La peur du lait chinois contaminé a gagné l'étranger,et principalementle continent Africain, alors qu'en Chine même le nombre d'enfants victimes de cette gigantesque fraude s'est encore considérablement alourdi lundi, se chiffrant par dizaines de milliers.
Quelque 53.000 enfants ont dû être soignés dans le pays, dont près de 13.000 restent hospitalisés -- 104 d'entre eux dans un état grave -- après avoir consommé du lait frelaté à la mélamine, a annoncé le ministère de la Santé.
Huit sur dix des petites victimes de ce scandale, qui a éclaté il y a une dizaine de jours, ont moins de deux ans. Ce lait contaminé a provoqué la mort de quatre nourrissons. L'ampleur du désastre a coûté son poste au patron de l'Administration chinoise en charge du contrôle de qualité, Li Changjiang. Chine Nouvelle a annoncé lundi que le gouvernement avait accepté sa démission. A l'étranger, une série de pays, asiatiques et africains principalement, ont suspendu les importations de lait chinois, voire de tous produits laitiers ou pouvant contenir du lait. Des fabricants ont d'eux-mêmes ordonnés le rappel d'aliments, comme l'entreprise japonaise Marudai Food, qui a retiré des milliers de petits pains industriels fabriqués avec du lait fourni par Yili, l'un des fabricants chinois incriminés. Car la mélamine, un produit chimique utilisé dans la fabrication de colles ou de résines, a désormais été détectée dans une large palette de produits. Dimanche, les autorités de Singapour ont ainsi annoncé avoir découvert le poison potentiel dans de simples bonbons, d'une célèbre marque chinoise ("Lapin Blanc"). Singapour avait déjà suspendu vendredi l'importation et la vente de produits laitiers de Chine après avoir détecté de la mélamine dans du lait, des yaourts, des glaces, des biscuits et du chocolat.
En prenant une tournure planétaire, le scandale a mis en évidence une pratique révélée il y a quelques mois: l'ajout de mélamine à des produits alimentaires, pour tricher sur leur taux en protéines et le faire paraître artificiellement plus élevé. En 2007, des chiens et des chats du continent nord-américain en avait été victimes. Du gluten importé de Chine, pour leurs pâtées industrielles, avait été trafiqué à la mélamine. Plusieurs dizaines de milliers d'animaux d'élevage, comme des porcs, avaient aussi été nourris avec des préparations contenant des suppléments protéinés importés de Chine, contaminés avec de la mélamine. La Chine est régulièrement sur la sellette pour ses produits alimentaires ou pharmaceutiques de mauvaise qualité, voire toxiques, pour ses jouets à la peinture au plomb, etc. En début d'année, ce fut au tour de l'héparine chinoise: l'anticoagulant avait été contaminé au sulfate de chondroïtine sur-sulfaté, une substance non-naturelle obtenue par modification chimique, selon la FDA, l'agence américaine de l'alimentation et des médicaments. Cette substance, mimant l'héparine mais moins coûteuse, a entraîné aux Etats-Unis notamment des réactions allergiques sévères, dont 19 décès. Dimanche, le Premier ministre Wen Jiabao s'est engagé à en finir avec ces scandales récurrents: "Nous voulons empêcher que cela se reproduise, pas juste pour les produits laitiers, mais pour tous les produits alimentaires", a-t-il déclaré à des Pékinois, devant les objectifs des caméras de la télévision chinoise. Mais les autorités centrales s'attaquent parfois à des chaînes de corruption difficiles à démanteler. Dans le cas du lait maternisé, la sonnette d'alarme avait été tirée dès août par la société Fonterra, partenaire néo-zélandais du chinois Sanlu, premier fabricant dont les produits contaminés ont été repérés.
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