Le gouvernement prépare les Français à une première quinzaine d'avril "difficile" et accélère, dimanche 29 mars, les évacuations sanitaires de malades infectés par le coronavirus, pour soulager les régions les plus touchées par la pandémie.
"Les 15 premiers jours d'avril seront encore plus difficiles que les 15 jours qui viennent de s'écouler", a prévenu samedi le Premier ministre Edouard Philippe.
Le bilan du Covid-19 faisait un nouveau bond en France, avec 319 morts supplémentaires à l'hôpital en 24 heures, portant le bilan à 2 314 décès en France depuis le début de la crise, selon les chiffres publiés samedi par le gouvernement. Sur les 37 575 cas confirmés, 17 620 patients sont hospitalisés - dont 4 273 en réanimation - et 6 624 sont rentrés chez eux.
Un milliard de masques de protection commandés
Le confinement a été prolongé jusqu'au 15 avril pour tenter d'interrompre la propagation du coronavirus, dont les cas lourds déferlent en Ile-de-France et menacent les services hospitaliers de saturation. Sur 1 500 places dans les services de réanimation de la région parisienne, 1 300 lits sont actuellement occupés.
Le gouvernement compte passer à 14 000 lits en réanimation contre 5 000 au début de la crise, et la capacité à tester la population va être amplifiée, jusqu'à atteindre 80 000 tests par jour fin avril.
Face au manque criant de masques, qui a créé la polémique, plus d'un milliard de masques de protection ont été commandés, notamment à la Chine. "Un pont aérien étroit et intensif entre la France et la Chine a été mis en place de manière à faciliter les entrées des masques sur le territoire", a expliqué samedi le ministre de la Santé, Olivier Véran.
Selon les chiffres du gouvernement, la France produit 8 millions de masques par semaine, ce qui rend indispensable l'importation de ces matériels de santé durant la crise sanitaire.Pour protéger nos soignants : j’ai commandé 1 milliard de masques.
— Olivier Véran (@olivierveran) March 28, 2020
Un pont aérien intensif est en place pour les acheminer et les mettre à disposition de celles et ceux qui prennent soin de nous, dans les plus brefs délais. pic.twitter.com/K1JIQS98QV
TGV médicalisés
Pour aider les hôpitaux des régions durement frappées par l'épidémie, les évacuations sanitaires s'accélèrent encore dimanche, dans le cadre de l'opération Résilience lancée par Emmanuel Macron.
"Il faut libérer des lits, il faut absolument donner de l'air au service de réanimation. On est toujours dans une augmentation continue du nombre de patients", s'alarme le chef des urgences du centre hospitalier régional de Metz, François Braun.
Placées sous haute surveillance, les gares de Nancy et de Mulhouse ont accueilli aux premières heures du jour dimanche les premiers des 36 patients en réanimation du Grand Est qui doivent être transférés par deux TGV médicalisés vers la Nouvelle-Aquitaine.
Cette évacuation vers une région encore relativement préservée de l'épidémie de coronavirus, sera la plus importante jamais menée depuis que la "vague" a déferlé sur l'est de la France.
Par ailleurs, 40 malades du coronavirus qui étaient hospitalisés dans les services de réanimation d'hôpitaux de Bourgogne-Franche-Comté sont en cours de transfert vers ceux de trois départements de la région Rhône-Alpes-Auvergne.
Deux malades de Metz ont aussi été évacués samedi par un hélicoptère militaire vers l'Allemagne et une nouvelle rotation vers ce pays d'un hélicoptère militaire, avec deux autres patients, sera "probablement" réalisée dimanche en début d'après-midi, selon François Braun.
"La solution ne peut pas être de multiplier les trains sanitaires à travers le pays qui mobilisent des moyens matériels et humains disproportionnés par rapport au nombre de malades concernés", ont taclé samedi les médecins urgentistes de l'Amuf, lançant "un appel solennel" à la mobilisation de "l'ensemble de l'économie" pour gagner "la guerre sanitaire".
"Augmenter immédiatement le nombre de lits de réanimation"
Le syndicat d'urgentistes considère que "la priorité aujourd'hui est d'augmenter immédiatement le nombre de lits de réanimation en mobilisant l'ensemble des ressources industrielles, logistiques et humaines du pays en mettant à l'arrêt toutes les activités non indispensables".
La situation dans les Ehpad continue à susciter l'inquiétude, puisque les personnes âgées sont parmi les plus à risque, même si le coronavirus peut frapper les jeunes, comme l'a rappelé cette semaine la mort d'une adolescente de 16 ans. Olivier Véran a souhaité aller vers "un isolement" en chambre individuelle de chacun de leurs pensionnaires.
Quatre résidents sont décédés ces cinq derniers jours dans un Ehpad des Vosges dont la moitié des 116 résidents sont considérés comme des "cas suspects" de contamination par le coronavirus, ont annoncé samedi l'ARS et la préfecture.
À propos des traitements, le ministre de la Santé a rappelé que la France et les pays voisins ont "initié un certain nombre d'études cliniques, de protocoles de recherche pratiques sur malades dans les hôpitaux pour tester plusieurs molécules thérapeutiques porteuses d'espoir, notamment l'hydroxychloroquine, mais également des molécules antivirales qui sont connues pour être efficaces dans d'autres types de maladies infectieuses".
Mais, a-t-il fait remarquer, "aucune n'a fait preuve de son efficacité en France et dans le monde. Je le déplore mais c'est là, hélas, un fait".
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