Alors que plusieurs pays européens subissent une vague de chaleur, les écharpes sont de sortie au Brésil, pays tropical qui souffre dans sa moitié sud d’un froid inhabituel pour un mois de mai, dangereux pour les milliers de sans-abri mais aussi les cultures.
Avec 1,4°C au mercure, Brasilia a enregistré jeudi la température la plus froide de son histoire, alors que l'hiver austral ne commence officiellement que fin juin. Sur la page principale du site de l'agence météorologique Inmet, une carte du Brésil montre toute la moitié sud colorée en orange, avec en légende la mention: "Vague de froid (danger)". À Sao Paulo, le thermomètre a affiché 6,6°C mercredi matin, un record pour un mois de mai depuis 1990, avec un ressenti de -4°C.
Un sans-abri de 66 ans est décédé mercredi, après avoir fait un malaise dans la file d'attente d'un centre de distribution de nourriture. Selon les médias brésiliens, il avait passé la nuit dans la rue. La mairie de Sao Paulo a annoncé en début de semaine l'ouverture de 2.000 places supplémentaires dans des sites d'hébergement d'urgence, portant la capacité totale à environ 17.000.
Voir la neige pour la première fois
Avec une température minimale autour de 12°C jeudi à Rio de Janeiro, on est encore loin de voir une invasion de pingouins sur la plage de Copacabana, mais de nombreux cariocas ont sorti de leurs armoires les pulls épais, voire les anoraks. Dans l'Etat méridional de Santa Catarina, qui enregistre depuis plusieurs jours des températures inférieures à 2°C, la neige a fait le bonheur des touristes.
Selon le quotidien Folha de S. Paulo, la petite ville d'Urupema, qui s'autoproclame "la plus froide du Brésil, mais pleine de chaleur humaine", affiche une occupation hôtelière de plus de 90%. Cette commune de 2.500 habitants a reçu des visiteurs venus parfois de loin, en pleine semaine, pour voir la neige pour la première fois.
“Possibles conséquences” sur l’agriculture
Selon Estael Sias, spécialiste de l'agence météorologique Metsul, cette vague de froid "atypique pour cette période de l'année" est due au cyclone Yakecan, qui a touché le sud du Brésil et l'Uruguay et a "poussé des masses d'air polaire" plus au nord, à l'intérieur des terres". "Ce cyclone est une anomalie, qui rentre certainement dans le cadre des événements extrêmes liés aux changements climatiques", précise-t-elle.
L'agence Inmet a fait état de "possibles conséquences de la vague de froid sur l'agriculture brésilienne", dans un pays considéré comme l'un des greniers de la planète. Le communiqué d'Inmet évoque notamment des risques de gel menaçant les cultures maraîchères, mais aussi les récoltes de maïs ou de canne à sucre.
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