Barack Obama a promis lundi de fournir à ses alliés européens toutes les informations relatives aux programmes de surveillance américains, en réponse au tollé suscité par de nouvelles informations sur le sujet."Tous les services de renseignement, y compris ceux de l'Union européenne, essayent de comprendre ce qui se passe dans les capitales du monde entier à l'aide d'informations qui ne proviennent pas des médias", a-t-il toutefois déclaré, s'adressant à la presse lors d'une visite en Tanzanie.Bruxelles a réclamé des explications sur les articles publiés ce week-end par The Guardian et Der Spiegel selon lesquels Washington a espionné l'Union européenne et plusieurs de ses Etats membres.En France, François Hollande a exigé l'arrêt du programme d'écoute américain de l'UE. "Nous demandons que cela cesse dans les meilleurs délais, j'allais dire immédiatement", a-t-il déclaré, soulignant que Paris ne saurait "accepter ce type de comportement entre partenaires et alliés".Comme Barack Obama, John Kerry, premier membre du gouvernement américain à réagir, a assuré que tous les gouvernements ou presque avaient recours à "de nombreuses activités" pour sauvegarder leurs intérêts et leur sécurité.Le secrétaire d'Etat américain a dit avoir eu une conversation sur le sujet avec Catherine Ashton, porte-parole de la diplomatie européenne, de passage comme lui à Bruneï pour une conférence sur la sécurité en Asie."Chaque pays confronté aux affaires internationales mène de nombreuses activités afin de protéger sa sécurité nationale, et tous les types d'informations y sont utiles (...) Tout ce que je sais, c'est que ce n'est pas inhabituel pour de nombreux pays", a-t-il expliqué.
INSPECTION APPROFONDIE
Certains en Europe prônent le gel des négociations entamées il y a deux semaines, lors du sommet du G8, sur un traité de libre échange transatlantique, en attendant les explications américaines."On ne peut avoir de négociations, de transactions, sur tout domaine, qu'une fois obtenues ces garanties pour la France, et ça vaut pour toute l'Union européenne, et j'allais dire pour tous les partenaires des Etats-Unis", a ainsi dit François Hollande, qui a demandé au ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, "de se mettre immédiatement en contact avec son homologue John Kerry pour avoir toutes les explications et toutes les informations".José Manuel Barroso, président de l'exécutif européen, a donné pour instruction aux services compétents "de procéder à une inspection et une vérification de sécurité approfondies", a indiqué la porte-parole de la Commission, Pia Ahrenkilde Hansen."Si ces faits sont confirmés, ils sont extrêmement graves", a quant à lui déclaré Michel Barnier, commissaire européen au Marché intérieur, qui a dit parler au nom de la Commission européenne.
LA GUERRE FROIDE EST FINIE, DIT BERLIN
Le Guardian a rapporté dimanche soir que l'ambassade de France à Washington de même que la mission française auprès des Nations unies, entre autres représentations étrangères, avaient été placées sur écoutes par les services américains.Le quotidien britannique, qui s'appuie sur un document de septembre 2010 obtenu auprès d'Edward Snowden, l'ex-consultant informatique de l'Agence de sécurité nationale (NSA), confirme aussi ce que le Spiegel rapportait samedi : les représentations de l'Union européenne ont également été mises sur écoute à Washington, à Bruxelles et à l'Onu.D'après Der Spiegel, la NSA surveillait aussi les systèmes de communication de l'immeuble Justus Lipsius, qui héberge le Conseil européen à Bruxelles et où les gouvernements de l'UE disposent de bureaux à partir desquels ils peuvent passer des appels téléphoniques sécurisés.Au total, écrit le Guardian, 38 ambassades et missions diplomatiques sont décrites comme des "cibles" par ce document qui "détaille une gamme extraordinaire de méthodes d'espionnage utilisées contre chacune de ces cibles, allant de micros dissimulés dans des équipements électroniques de communication à des branchements sur des câbles ou à la collecte de transmissions au moyen d'antennes spéciales""S'il est avéré que l'on a espionné des représentations diplomatiques de l'UE et des pays européens en particulier, nous dirons franchement qu'il est inacceptable d'écouter des alliés en secret", a assuré Steffen Seibert, porte-parole de la chancelière Angela Merkel. "Nous ne sommes plus à l'époque de la guerre froide", a-t-il ajouté.Le Japon et la Corée du Sud ont également demandé des éclaircissements à Washington.En France, du Front de gauche au Front national en passant par Europe Ecologie-Les Verts (EELV), les appels à accorder l'asile politique à Edward Snowden se multiplient.
Avec Lesley Wroughton à Brunei, Adrian Croft à Bruxelles, Pierre-Henri Allain à Lorient, Alissa de Carbonel à Moscou et Noah Barkin à Berlin, Guy Kerivel, Henri-Pierre André et Jean-Philippe Lefief pour le service français, édité par Gilles Trequesser
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Nn
En Juillet, 2013 (18:07 PM)Golf
En Juillet, 2013 (21:11 PM)Participer à la Discussion