il a conclu que "dans la situation profitable de l'entreprise, nul ne devra être contraint à perdre son travail".
Un total de 144.000 postes dans le groupe
Au total, la réorganisation entraînera la suppression de 5800 postes sur 144.000 environ d'ici à fin 2016, ce qui pourrait se solder par 1000 à 1450 licenciements, à moins de gains de compétitivité négociés avec les syndicats. "Un chantage à l'emploi" dénoncé par les cinq syndicats français (FO, CFE-CGC, CFTC, CGT et CFDT).
Sur le total, 514 suppressions sont prévues dans les fonctions centrales (ressources humaines, informatique, paie,...) et réparties dans les différents pays européens, mais l'essentiel pèsera sur la nouvelle branche ADS. Celle-ci doit perdre 5290 emplois pour ramener son effectif de 42.600 à 37.310 employés, indiquait en décembre son nouveau patron Bernhard Gerwert.
2620 suppressions proviendront de l'ex-Cassidian (dont 1780 en Allemagne, sa principale base), et 200 des effectifs transférés d'Airbus military (dont 180 en Espagne), selon les chiffres remis aux syndicats.
L'espace, en meilleure santé que la défense, devrait perdre aussi 2470 emplois selon les syndicats, avec un lourd tribut côté français (1070 emplois sur 6000 salariés). Astrium emploie environ 2500 salariés en CDI à Toulouse, 2000 aux Mureaux (Yvelines), 1200 près de Bordeaux et 400 à Elancourt (Yvelines).
4 Commentaires
Airyakalma
En Janvier, 2014 (13:24 PM)Montréalais
En Janvier, 2014 (13:41 PM)Aribus
En Janvier, 2014 (16:24 PM)Est ce que y a n'en parmi vous, certains qui ont travaillé chez airbus? J'ai un entretien avec eux pour un poste de stagiaire en Electronique.
Merci
Golf
En Janvier, 2014 (18:06 PM)Participer à la Discussion